Passage du Nord-Ouest
De nos jours, l’appellation Passage du Nord-Ouest désigne la route maritime reliant les océans Atlantique et Pacifique aménagée le long du littoral nord du Canada et passant entre les îles arctiques.
Pour l’instant, le passage du Nord-Ouest canadien n’est praticable que pendant une courte période estivale. À l’époque de la voile et des premiers bateaux à vapeur, c’était une route très dangereuse en raison des glaces qui dérivent le long du littoral canadien. Ces dangers existent d’ailleurs toujours et cette route n’est pas sans présenter certains risques pour les bateaux.
L’histoire de la quête du Passage du Nord-Ouest est longue et tumultueuse. Plusieurs explorateurs ont essayé de faire le parcours sans succès, d’autres y ont laissé leur vie. C’est lors de ces recherches qu’ils découvrirent le Saguenay, les Grands Lacs, le lac Champlain, la Baie d’Hudson, ou encore la rivière des Outaouais.
C’est d’ailleurs ainsi que la plupart des cours d’eau au nord du continent américain furent découverts, lors d’expéditions organisées afin de trouver le passage. Jacques Cartier, qui ne doutait de rien, était certain qu’il découvrirait le passage et que les rapides situés devant l’île de Montréal étaient le dernier obstacle avant l’Asie. L’arrondissement montréalais de Lachine porte ce nom car son fondateur, Cavelier de La Salle, est parti de ce territoire vers la Chine, qui selon lui se trouvait juste derrière les Grands Lacs.
Mais le premier navigateur à franchir le passage, entre 1903 et 1906, fut le Norvégien Roald Amundsen.
Le Canada considère que le trajet du passage du Nord-Ouest est situé dans les eaux intérieures du Canada. D’autres pays, dont les États-Unis et la Russie, contestent cette décision. Les États-Unis et un certain nombre d’autres pays pensent qu’il s’agit d’une voie internationale avec libre passage. De son côté, la Russie estime que, comme plusieurs de ces îles arctiques lui appartiennent, le passage du Nord-Ouest traverse son territoire. Les Chinois viennent d’ajouter leur grain de sel en 2008, en envoyant dans l’Arctique des missions scientifiques sur le brise-glace Xuelong (Dragon des neiges).
Depuis 2007, le thème du passage du Nord-Ouest est devenu de plus en plus populaire en raison du réchauffement global et d’une possibilité bien réelle que cette voie de communication puisse être largement exploitée dans un futur très proche, ce qui constitue un important enjeu économique. En effet, le passage du Nord-Ouest, s’il devient praticable tout au long de l’année, raccourcira de 4 000 kilomètres ou plus le trajet maritime entre l’Europe et l’Extrême-Orient. La plupart des vaisseaux qui empruntent aujourd’hui le canal de Suez, emprunteront alors le passage du Nord-Ouest, et les pirates somaliens devront trouver d’autres moyens de subsistance.
Selon les données des ingénieurs maritimes, le trajet entre Rotterdam et Tokyo est long de 23 300 kilomètres en passant par le canal de Panama, de 21 100 kilomètres par le canal de Suez, et seulement de 15 900 kilomètres en empruntant le passage du Nord-Ouest. Aux dépenses pour le combustible, il faut ajouter les coûts des droits de passage et l’attente pour accéder aux canaux. Il faut aussi tenir compte des retombées économiques pour le ravitaillement des bateaux qui font le parcours, et des différents revenus pour toutes les provinces et territoires canadiens qui longent le passage, dont le Québec.
De plus, le mythique passage du Nord-Ouest est devenu un enjeu géostratégique primordial en raison d’une autre caractéristique: la région contiendrait le quart des ressources énergétiques mondiales encore non découvertes.
Voyage du Saint-Roch
C’est au cœur de l’été 1944 qu’un petit navire de la marine canadienne, le patrouilleur de 300 tonnes St-Roch, entreprend un voyage historique: il va traverser le Passage du Nord-Ouest en moins de trois mois.
Le 20 juillet 1944, le St-Roch, commandé par le sergent (titre équivalent à capitaine de vaisseau) Henry Larsen, part du port d’Halifax pour contourner le nord du continent américain en une seule saison, sans s’arrêter pour hiverner en cours de route. Un exploit encore jamais réalisé.
Pendant la traversée, le St. Roch rencontre un épais brouillard, des glaces, une tornade et plusieurs tempêtes, soit tous les phénomènes naturels qui ont empêché la traversée du passage Nord-Ouest dans le passé. Finalement, le 16 octobre 1944, après 86 jours de lutte contre la nature, le navire entre dans le port de Vancouver.
En 1942, le St-Roch avait déjà traversé le Passage du Nord-Ouest dans l’autre sens, de Vancouver vers Halifax, mais il avait dû s’arrêter plus de six mois pendant l’hiver dans les chenaux qui parsèment les côtes du nord de l’Amérique. Cette fois, les marins ont choisi de passer par le détroit de Lancaster, le détroit Barrow et le détroit du Prince de Galles, qui se trouvent plus au nord que les parcours empruntés lors des tentatives précédentes. C’est d’ailleurs la première fois qu’un navire suit cette route.
Le St-Roch, lancé en 1928, était long de 32 mètres. Construit en acier et recouvert de planches de pin Douglas, il avait un seul moteur de 300 chevaux. Il a été utilisé comme camp d’entraînement militaire par la marine canadienne avant la Seconde guerre mondiale, et comme patrouilleur pendant la guerre.
Voir aussi :
- L’Arctique, est-il canadien ?
- Royaume du Saguenay
- Rivière des Outaouais
- Histoire des Outaouais
- Biographie de Jacques Cartier
- Biographie de Cavelier de La Salle
- Biographie de Joseph-Elzéar Bernier
- Arrondissement de Lachine
- Arrondissement de LaSalle
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