L’opposition libérale à l’attaque

L’opposition libérale s’attaque à Québec

Dans un discours de deux heures, M. T.-D. Bouchard montre que toute la politique du gouvernement d’Union Nationale est entachée non seulement d’autocratie et d’hypocrisie, mais aussi de scandale. — Routes droites et routes croches.— M. Duplessis se défile au sujet de l’expulsion de M. Leduc, qui reste inexpliquée.

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L’ancien ministre de la Voirie parlera mardi prochain après-midi. — Le premier ministre nie impudemment que le député de St-Hyacinthe ait fait une déclaration qu’il vient de faire

L’opposition libérale : Québec, 26 janvier 1939. — À la séance de la Chambre, cet après-midi, le premier ministre, l’hon. Maurice Duplessis, et le chef de l’opposition, l’hon. T.-D. Bouchard, ont parlé longuement sur l’adresse en réponse au discours du Trône. Dans un substantiel discours qui dura environ deux heures, le chef de l’opposition, avec toute l’éloquence qu’on lui connaît, a fait le procès de l’administration Duplessis.

Il a fustigé le cabinet qu’il a accusé de fautes impardonnables de politique générale, d’hypocrisie et de scandale. Le cas de M. Leduc, l’ancien ministre de la Voirie, fut discuté à fond par M. Bouchard. C’est M. Leduc qui a demandé l’ajournement. Il sera donc le prochain orateur mardi.

« Le premier ministre”, a dit M. Bouchard, « a lâché son meilleur ministre de la Voirie depuis la Confédération, et il ne nous a pas encore fait savoir réellement pourquoi. Le premier ministre a laissé entendre qu’il y avait de graves abus et que c’était pour cela qu’il avait sévi. Le député de Laval a rétorqué qu’il ne craignait rien et que le premier ministre ne pourrait jamais établir le bien-fondé des insinuations qu’il faisait sur son compte. Qui a raison, qui a tort ? Nous le saurons sans doute bientôt, car nous sommes arrivés au moment critique ».

L’opposition libérale à l’attaque

Effectivement, M. Bouchard ayant tout le temps parlé au nom du « devoir de l’Opposition de faire connaître certains renseignements que le gouvernement peut avoir omis de communiquer aux administrés », M. Duplessis réplique.

Son attitude à l’égard de son ancien ministre de la Voirie, il l’a réduite, cet après-midi, à une question d’incompatibilité entre deux théories de construction routière.

« M. Leduc, » explique-t-il, « voulait des routes droites, pour faire la vitesse. Nous, nous voulons des routes qui passent par les villages ». Le chef du gouvernement se vante plus loin d’’être à la tète d’une administration qui a supprimé les passages à niveau sur la route Montréal-Québec, mais ne s’embarrasse pas d’ajouter que si la nouvelle route Montréal-Québec évite de croiser le chemin de fer en une dizaine d’endroits périlleux, c’est précisément parce que M. Leduc l’a construite parallèle au rail, en évitant les villages.

Pourquoi le gouvernement a démissionné

Il ne fut pas question de ces “abus” qui furent le premier motif annoncé officiellement par M. Duplessis lorsqu’il pria ses collègues de démissionner avec lui pour « sortir M. Leduc ».

« Nous avions démissionné parce que M. Leduc ne voulait pas partir, c’est tout », dit-il cet après-midi.

M. Leduc a ajourné le débat vers 6 h. 30 ce soir, lorsque la Chambre décida de se donner un autre congé jusqu’au 31 janvier.

Pour l’Université

Dans son discours, M. Duplessis a aussi annoncé que des mesures extraordinaires seraient prises dès cette session par le gouvernement pour renflouer l’Université de Montréal.

Il s’agirait de consacrer une somme de trois à quatre millions, plus quelques centaines de milliers de dollars par année pour tirer cette grande institution de l’état de gêne dans lequel elle vit depuis de nombreuses années.

La conspiration Hepbnrn-Duplessis contre l’opposition libérale

Les deux chefs se sont escrimés une bonne partie de l’après-midi sur des questions fédérales. M. Bouchard a remis en lumière des faits qui montrent l’existence d’une conspiration Hepburn-Duplessis contre l’administration centrale. M. Duplessis, en réfutant cette accusation, s’est élevé à de nouvelles hauteurs électorales, parlant autonomie et constitution avec des sanglots dans la gorge.

C’est encore l’orateur qui l’emporte sur tous les autres pour tirer d’une cérémonie religieuse un succès personnel de mystification et de fumisterie. Quand on l’observe, on constate qu’il s’amuse beaucoup de son indignation feinte.

M. l’Orateur, au nom de ce côté-ci de la Chambre, je veux offrir au début mes meilleurs voeux à mon collègue le ministre du Travail, à l’occasion du 25e anniversaire de son mariage.

Le chef de l’Opposition a parlé durant deux heures et quart au sujet d’un discours du Trône qui à son dire ne disait rien. Si le discours du Trône eut dit quelque chose, il faut penser qu’on aurait été ici trois semaines à l’entendre.

Le chef de l’Opposition a fait nombre de remarques, il a voyagé partout, il est allé jusqu’en Turquie. Mais il a oublié une chose, M. le président, c’est ce que contenait le discours du Trône. Le chef de l’Opposition a parlé longtemps sur le discours du Trône. Il parlait dans une législature catholique, et il a oublié de faire mention de ce qui figure au commence du discours du Trône sur la congrès eucharistique, le grand événement de l’été dernier ou tout un peuple a manifesté sa foi. C’est bien lui. »

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