
Le Québec aura son parti révolutionnaire – C’est ce que promet Mme Andrée Ferretti, le 14 décembre 1968
Un nouveau parti politique naîtra très bientôt au Québec, probablement dans les premiers mois de l’année 1969. Ce parti sera d’abord révolutionnaire et visera essentiellement à la libération politique et économique des Canadiens français. C’est ce qu’a révélé hier soir Mme Andrée Ferretti, ancienne vice-présidente du RIN et fondatrice du Front de libération populaire (FLP), mouvement qui constitue actuellement la forme embryonnaire de ce futur parti politique.
Mme Ferretti a précisé que le FLP tiendrait un précongrès de fondation le 18 janvier prochain et que le mouvement deviendrait parti politique dans les mois qui suivront. On se souvient que le FLP a été fondé en mai dernier, peu après que Mme Ferretti eût quitté les rangs du RIN.
Faible adhésion
Le FLP compte actuellement très peu de membres, tout au plus 950 dont la majorité se recrutent dans la région montréalaise. La base de ce parti se retrouve dans certaines usines montréalaises et de la région de l’Estrie, au niveau de petites cellules d’ouvriers.
Mme Ferretti a expliqué que le travail de ces cellules est semi-clandestin et qu’il se situe surtout dans la distribution de tracts et pamphlets à essence révolutionnaire. Mais le travail du FLP ne s’arrête pas là, continue-t-elle.
«Nous publions un journal, nous organisons des assemblées, nous faisons du piquetage avec les grévistes, etc.»… Selon elle, ce mouvement politique poursuit présentement deux objectifs parallèles: d’une part la politisation des masses québécoises et principalement des travailleurs et d’autre part, la structuration d’une organisation politique cohérente et efficace.
Manifestation du FLP devant les usines de la compagnie Lord
Le Front de libération populaire (FLP) organise actuellement une manifestation qui se tiendra mardi devant les usines de la compagnie Lord, dans l’est de la métropole.
La fondatrice de ce mouvement, Mme Andrée Ferretti, a expliqué que cette manifestation avait pour but d’appuyer les employés de cette compagnie, qui sont en grève depuis déjà quatre mois dans le but de faire connaître leur nouveau syndicat. Ces ouvriers ont en effet adhéré officiellement au Syndicat des métallos en janvier dernier et demandent que cette accréditation soit reconnue par leur patron. Ils étaient auparavant affiliés à la Fédération canadienne des associations indépendantes.
Selon Mme Ferretti, cette fédération constitue un syndicat «pour les patrons» et c’est pour cette raison que les employés de la compagnie Lord l’ont quitté.
Pour ou contre la violence
L’ancienne vice présidente du RIN a d’autre part déclaré que le FLP n’avait rien à voir avec la vague de bombes que connaît actuellement la métropole.
«Nous désapprouvons cela, a-t-elle dit parce que la violence est actuellement inefficace, qu’elle ne sert qu’à provoquer la répression». Elle n’exclue toutefois pas que la violence devienne utile pour renverser l’ordre établi. Mais ce renversement ne sera possible, selon elle, que lorsque le Québec aura atteint sa phase prérévolutionnaire, quand les travailleurs seront unifiés et politisés.
Mme Ferretti s’est d’autre part défendue d’avoir des relations avec la FTQ et la CEQ, tel que l’en avait accusé le président de la Fédération canadienne des associations indépendantes, M. Lucien Tremblay.
Quant à la manifestation de mardi, elle a avoué que le FLP tentait de rejoindre les étudiants et les travailleurs dans le but de former une vraie manifestation, pas une manifestation où il y aura plus de policiers que de manifestants.
La ville n’y peut rien, aux policiers d’agir (Jean Drapeau)
Le maire Jean Drapeau a déclaré hier soir que la ville ne peut prendre aucune mesure spéciale pour contrer la vague d’attaques à la bombe qui déferle sur Montréal. « C’est le travail des policiers,” a-t-il déclaré sur les ondes d’un poste de radio de la métropole. Il s’est élevé contre ces attaques mais a refusé de faire des commentaires sur leurs auteurs, parce que cela pourrait « rendre la tâche des policiers plus difficile.
Au cours de la fin de semaine, trois bombes ont été rendues inoffensives par les escouades anti-bombe de la police et de l’armée.
Des bombes à retardement avaient été placées aux garages de la compagnie Chambly Transport à Greenfield Park et à Saint-Hubert, et à l’extérieur de la résidence du président de la compagnie. M, Charles Sénecal, à Chambly.
Chacun de ces engins était composé de six bâtons de dynamite reliés à un mécanisme d’horlogerie. Par ailleurs, vendredi soir, la police a dû faire évacuer quelque 5,000 personnes qui magasinaient à un centre d’achats du centre-ville, après qu’un téléphone anonyme eût averti qu’une bombe y avait été placée.
Une autre fausse alerte a fait venir les policiers aux bureaux du quotidien The Gazette, presqu’au même moment.
Pendant ce temps, la police de Westmount continuait son en quête au sujet de deux explosions survenues dans l’ouest rie la ville. Ces explosions ont endommagé les résidences de deux administrateurs dont les compagnies sont actuellement le siège de conflits ouvriers.
Personne n’a été blessé par ces détonations qui ont eu lieu à trois minutes d’intervalle. Des vitres ont volé en éclats aux alentours et le bruit a été entendu jusque sur la rive opposée du fleuve.
Ces dernières attaques portent à 45 le nombre des incidents de ce genre à arriver dans la métropole cette année. Il semble que la plupart puissent être reliés à des conflits du monde du travail.
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