Les « médiocres » en Nouvelle-France
L’historien Pierre Goubert explique que le terme « Médiocres » au sens étymologique, désigne «le peuple moyen». Vers le milieu du XVIIIe siècle, on appelait ainsi les gens qui n’appartenaient pas à l’élite, ni à la classe des marchands, ni aux classes les plus pauvres.
Ces gens possédaient peu de biens, même s’ils jouissaient d’une certaine indépendance économique.
Des exemples ont été répertoriés qui prouvent que ces gens détenaient des biens d’une valeur équivalant à 100-200 livres et contractaient des dettes d’un montant de 50 à 100 livres.
Ils pouvaient avoir des biens meubles consistant en un lit, des draps, des couvertures, des fauteuils, des chaises, des tables, un certain nombre d’ustensiles et d’assiettes, etc.
En général, il s’agissait de gens de métier (ou artisans), de domestiques ou de soldats.
Les gens de métier se marient souvent entre eux. Les apprentis sont la plupart du temps les fils ou les neveux de la famille. Ils logent chez leur maître et mangent à sa table.
Les usages veulent que le patron et sa femme traitent l’apprenti comme leur propre enfant (ce qui est parfois le cas). Ils le protègent et contrôlent sa conduite. L’apprenti peut être puni, mais sans exagération (en théorie…).
En retour, il doit obéir à son maître et le servir fidèlement. Sa dépendance à l’égard de son patron est absolue.
Les domestiques, quant à eux, sont aussi appelés « engagés ». Tout comme l’apprenti, le domestique dépend du maître d’une façon absolue. La seule différence est que la tâche du domestique n’est pas définie. Il sert son maître selon ses volontés.
Les domestiques peuvent avoir un salaire. Il y a aussi des domestiques «à récompense», qui reçoivent une récompense à la fin de l’engagement.
Les domestiques de carrière sont rares et chers. Un bon domestique peut recevoir jusqu’à 100 livres par an en plus du logement, de la nourriture, de l’habillement et de l’entretien. Ce sont surtout des célibataires, des veufs ou des veuves qui s’engagent pour une durée de deux ans ou moins.
Les domestiques «à récompense» sont embauchés plus fréquemment. Ce sont souvent des enfants de familles nombreuses. On estime qu’au Québec, au XVIIIe siècle, plus des trois quarts des employés domestiques sont « à récompense ».
Parmi ces domestiques, il y a aussi des enfants illégitimes, des orphelins et des enfants abandonnés que l’État a placé chez des particuliers. Ils demeurent au service de leur maître jusqu’à l’âge de 18 à 25 ans, ou encore jusqu’à leur mariage dans le cas des filles. Il ne reçoivent aucun salaire. Plusieurs contrats stipulent qu’à la fin de l’engagement, le maître doit les habiller « tout de neuf » et « des pieds à la tête ».
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