Le cheval normand
Comme il est beaucoup parlé d’amélioration de la race chevaline dans le moment actuel et que pendant la convention des sociétés d’agriculture tenue à Québec, le 17 et 18 mars dernier (pour 1903, note de GrandQuebec), il en a été fait une mention spéciale, je crois que nous pouvons causer de la chose avec à propos.
Il y a peu ou point de chevaux de race dans la province de Québec, on pourrait même ajouter qu’il y a peu ou presque point de bons et de beaux chevaux; le fait est que quand aujourd’hui, l’on veut acheter un cheval recommandable, nous sommes obligés d’acheter ces bêtes dans Ontario et dans l’Ouest.
On veut cette amélioration, elle est nécessaire, elle s’impose, si nous ne voulons pas compromettre à jamais l’existence de notre race chevaline dans notre province. Donc, il est grandement temps de remédier à cet état de choses, nous le pouvons encore, si les cultivateurs veulent agir avec raisonnement, c’est-à-dire procéder à l’accouplement des bonnes juments canadiennes ou autres que nous possédons avec des chevaux de race pure, à quelque famille qu’ils appartiennent. Et aussi par des accouplements proportionnés entre les reproducteurs – nous voulons dire par des sujets sinon d’égale grandeur et d’égale grosseur, au moins se rapprochant sensiblement.
Car les dangers d’un accouplement disproportionné sont souvent la cause de produits qui naissent n’ayant ni les qualités de l’un ni de l’autre des reproducteurs et présentant ordinairement des formes disgracieuses, une ossature incomplète, enfin, des difformités qui en font des chevaux sans valeur, et qui ne répondent en aucune façon au besoin du commerce général. Ce que nous voulons aujourd’hui ce sont des chevaux pour service général, ayant plusieurs destinations, pouvant au besoin, servir pour la selle, le carrosse et les travaux de la ferme.
Nous pouvons, il est vrai, faire des chevaux pour chacune de ces destinations en particulier. Le procédé n’en serait que meilleur, mais pour ne pas précipiter l’état de la race actuel dans une véritable confusion, il est préférable de commencer par se faire des sujets tout à fait spécifiques, avec lesquels, par la suite, on pourra espérer raisonnablement par de bons croisements, arriver à rétablir ou faire des races métisses de chevaux de selle pour la cavalerie, de carrosse, traits légers et gros traits; qui auront les qualités exigés sur le marché.
Le cheval Normand répondrait parfaitement à ces trois fins. Et son croisement avec nos juments aurait d’excellents résultats. Je fais ici une courte description de cette race dont le mélange avec les chevaux anglais en ont fait un cheval très recherché en France, en Angleterre et dans tous les pays où il a pénétré.
C’est un produit de l’étalon anglais pur sang. Le Thorough-Bred, avec la jument normande. Ce cheval est presque exclusivement produit en Normandie de nos jours. Le cheval anglo-normand et le carrossier le plus recherché et il fait aussi un excellent cheval de selle. De l’ancienne race normands, il a conservé l’ampleur et l’étoffe, qui cependant ont été modifiées par l’élégance du sang anglais.
Ses oreilles sont de longueur moyenne, droites et très large et plat, son chanfrain est droit, sa face relativement courte et sa bouche petite. L’encolure est longue, souple et élégante. Le garrot épais et élevé, la poitrine ample et profonde, le dos court et droit, les ombres très larges, la peau est souple, recouverte d’un poil assez court, la couleur de la robe est ordinairement baie brun, La croupe longue presque horizontale et la queue attachée haut. Il déploie une vitesse considérable surtout à l’allure du trot, il a beaucoup de fond. Les membres solidement articulés.
On veut cette amélioration, elle est nécessaire, elle s’impose, si nous ne voulons pas compromettre à jamais l’existence de notre race chevaline dans notre province. Donc, il est grandement temps de remédier à cet état de choses, nous le pouvons encore, si les cultivateurs veulent agir avec raisonnement, c’est-à-dire procéder à l’accouplement des bonnes juments canadiennes ou autres que nous possédons avec des chevaux de race pure, à quelque famille qu’ils appartiennent.
Le cheval Normand est très recherché par l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie. On trouve des étalons anglo-normands. A partir de 1.000 à 1.400 livres, et mesurant de 15 à 16 mains. A part de Standard Bred American et le cheval russe, le normand n’est pas dépassé pour la vitesse. Mais si les deux premiers lui sont supérieurs en train ils lui sont inférieurs en endurance, car pour faire des deux premiers des chevaux rapides on a souvent été obligé de faire disparaitre de ses formes naturelles – par des croisements avec des sujets étrangers mais susceptibles d’augmenter la vitesse, tandis que chez l’anglo-normand tout a été respecté et il reste aujourd’hui ce qu’il était après ces deux à trois croisements avec l’étalon pur sang anglais. Et puis son endurance aussi est due au mode d’élevage et de dressage auquel il est soumis durant son adolescence.
L’importance du cheval normand par nos sociétés d’agriculture ne saurit donc être trop encouragée. Et nous constaterions avant peu des résultats indiscutables.
Ontario possède 810 étalons enregistrés, répartis dans les races Clydesdales, Shires, Percherons, Hackneys, Suffolk punches, English Draft, Thorough Breed. Et Québec, 37 seulement, et tous de la famille Clydesdales.
Vétérinaire.
(texte paru en 1903).
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