Partis politiques et élections

Les partis politiques du Québec et les élections au XIXe siècle

Pour bien comprendre l’histoire parlementaire du Québec, il faut voir comment se sont formés nos partis politiques. Ce qui facilitait la stabilité ministérielle avant 1840 au Québec, lors des grandes luttes constitutionnelles, ce sont la langue, la religion et la race, qui unissaient les hommes politiques à l’intérieur de deux groupes bien distincts.

S’affrontaient le Parti canadien, rassemblant les leaders canadiens-français, et le Parti anglais (les tories) dans lequel les conquérants s’aggloméraient pour conserver le contrôle sur la politique et l’économieé Après l’abject Acte d’union qui enleva eu peuple canadien-français son Parlement en 1849, les politiciens canadiens-français, ayant à leur tête Lafontaine, s’unissent à Baldwin, le chef réformiste ontarion, pour faire la lutte à ceux qui ne veulent pas entendre parler de la responsabilité ministérielle.

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Après l’avoir obtenue, en 1848, les deux chefs abandonnent la politique, et l’effritement commence. Un groupe de Canadiens français disciples de Papineau, s’inspirant de la révolution de 1848 en France, forment l’opposition. Ils fréquentent des extrémistes antipapistes, les Clear Grits, dirigés par George Brown en Ontario.

Leur philosophie politique s’apparente à celle des radicaux français et italiens de l’époque. On les surnomme « les rouges ». Face à ces radicaux, on trouve les éléments plus modérés du Canada-Uni ayant comme chefs Cartier et Macdonald, ceux qui ont acheté et vendu la Confédération. Ils sont jugés plus prudents, plus modérés, plus traditionnalistes. Le peuple prend l’habitude de les appeler « les bleus », par opposition aux rouges radicauxl ils appartiennent au Parti libéral-conservateur.

Les problèmes électoraux

En 1867, la loi électorale accorde au Québec le privilège du double mandat. En effet, un candidat pouvait se faire élire au Parleemnt fédéral et au Parlement provincial. Élu, il siégeait aux deux endroits. Aux premières élections, 19 des 65 députés élus au Québec sont dans cette situation. Le plus bel exemple est celui de George-Étienne Cartier, qui était ministre à Ottawa, intervenait dans le domaine provincial et contrôlait ainsi une partie de l’autonomie de la province.Heureusement, une loi met un terme au double manadt en 1873.

Une autre anomalie importante à cette époque, c’est que le vote se faisait à voux haute : l’électeur devait exprimer son choix devant tout le monde. Cette façon de faire a donné lieu à bien des bagarres et à des règlements de comptes. En 1874, le vote secret sera enfin institué. Cela n’empêchera pas les vols d’élection, les suppositions de personnes, le vote des morts et l’établissement de listes électorales fautives, mais, au moins, l’électeur est protégé dans l’immédiat.

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Pour terminer cette petite incursion dans le domaine des partis politiques et des pratiques électorales de l’époque, on peut ajouter que, compte tenu de l’agitation autour du libéralisme doctrinal, le Parti libéral-conservateur se débarrassa du mot libéral et se fit appeler Parti conservateur. Un peu plus tard, à la suite d’une nouvelle alliance, ce parti accola le mot « progressiste » à « conservateur ». Les rouges, eux, à cause de leur adhésion au libéralisme doctrinal, étaient déjà appelés les « libéraux ». Plusieurs d’entre eux, cependant, ne partagaient pas cette philosophie, et c’est pourquoi ces catholiques opposés aux attitudes des radicaux, sous la férule de Louis-Amable Jetté, fondèrent le Parti national.

Plusieurs conservateurs et libéraux s’y joignirent. Parmi ces nouveaux venus figure Honoré Mercier, ce grand patriote, qui prendra les rênes du Parti national un peu plus tard et accédera au pouvoir à Québec. Ces politiciens souhaitaient la formation d’un parti au service des intérêts canadiens-français. En 1872, le Parti national présentera des candidats aux élections fédérales. Il préconisait la décentralisation des pouvoirs, l’abolition du double mandat, le vote secret et la suppression du Conseil législatif, instrument fédéral implanté au sein même du parlement du Québec.

Partis politiques au Québec

Le Parti national ne résista pas longtemps et, rapidement, on revint à l’ordre ancien. Le Parti national, grâce à l’habilité et au charisme de sir Wilfrid Laurier, son chef, réussit à dissiper tranquillement la méfiance de la population à son égard et devint l’autre grand parti national. Bien sûr, depuis ces temps anciens, plusieurs autres partis, tant au niveau fédéral qu’au niveau provincial, ont vu le jour dans la mouvance idéologique.

(Source : Marcel Tessier raconte, chroniques d’histoire, Éditions de l’homme, 2000. Tome 1).

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