Histoire du Québec

Migration vers les États-Unis

Migration vers les États-Unis

Migration vers les États-Unis

L’exode des francophones

L’émigration d’un million de Canadiens français vers les États-Unis au cours du XIXe siècle illustre le déséquilibre entre le Canada, où les institutions sociales étaient plutôt conservatrices et la situation économique difficile, et son voisin du sud. L’infrastructure politique et sociale canadienne n’était pas capable d’enrayer ce problème.

Exclus de l’empire commercial passé aux mains des anglophones, au milieu du XIXe siècle, les Canadiens français n’eurent d’autre choix que de se replier sur les bords du Saint-Laurent et de se consacrer à l’agriculture, seul débouché pour la main-d’œuvre francophone. L’ennui, c’est que les possibilités d’expansion de l’agriculture avaient commencé à être limitées à partir de 1830, par suite de l’accroissement démographique au pays.

Parmi les raisons qui ont poussé les Canadiens français à émigrer, on peut éventuellement considérer l’introduction d’un nouveau mode de vie «à l’anglaise», suite à l’arrivée de nombreux immigrants venus de Grande-Bretagne.

Néanmoins, c’est la situation démographique (le nombre des Canadiens français est passée de 140 mille en 1791, à un million en 1871), qui est à l’origine de cette émigration. Cette croissance de la population a créé une surcharge par rapport aux terres cultivées, et le problème ne pouvait être résolu par les structures existantes. Ainsi, ce sont avant tout des raisons économiques qui ont obligé les Québécois à quitter le pays.

Vers le milieu du XIXe siècle, toutes les terres arables au Québec étaient occupées et labourées jusqu’à la frontière américaine. À la même époque, plusieurs filatures de coton s’ouvrent en Nouvelle-Angleterre, provoquant ainsi le premier exode massif des Québécois vers les États-Unis.

D’une part, le surpeuplement des terres interdisait dorénavant l’expansion de l’agriculture; d’autre part, les nouvelles industries de la Nouvelle-Angleterre constituaient un débouché commode pour l’accroissement de la population et c’est la révolution industrielle qui aide à cet exode.

Bien que déjà minoritaires au pays, les francophones se mirent à émigrer vers les villes manufacturières des États-Unis, et ce, malgré les interdits du clergé qui considérait ces villes comme des «lieux de perdition», c’est-à-dire d’assimilation au monde anglo-saxon.

Les Canadiens français étaient bien vus par leurs employeurs, ayant la réputation d’être «durs à la tâche et faciles à conduire». Même les travailleurs inexpérimentés trouvaient du travail dans les filatures. Après la Guerre civile, la demande d’ouvriers Canadiens augmente en raison de ces même qualités: bons travailleurs et beaucoup moins susceptibles de faire la grève que les immigrants irlandais, par exemple.

Les médias au Québec font de la publicité sur les conditions de travail aux États-Unis. Des agents de recrutement s’occupent de tous les détails et des différentes formalités sans aucun frais. Les prix des billets de train pour les immigrants sont réduits, et on aide les nouveaux arrivants aux États-Unis à trouver un logement. De plus, les succès des Canadiens français sont publiés un peu partout, et ils sont confirmés par le témoignage de nombreux travailleurs qui viennent passer leurs vacances au Québec, et qui deviennent ainsi les promoteurs les plus efficaces de l’émigration.

Il semble que plus d’un demi-million de Québécois se sont établis dans les villes américaines où se trouvaient des filatures de coton. Selon l’avis d’autres historiens, au total, sur une période de près de cent ans, plus de 900 000 Canadiens français ou plus quittèrent le Québec pour tenter leur chance aux États-Unis. Ils sont présents en grand nombre dans l’État du Maine, au Vermont, au Massachusetts, dans le New Hampshire, le Rhode Island ou au Connecticut. D’autres se rendent vers le Michigan et le Minnesota ou encore plus à l’Ouest, vers l’Oregon, l’Idaho et l’État de Washington.

Plusieurs prêtres se joignent aux immigrants et des paroisses catholiques francophones sont formées. Ces prêtres agissent comme conseillers spirituels et arbitres dans toutes sortes de conflits. Les églises deviennent des centres de la vie sociale et des écoles paroissiales francophones sont ouvertes.

Parmi les centaines de milliers de Québécois ayant émigré aux États-Unis, plusieurs se sont installés dans la région des Grands Lacs, notamment dans le Haut Michigan, fondant les villes de Marquette, Escanaba, Manistique, Calumet et L’Anse. Ainsi, l’annuaire téléphonique de la ville d’Escanaba consacre plus de trois pages au patronyme Papineau.

