Massacre de Lachenaie

Massacre de Lachenaie, un épisode sanglant des guerres franco-iroquoises

Le massacre de Lachenaie, survenu le 13 novembre 1689, constitue l’un des épisodes les plus sanglants des guerres franco-iroquoises (1684-1701). Cet événement très triste s’inscrit dans le contexte plus large de la première guerre intercoloniale. Cette guerre oppose en fait les forces françaises et anglaises ainsi que leurs alliés autochtones.

Située sur la rive nord de Montréal, la localité de Lachenaie servait de poste stratégique à la frontière de la zone habitée de la Nouvelle-France. En 1684, les autorités de la colonie fortifient ici les principales habitations du domaine seigneurial.

Après le massacre de Lachine, survenu le 5 août 1689, où les Iroquois massacrèrent pas moins de deux cents habitants, dont des familles entières, les tensions exacerbent. Les Iroquois, alliés aux Anglais, intensifièrent leurs raids pour affaiblir les établissements français.

Déroulement de l’attaque

Selon les témoignages, environ 150 guerriers iroquois profitèrent d’une nuit de tempête de neige pour surprendre les habitants endormis. Les attaquants incendièrent les habitations et tuèrent une partie de la population. Ils capturèrent de plus des dizaines d’autres. Une lettre du gouverneur Frontenac rapporte que seuls deux habitants auraient survécu. Pourtabt des recherches ultérieures estiment les victimes à 30 personnes (un tiers de la population locale).

Des récits évoquent des adoptions d’enfants par des familles iroquoises et des exécutions ultérieures de prisonniers.

Parmi les survivants, on compte une veuve, Marguerite Forget, et François Le Masson. Ils résistèrent à l’aide de fusils depuis leur maison avant de fuir en canot vers le fort Rémy.

Les motivations des Iroquois lors du massacre de Lachenaie

Les motivations des attaquants s’inscrivent dans un contexte de rivalités géopolitiques et économiques entre puissances coloniales et alliances autochtones :

Concurrence pour le contrôle des ressources : Les Iroquois, alliés aux Anglais et Hollandais, cherchaient à affaiblir la Nouvelle-France pour contrôler le lucratif commerce des fourrures, notamment des peaux de castor. Cette rivalité économique opposait directement leurs alliés européens aux Français, soutenus par les Hurons et Algonquins.

Représailles et escalade des conflits :  Le massacre survient après celui de Lachine, où les Iroquois avaient déjà infligé de lourdes pertes aux colons. Les actions militaires françaises antérieures, comme les expéditions punitives du gouverneur Denonville (envoi de prisonniers iroquois en France en 1687), avaient exacerbé les tensions.

Stratégie de terreur : L’attaque nocturne lors d’une tempête de neige visait à semer la panique et à déstabiliser les établissements frontaliers français. Les Iroquois détruisirent systématiquement habitations et récoltes, forçant les survivants à se réfugier dans le fort. Cette tactique répondait aussi à la politique de scalping pratiquée par les deux camps, Frontenac offrant des primes pour les scalps ennemis.

Appuis extérieurs : La présence d’armes anglaises parmi les Iroquois lors de ces raids suggère un soutien matériel des colonies britanniques, dans le cadre de la première guerre intercoloniale. Les Français percevaient d’ailleurs ces attaques comme une extension du conflit les opposant à l’Angleterre.

Bref, ces motivations s’articulaient autour d’un objectif stratégique : fragiliser la présence française en attaquant ses avant-postes vulnérables comme Lachenaie, tout en consolidant les alliances avec les puissances rivales européennes

Conséquences du massacre

Lachenaie subit d’autres attaques le 2 juillet 1690, en mai 1691 et en juillet 1692, entraînant l’abandon des terres et un déclin démographique marqué. En 1692, il ne restait que 4 maisons et 32 habitants réfugiés dans le fort Rémy. Ces événements accentuèrent la nécessité pour les Français de renforcer leurs défenses et de mener des contre-attaques, notamment sous l’impulsion de Frontenac, qui offrait des primes pour les scalps ennemis.

En bref, Lachenaie fut la localité la plus éprouvée de cette guerre. Le fort Rémy se situait en bordure de la rivière des Prairies, face à la pointe de l’île Jésus. Plus précisement, le fort se trouvait au point où se rencontre les rivières des Mille-Îles et des Prairies. Aujourd’hui, le site du fort de Lachenaie conserve les traces de cette période troublée.

Notons finalement que bien que moins documenté que le massacre de Lachine, cet épisode illustre la vulnérabilité des colonies françaises face aux guerres de territoire et aux alliances autochtones.

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