Abrégé de l’histoire du Canada pour les nuls : Le pays après la fondation de Québec
D. En quelle année les Jésuites arrivèrent-ils en Acadie ?
R. En 1611, le 12 juin, les pères Masse et Biart arrivèrent au Port-Royal, pour apprendre la langue des naturels du pays, et leur prêcher l’évangile. Vers le même temps, la mort du roi Henri IV avait achevé de ruiner les affaires et le crédit do M. de Monts ; la reine régente nomma alors le prince de Condé protecteur de la Nouvelle-France, et M. de Champlain pour son lieutenant. Celui-ci fut retenu en France toute l’année 1612.
D. Que fit M. de Champlain au printemps de 1613 ?
R. Il s’embarqua pour le Canada, et mouilla, le 7 mai, devant Québec. Il trouva l’habitation en si bon état, qu’il monta de suite jusqu’à Montréal. Après avoir séjourné quelque temps dans cette île, il descendit à Québec, et se rembarqua pour la France vers le milieu de l’été. Il en repartit l’année suivante avec quatre Récollets, qu’il avait demandés, et arriva à Québec, au printemps de 1614. Il monta incontinent à Montréal, et y trouva des Hurons, qui l’engagèrent dans une troisième expédition contre les Iroquois.
D. Quel fut le succès de la troisième expédition contre les Iroquois ?
R. Elle ne fut point avantageuse aux Hurons : car M. de Champlain ayant été blessé grièvement, les Hurons se retirèrent avec honte et avec perte. Aussitôt que M. de Champlain fut guéri, il retourna à Québec, et s’embarqua pour la France en 1615.
D. Quel complot les sauvages confédérés firent-ils en l’année 1616 ?
R. Ils complotèrent, on ne sait par quel mécontentement, de se défaire de tous les Français. Ils s’assemblèrent au nombre do 80O, près des Trois-Rivières, pour délibérer sur les moyens de faire main basse sur eux ; mais un frère récollet, du nom de Duplessis, qui avait été chargé de l’instruction des Français et des sauvages établis depuis peu en cet endroit, fut instruit de leur dessein par l’un d’entre eux j il les engagea à se désister de leur entreprise, et se chargea de négocier leur parfaite réconciliation avec M. de Champlain, arrivé de France depuis peu.
D. Qu’arriva-t-il en l’année 1620 ?
R. Le prince de Coudé céda la vice-royauté du Canada au maréchal de Montmorency. Le nouveau vice-roi continua la lieutenance à Champlain, qui, persuadé que le Canada allait prendre une nouvelle face, y amena sa famille.
D. Que firent les Iroquois en l’année 1621 ?
R. Ils parurent en armes jusque dans le centre de la colonie. Ils se proposaient d’exterminer les Français, qui s’étaient alliés avec les Algonquins et les Hurons, leurs ennemis ; un de leurs partis de guerre attaqua des Français près du sault Saint-Louis. Ceux-ci les repoussèrent avec le secours de leurs alliés : mais un autre parti alla investir le couvent des Récollets, sur la rivière Saint-Charles, où il y avait un petit fort ; n’ayant osé attaquer cette place, les Iroquois se jetèrent sur les Hurons, qui se trouvaient aux environs, en prirent quelques-uns et les bridèrent. Ils ravagèrent tous les environs du couvent, puis se retirèrent.
D. Que fit M. de Champlain, Payant point de forces suffisantes pour réprimer ces barbares ?
R . Il députa au roi et a u duc de Montmorency pour demander du secours, que la compagnie avait jusque-là négligé d’envoyer. La compagnie fut en conséquence supprimée, et Guillaume et Éméric de Caen entrèrent dans tous ses droits. M. de Champlain en apprit la nouvelle par une lettre du vice-roi, qui lui enjoignait de prêter main-forte à ces négociants. Tout le monde, excepté Champlain, s’était si peu occupé de rétablissement du Canada, qu’on ne comptait à Québec en 1622, que cinquante-deux habitants, y compris les femmes et les enfants.
D. Que fit M. de Champlain, en l’année 1624, pour mettre sa colonie en sûreté ?
R. Il fit bâtir le fort de Québec, et, aussitôt qu’il fut achevé, il repassa en France avec sa famille. Il trouva le duc de Montmorency traitant de sa vice-royauté avec lu duc de Ventadour. Ce dernier ne se chargeait des affaires de la Nouvelle-France que pour y procurer la conversion des sauvages : aussi son premier soin fut-il d’y faire passer des Jésuites comme missionnaire. L’année 1625, arrivèrent au Canada les Pères Masse, de Brébeuf et Charles Lallemant, Jésuites et, l’année suivante, plusieurs autres Pères de la même compagnie, ayant frété un petit bâtiment, amenèrent avec eux plusieurs ouvriers.