Les ravages de l’émigration francophone furent particulièrement considérables dans la seconde moitié du XIXe siècle et jusqu’en 1930, au moment où le gouvernement américain se décida à fermer la frontière entre le Canada et les États-Unis à la suite de la crise économique de 1929.

En résumant, on peut dire que le Québec, une province à faible population, venait d’assister impuissant à une véritable saignée: durant un siècle, soit entre 1840 et 1930, il a vu passer outre frontière de 5 % à 10 % de sa population, chaque année. On n’a pas fini d’évaluer les répercussions de cette perte démographique, qui a privé le Québec d’une fraction très importante de sa population active.

Selon les estimations démographiques, le Québec aurait aujourd’hui une population francophone de 12 à 14 millions d’habitants. On devine qu’un tel poids démographique au sein de la fédération canadienne actuelle modifierait sensiblement les rapports de force entre anglophones et francophones, tout en donnant une image différente du Canada.

Ce n’est qu’à la fin des années 1920 que l’émigration diminue suite à la Grande Dépression qui commence en novembre 1929. Cette crise économique oblige le gouvernement américain à instaurer des lois sévères contre l’immigration, ce qui freine singulièrement l’exode des Québécois vers le sud.

Au total, pas moins d’un million de Québécois ont quitté ainsi leur patrie, un nombre faramineux. D’abord, c’était un véritable ghetto de francophones crée en Nouvelle-Angleterre. Mais après quelques générations, ces francophones ont été absorbés par le melting pot américain.

Si les Canadiens français ont pu conserver pendant quelque temps leur langue, l’accélération de l’industrialisation et de l’urbanisation finit par entraîner l’assimilation chez la plupart d’entre eux.

Un phénomène d’émigration semblable toucha aussi les provinces anglaises. C’est pourquoi la croissance démographique du Canada fut relativement modeste au cours de cette période, puisque le pays a attiré près d’un million et demi de nouveaux arrivants qu’il a perdus au profit de son voisin du Sud.

Notons en passant que la majorité des émigrants canadiens de langue anglaise choisirent des emplois agricoles aux États-Unis, tandis que les Canadiens de langue française préférèrent les emplois manufacturiers de la Nouvelle-Angleterre.

Quels ont été les effets positifs de cette émigration massive des Québécois vers les États-Unis? Selon certains analystes, cette émigration a favorisé l’ouverture du Québec moderne sur le monde. Telle est l’opinion de François Paré, directeur du Département d’études françaises de l’Université de Waterloo, en Ontario. Selon lui «le Québec a été façonné positivement et négativement par l’émigration massive de ses citoyens durant le siècle qui a précédé la Révolution tranquille de 1960». La société québécoise, selon M. Paré, serait à l’origine plus conservatrice, moins ouverte sur le monde et en particulier sur l’Amérique que le reste du Canada (nous nous référons à son ouvrage La distance habitée, un essai sur la migration).

empress lily

Réplique de l’Empress Lily, un paquebot du XIXe siècle qui transporta des milliers de voyageurs et immigrants. Carte postale des années 1970, image libre de droit

8 Comments

  1. benali omar dit :

    je suis un jeunne d’origine marocain bachelier de puis 2006 en sciences experimentales je suis mantenant etudiant a la faculte des sciences economiques d’agadir, mon reve comment emegre vers canada pour travailer,mais je ne sait pas comment.

  2. mejdi dit :

    je veux travailer au etas-Unis

  3. Arthur dit :

    En quoi le terroir constituait une principale cause de l’exode vers les États-Unis et pourquoi on croit souvent cette idéologie est responsable de la survie de la langue française en Amérique ?

  4. aghioul dit :

    je voudrais savoir si je peux faire émigrer mon village321 personnes femmes enfants au QUEBEC
    MERCI

  5. lerebour dit :

    j ais des ancêtres venus de France vers les USA dont 1 a été naturalisé à NY (19e siècle) dont descendance en Caroline, je crois.
    1 ancêtre immigré et naturalisé a NY, descendance Caroline, je crois.

    Pouvez vous m’aider ?

    1 ancetre immigr? et naturalis? a NY
    descendance Caroline, je crois
    Pouvez vous m’ aider ?

    p

  6. Juliette dit :

    Cher lerebour,

    Il s’agit que tu fasses ta demande d’immigration en mentionnant le nom de ton ancetre a la question demandee dans l’application.
    Bonne chance.

  7. Free Games Download dit :

    Les Etats-Unis ont cela d’original qu’ils ont ete fondes par des immigrants. Les premiers colons furent anglais, espagnols, francais et neerlandais. La majorite d’entre eux etaient des anglais qui arriverent a partir du

  8. AI dit :

    Pas gagné de poursuivre l’attractivité des US avec Trump aux manettes

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