Les Pauvres en Nouvelle-France

Les pauvres en Nouvelle-France

En Nouvelle-France, la situation des travailleurs des villes, les journaliers, est assez difficile. Les autorités de la colonie en sont conscientes et elles reconnaissent que, s’il est vrai que les salaires des ouvriers sont assez élevés, il est nécessaire de considérer que les journaliers ne peuvent travailler que cinq mois de l’année à cause de l’hiver. En conséquence, il est très difficile pour eux de gagner de quoi subsister pendant les sept autres mois.

Certes, lors d’une journée ordinaire, un homme peut gagner de 30 à 40 sols par jour. Cependant ces sommes ne valent que pour des contrats de courte durée. Lorsqu’un maître engage des travailleurs pour la saison, il leur verse des gages mensuels. Le salaire mensuel dans ce cas varie entre douze et quinze livres. En achetant du pain chez le boulanger, le journalier dépensera quatre sols par jour, soit un minimum de 50 livres pour nourrir une seule personne pendant les mois d’inactivité.

Pour le loyer d’une chambre avec cheminée, on dépensera entre 50 et 70 livres par année. On constate qu’il ne reste pas grand-chose pour subsister sans avoir recours à des moyens peu honnêtes.

Il est vrai cependant qu’en bâtissant sa propre cabane dans les faubourgs, l’ouvrier économisera le prix du loyer. Mais s’il a une famille à charge, le voilà réduit à la mendicité.

Pour les femmes, la situation n’est pas meilleure. Les travailleuses occupent des emplois de servante, de couturière, de blanchisseuse. Elles sont vendeuses ambulantes, aide-cabaretières ou aubergistes.

Dans les familles des «médiocres», les femmes jouent un rôle important sur le plan économique, et elles aident le mari à joindre les deux bouts.

Mais, pour certains, l’état de pauvreté est permanent.

Ce sont surtout les femmes qui doivent vivre plus ou moins à la charge de la paroisse et des communautés religieuses. À la fin du XVIIe siècle, elles constituent les deux tiers des démunis secourus par le Bureau des pauvres de Montréal. La plus grande partie sont des veuves qui ont été laissées sans ressource à la mort de leur mari.

De plus, ce dernier aura sûrement laissé des dettes, et il faut alors payer un notaire pour faire l’inventaire des biens du défunt mari.

Les possessions typiques se résument à une vache, une jument, deux ou trois moutons et un ou deux taureaux, un vieux poêle, un peu de vaisselle d’étain, un paire de vieux coffres, des tables et des chaises. Par contre, le total des dettes du mari équivaut souvent à trois ou quatre fois la valeur des avoirs.

De plus, il y a aussi des épouses abandonnées ou délaissées, dont les maris sont retournés en France ou sont partis, depuis des années, pour faire la traite des fourrures. Plusieurs de ces femmes n’ont pas d’autre choix pour survivre que de se livrer au vol ou à la prostitution (ces dernières sont appelées toupies, femmes légères ou femmes peu vertueuses).

Pour contrer cette criminalité, les communautés urbaines portent secours à leurs pauvres. Les procès-verbaux des délibérations des Bureaux des pauvres de Québec et de Montréal attestent que ces deux villes s’acquittent de cette obligation en donnant aux veuves des marchandises ou même un peu d’argent. Mais ce sont plutôt les congrégations religieuses qui sont censées aider les pauvres.

paysans du xviii siècle
Un groupe de paysannes du XVIIIe siècle. Photo : © S. Keln.

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