D. Gomment M. do Champlain trouva-t-il la colonie, étant de retour à Québec ?
R. Il la trouva dans un grand état de faiblesse par la faute des associés des sieurs de Caen, qui ne s’occupaient que de la traite des pelleteries. Vers le même temps, il se forma une nouvelle compagnie (les cent associes pour le soutien du Canada ; elle était composée du cardinal de Richelieu, du maréchal d’Effiat, du commandeur de Razilli, de l’abbé de la Magdelaine, de M. de Champlain et de plusieurs autres personnes de condition. Il y avait tout lieu d’espérer que la colonie allait faire des progrès rapides, sous les auspices de cette puissante association ; mais les premiers vaisseaux qu’elle expédia, en 1627, furent pris par les Anglais, qui en même temps brûlèrent les établissements que les Français avaient à Tadoussac.
D. Qu’arriva-t-il en l’année 1629 ?
R. Une escadre anglaise s’étant présentée devant Québec, M. de Champlain, ne recevant aucun secours de la France, fut obligé de se rendre. Vers le même temps, les Anglais s’emparèrent aussi de tous les postes que les Français avaient en Acadie. En 1632, la paix s’étant faite entre les deux nations, les Anglais rendirent aux Français tout ce qu’ils leur avaient pris durant la guerre.
D. En quelle année M. de Champlain fut-il nommé gouverneur du Canada ?
R. En 1633 ; il partit de France avec une escadre qui portait beaucoup plus que ne valait alors toute la colonie. Sa première vue fut de s’attacher à la nation huronne, et de la soumettre au joug de l’Évangile.
D. Quel bien la paix procura-t-elle à la religion ?
R. Ce fut l’arrivée de plusieurs missionnaires Récollets et Jésuites, pour annoncer l’évangile aux sauvages. Le Père Charlevoix remarque qu’en moins de trois ans, après la restitution du Canada, il y eut quinze Jésuites dans le pays. Tous ces missionnaires se distinguèrent par une piété, un zèle, une résignation et un dévouement extraordinaires. Le premier fruit de leur zèle fut l’établissement d’un collège à Québec pour l’instruction des enfants français et sauvages, en l’an 1635.
D. Quelle perte la colonie fit-elle la même année ?
R. Elle perdit M. de Champlain, qui mourut à Québec. Il fut universellement regretté, et à juste titre, car c’était un homme de bien et de mérite ; il avait des vues droites et était doué de beaucoup de pénétration. Ce qu’on admirait le plus en lui, c’était son activité, sa constance à suivre ses entreprises, sa fermeté et son courage dans les plus grands dangers, un zèle ardent et désintéressé pour le bien de l’état, un grand fonds d’honneur, de probité et de religion. Son successeur dans le gouvernement fut M. de Montmagny, chevalier de Malte.
D. Que firent les Iroquois au commencement de l’année 1636 ?
R. Ils parurent en armes au milieu du pays des Hurons, qui les repoussèrent avec l’aide du peu de Français qu’il y avait parmi eux. Cependant, les missionnaires continuant leurs travaux parmi les Sauvages, une partie de ceux qui s’étaient faits chrétiens, ou qui désiraient le devenir, laissèrent leur pays, et vinrent former auprès de Québec, en 1637, une bourgade qui fut appelée Sillery, du nom du seigneur qui avait projeté cet établissement.
D. Quel fut le second fruit du zèle des Jésuites ?
R. Ce fut l’établissement d’une école pour l’instruction des jeunes filles et d’un hôpital pour le soulagement dos malades, dans la cité de Québec. Ils furent aidés dans cette entreprise par Madame la Duchesse d’Aiguillon, qui fonda l’Hôtel-Dieu, et par Madame de la Peltrie, qui consacra ses biens et sa personne pour l’établissement des Ursulines. Les religieuses Hospitalières, au nombre de trois, étaient de la maison de Dieppe en France ; elles partirent de cette ville avec trois Ursulines, le 4 mai 1639, sur un vaisseau qui n’arriva à Québec que le 1er août. Le jour de leur arrivée fut un jour de fête pour toute la ville. Tous les travaux cessèrent; toutes les boutiques furent fermées. Le gouverneur reçut les religieuses françaises à la tête de ses troupes, et au bruit du canon: il les mena à l’église où. le Te Deum fut chanté en actions de grâces.
D. Que firent les Iroquois eu l’année 1640 ?
R. Ils tombèrent inopinément sur une tribu éloignée et y firent un massacre épouvantable. Ils étaient si animés contre les Hurons, qu’ils en vinrent jusqu’à proposer la paix aux Français, à condition que leurs alliés n’y seraient pas compris. Pendant qu’un conseil se tenait à ce sujet aux Trois-Rivières, les Iroquois en sortirent pour aller piller plusieurs canots de Hurons et d’Algonquins qui venaient d’arriver chargés de pelleteries. Un procédé aussi indigne montra le peu de fonds qu’il y avait à faire sur leur parole ; en conséquence, la négociation fut rompue à l’heure même.
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