
Les pêcheries et la chasse dans la province de Québec
Gérard Delorme a traité ce sujet à l’École des Hautes Études, le soir 17 février 1941
Monsieur Gérard Delorme a donné le 17 février 1941, soir, à l’École des Hautes Études commerciales, un autre cours sur « Notre Milieu ». M. Délorme a parlé des « pêcheries et de la chasse dans la province de Québec. »
« Les pêcheries commerciales de la province de Québec, dit le conférencier, comptent parmi les plus importantes de l’univers par leur étendue. On serait en droit d’attendre à ce que des pêcheries aussi considérables et aussi richement pourvues, occupent une place importante dans la production générale de la province.
Malheureusement, il n’en est pas ainsi. En 1937, d’après les dernières statistiques complètes fournies par le Bureau Fédéral de la Statistique, nos pêcheries ne nous rapportaient, en valeur nette, que $1,818,548 alors que notre production générale atteignait $759,264,161, ce qui représente 0,24 pour cent de l’ensemble. Nos pêcheries occupaient l’avant dernier rang de nos industries à ce point de vu et ne contribuaient que dans la proportion d’environ 4 pour cent à la production totale de la pêche au Canada.
Pour n’être pas brillante, la situation de nos pêcheries n’est cependant pas désespérée. En dépit de la production plutôt faible, la ressource est là et abondante. Il s’agit de savoir en tirer un meilleur parti qu’on ne l’a fait jusqu’ici. Depuis quelques années, nos gouvernants se sont appliqués à réorganiser notre industrie de la pêche. Les problèmes scientifiques, comme la migration de la morue, la nature des fonds marins et des espèces qui y vivent, la température des eaux à divers niveaux, la direction des courants marins, les conditions de vie du homard, qui seules peuvent servir de base à des réformes sûres, sont présentement étudiés à la Station de Biologie Marine de Grande Rivière qui dirige l’Université Laval de Québec et que subventionne l’administration provinciale. À Grande Rivière également, une station expérimentale de pêche précise, sous le contrôle du gouvernement fédéral, les méthodes de traitement du poisson et étudie les possibilités d’utilisation et de préparation des sous-produits. Le grand problème à résoudre cependant est celui que présente la vente des poissons.
En dépit de la diversité de la faune, la chasse professionnelle ne compte plus guère dans l’économie de la province de Québec. En fait, les revenus de piégeage ne constituent plus que .1 à .35 p.c. de la valeur totale de notre production. En 1938-29, les ventes d’animaux à fourrure capturés en forêt se chiffraient par $1,080,140 pour 350,063 peaux, dont plus du tiers provenaient des diverses espèces de renard : argenté, bleu, blanc, croisé et rouge.
En définitive, malgré le faible écarte qu’il y a entre les valeurs de notre production annuelle de poissons commerciaux et de pelleteries, l’importance de ces deux ressources n’est pas comparable. La première est encore abondante et n’a besoin, pour se développer et occuper une meilleure place dans notre production, que de recherches et d’une solide réorganisation. La chasse au contraire ne peut plus progresser : nos espèces sauvages repoussées de plus en plus vers le nord par la civilisation ne pourront jamais devenir aussi abondantes qu’autrefois. D’ailleurs, au rythme avec lequel se développent les fermes d’élevage, le piégeage n’est appelé à reprendre de son importance. Son seul intérêt sera d’assurer la subsistance des groupements d’Indiens qui habitent nos régions septentrionales. »
Il ne faut pas oublier que la chasse et la pêche sportives, dit M. Delorme, apportent à notre province des revenus importants.
Monsieur L.-A. Richard, sous-ministre de la Chasse et de la Pêche de la province de Québec évalue à $10,000, 000 les sommes totales dépensées tous les ans, par les sportsmen étrangers et résidents, pour la pêche et la chasse.
Il importe donc d’assurer à notre faune la protection que mérite une telle richesse. Il faudrait donner à notre Service de la Pêche et de la Chasse les crédits nécessaires pour augmenter le nombre des gardes, pousser l’effort piscicole et surtout intensifier les campagnes d’éducation. Lorsque nos cultivateur et colons comprendront que leur intérêt même leur commande d’observer les lois et de ne pas détruire de gibier et le poisson, nous aurons fait un grand pas. Souhaitons que les efforts en ce sens des Cercles de Jeunes Naturalistes et des différentes associations sportives portent leurs fruits et que nos gens se pénètrent des raisons, d’ordre à la fois sentimental et économique, qu’ils ont d’épargner les ressources de notre vie sauvage.

Facebook
Twitter
RSS