Le train royal de douze voitures
Minutieux préparatifs pour la visite des Souverains: Le voyage d’essai du superbe convoi bleu et argent s’est effectué avec succès
Le train royal de douze voitures qui transportera nos Souverains à travers le Canada vaut environ $1,250,000. M W.-A. Newman, ingénieur mécanicien en chef du C.P.R., qui avec 75 experts et un groupe de journalistes, a fait le voyage d’essai du train royal, des usines Angus à Smith Falls, avant-hier soir, nous donnait cette évaluation approximative.
Les wagons spéciaux du gouverneur général, de premier ministre et des dirigeants de nos chemins de fer coûtent en moyenne $70,000 chacun. Les deux wagons spéciaux du gouverneur général doivent s’élever à #110, 000 chacun. En ajoutant les deux wagons à bagage de $40,000 chacun et la locomotive du type 2800 du C.P.R. Qui coûte $145,000, on arrive à un bon million comme prix de ce train, sans tenir compte de l’amélioration et des rafinements nécessaires pour préparer ce train pour les Souverains. M. Newman, en chiffres ronds, évalua le coût de ces préparatifs à $6,000 mais lorsqu’il faut installer les appareils de climatisation sur un wagon qui ne les possédaient pas lors de sa construction, on peut facilement doubler le coût. Tous les wagons du train royal ont été climatisés. On a de plus installé un générateur indépendant de 75 kilowatts dans le wagon #12, en tête du train, pour fournir l’électricité sur ce convoi qui marchera souvent à vitesse réduite et restera arrêté pendant de longues périodes. L’électricité fournie par les générateurs particuliers de chaque wagon ne serait pas suffisante pour rencontrer la consommation qui se fera à bord du convoi royal.
Plus de 75 experts des C.P.R. Ont assisté à cette randonnée d’essai entre les usines Angus et Smith Falls et retour. Ils ont examiné minutieusement tous les détails de ce superbe matériel roulant dont six voitures ont été fournies par le C.P.R. Et six par le C.N.R. Électricité, chauffage, pression de l’eau, pression hydraulique, plomberie, fonctionnement de la locomotive, qualités de roulement, sonorité, climatisation, freins, etc. tout a été minutieusement surveillé, en marche et aux différents arrêts.
Pour ce qui est des journalistes qui sans être des experts en mécanique, peuvent se prononcer sur le confort, ils ont été enchantés. Le bruit et la vibration ont été réduits à leurs plus stricte minimum et, toutes les fenêtres étant scellées, il n’y a aucune trace de poussière. À un certain moment, le train a atteint près de 75 mille à l’heure et, comme il faisait nuit au dehors, il fallait vérifier sur le spidomètre installé dans un des wagons pour réaliser que nous allions à cette vitesse.
Les récepteurs de radio qu’on trouve dans la plupart des wagons furent vérifiés par des experts du ministère du Transport et le système téléphonique interwagons qui sera relié aux fils extérieurs lors des arrêts, fut mis à l’épreuve, à Smith Falls, par des exper4ts de la Bell Telephone. Plusieurs journalistes eurent l’occasion de téléphoner à leurs journaux directement du train.
Monsieur Newman nous fit remarquer qu’il était impossible d’apprécier tous les préparatifs auxquels donnent lieu le passage de ce seul train. À certains endroits, il a fallu construire deux mille de lignes téléphoniques pour réaliser l’embranchement nécessaire. Toutes les voies, aiguillages, sémaphores, etc. sur le parcours entier du train royal ont été vérifiés et remis à point. De plus, un train-pilote où voyageront les représentants de la presse, précédera le convoi royal.
Celui-ci transportera environ cent personnes, cinquante voyageurs et cinquante hommes du personnel : conducteurs, serre-freins, stewards, garçons de table, barbiers, domestiques et autres. Le convoi royal pèse en tout 1,300 tonnes. Mais la puissante locomotive 2850 peut tirer jusqu’à 19 des lourds wagons dont le train royal en compte douze. La vitesse moyenne qu’on maintiendra lors du voyage royal même ira de 33 à 45 mille à l’heure.
Le trajet Montréal-Smith Falls est celui dont se sert habituellement le C.P.R. Pour es essais de matériel roulant. Cette voie double est plus facilement libérable et il y a à Smith Falls, ce qu’on appelle en termes ferroviaires, un Y, voie qui permet à un convoi de faire volte-face et de revenir sur son chemin sans changer l’ordre des voitures. Le train quitta les usines Angus vers 9 h 05 p.m., traversa la ville sous les regards d’un grand nombre de badauds et arriva à Smith Falls, vers une heure Une foule de plus de mille personnes s’était massée sur le quai de la gare. Au retour, on servit un souper dans le wagon-restaurant. Le train arriva à Montréal vers les six heures. En descendant, les passagers étaient bien convaincus que ce superbe convoi bleu royal, agent et or, était non seulement un beau mais un bon train.
(10 mai 1939, article paru dans Le Canada).
À compléter la lecture :
