Les familles du nom de Cyr au Québec, leur origine et leur histoire
Les familles Cyr sont originaires de France. L’une a pris racine en Acadie pendant que l’autre naissait dans la région montréalaise. C’est à André Sire qu’il faut attribuer la paternité de la plus ancienne et de la plus importante famille de ce nom. Au printemps de l’année 1668, André Sire s’engage à La Rochelle pour venir travailler en Nouvelle-France. Ce contrat le décrit originaire de Fontenay-le-Comte, en Vendée (Poitou), et précise que l’engagé, dont la date de naissance est inconnue, exerce le métier de couvreur d’ardoises.
C’est sans doute plutôt à titre de « journalier » que le représentant de la Compagnie des Indes Occidentales l’embauche, car les dépôts d’ardoises connus ne livrent, sous Jean Talon, qu’une pierre friable et de mauvaise qualité dont on ne recouvre pas les maisons. Son salaire sera de 70 livres par année.
Ces premières années passées sur le sol canadien restent dans l’ombre. Où l’ancêtre a-t-il débarqué? Qu’a-t-il fait entre 1668 et 1671? Il a peut-être circulé entre Trois-Rivières et Montréal car c’est à mi-chemin entre ces deux principaux postes qu’il choisit de s’établir, en 1671. Le chercheur Claude Perrault le retrouve, cette année-là, propriétaire d’une terre prise dans la seigneurie occupée depuis plusieurs années par Pierre de Saint-Ours à qui elle ne sera concédée officiellement que le 29 octobre 1672. Là, André Sire est entouré de plusieurs colons dont une vingtaine, au moins, avaient fait partie de la compagnie du régiment de Carignan, commandé par monsieur de Saint-Ours. La première terre concédée à André Sire fait face au fleuve Saint-Laurent. Pour raison que l’on ignore, le colon changera deux fois de terre, tout en persistant à ne pas quitter la seigneurie.
En 1675, il profite, de la présence de monseigneur de Laval dans la seigneurie des Jésuites à la Prairie, pour s’y rendre et recevoir le sacrement de confirmation. Ce déplacement est naturel pour les colons privés de services religieux réguliers. Trois ans plus tard le colon est marié. Malheureusement, le contrat de mariage ainsi que l’enregistrement de l’acte n’ont pas été conservés de sorte que, comme tant d’autres, cette date manque.
André Sire a choisi une toute jeune femme, Elisabeth Charbonneau, fille d’Olivier et de Marie-Marguerite Garnier. La jeune femme est née en 1644 et, par ce mariage, elle se prépare, comme sa sœur Anne mariée à Guillaume Labelle, à devenir la source d’une grande famille. En 1680, le 15 février, Sire devient l’un des premiers concessionnaires de l’Île Jésus, en même temps que son beau-frère, Olivier Charbonneau. Leurs terres sont voisines. Les deux familles partagent-elles une maison, le temps d’en construire une autre? C’est peut-être le cas puisque Claude Perrault souligne la présence d’Elisabeth, chez son prêtre au recensement effectué en 1681. En tout, 27 personnes seulement habitent l’île qui a été donnée au Séminaire de Québec par monseigneur de Laval, dans le cadre d’une donation ratifiée à Québec le 28 mai 1681.
Un premier enfant, François, naît, le 5 mars 1681, est baptisé à Repentigny et meurt malheureusement quelques jours plus tard. Il faudra attendre le 19 juin 1682 pour voir naître Jean-Baptiste qui sera suivi, le 4 décembre 1684, par Marie. Trois ans plus tard, la vie des Sire et des Charbonneau est bouleversée. Le 15 janvier 1687, le petit Jean-Baptiste meurt. Il sera inhumé à Lachenaie. Quelques mois plus tard, le 22 mars, Joseph vient au monde. Il sera l’un des piliers de la famille Cyr. À l’automne de la même année, la mort frappe encore. Elle touche, cette fois, Olivier Charbonneau, qui sera inhumé à la Pointe-aux-Trembles, le 21 novembre.
L’année suivante, le hasard favorise André Sire qui découvre un trésor dans la cave de sa maison de l’est de l’Île Jésus. Le colon y recueille quatre livres de minerai d’argent qui est transporté à Québec. Fondu, le métal se révèle être de bonne qualité « avec peu de déchet ». L’abbé Pierre Volant de Saint-Claude, qui exerce son ministère à Repentigny, sert d’intermédiaire entre Sire et les autorités de la colonie. On lui promet une récompense « s’il trouve la souche de la mine ».
Malheureusement pour le pionnier et pour la fortune qu’il escomptait peut-être, l’année 1889 allait renverser tous les espoirs. Partout, dans la région montréalaise, on craint les représailles iroquoises. Au cours de la première semaine du mois d’août, la menace se réalise à Lachine, et le 13, les Iroquois frappent les colons de l’Île Jésus et ceux de Lachenaie. Décrivant l’événement au ministre Colbert, Frontenac écrivait : « … ils y avaient presque brûlé toutes les habitations jusque auprès des forts, pris, saccagé et tué tous les habitants. » Tous ne sont pas morts, bien sûr, mais André Sire est l’une des premières victimes. Tué le 22 août 1689, il est enterré le jour même.
Le 24 avril, Elisabeth Charbonneau avait donné naissance à Michel. Elle restait donc veuve avec trois enfants. Le 12 juin 1690, elle épousait Joseph Barbeau dit Poitevin. « Toutefois pour célébrer ce mariage, écrit Claude Perrault, il a fallu une dispense à cause d’une parenté spirituelle entre les époux, puisque Joseph Barbeau avait été le parrain de Joseph Sire.
La famille d’André Sire dont le patronyme s’est écrit Cire, le Cire et Sirre, est maintenant connue sous le nom de Cyr et elle s’est répandue grâce à Michel et à Joseph. La plupart du temps, une famille s’éteint lorsque disparaît son chef. Pourtant, Elisabeth Charbonneau a donné naissance à huit autres enfants, des Barbeau, qui ont bien, pour la moitié, le même sang que les Cyr.
(Source : Racines du Québec).
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