
Le vérificateur rapporte des lacunes dans la comptabilité à la Défense nationale
Ottawa, 12 janvier 1953. – Le vérificateur général du Canada, M. Watson Sellar, a signalé aujourd’hui que le ministère de la Défense utilise huit systèmes de comptabilité différents et qu’il est facile, pour des hommes incompétents, d’y obtenir des situations pleines de responsabilités.
Dans son rapport annuel au Parlement M. Sella déclare qu’il a trouvé diverses lacunes dans la comptabilité de la défense en général. Il s’est livré à ce travail dès que la Gendarmerie royale s’est intéressée aux irrégularités commises au camp de Petawawa, lesquelles ont abouti à 14 procès et au rapport Currie. Le rapport du vérificateur général va sans doute animer le débat actuel concernant le rapport Currie. Ce dernier a constaté un relâchement général dans les services des travaux de l’armée.
Monsieur Sellar déclare qu’avant l’intervention de la Gendarmerie royale, ses vérificateurs avaient découvert à Petawawa des faits qui demandaient une plus ample enquête. Ils ne poussèrent pas celle-ci plus loin.
Monsieur Sellar réclame qu’on agisse sans tarder pour adopter un nouveau système de comptabilité de la solde des militaires, car l’armée a pris tellement d’ampleur que le système actuel est démodé.
« L’épouse » du célibataire
Il a cité le cas d’un brigadier retirant double salaire durant trois mois, celui du salaire payé à « l’épouse » d’un soldat célibataire. En outre, 35 entreprises de construction ont coûté $53,100, alors que l’on n’avait prévu que des crédits de $17,565 pour les réaliser.
Monsieur Sellar a fait une mention spéciale de la demeure érigée à Régina pour un commandant de la région, demeure qui devait coûter $14,800, mais qui en a coûté le double, « sans compter les matériaux tirés des magasins de l’armée. On n’a pas obtenu, pour le coût additionnel, la permission du sous-ministre de la défense.
De même, le système ne fonctionne pas très bien, en vertu duquel on déduit de la solde des militaires l’impôt sur le revenu, afin qu’ils n’aient pas à remplir de rapports, car les versements au Trésor ont parfois été plutôt bas.
Traitant des huit systèmes de comptabilité découverts au sein du ministère, le vérificateur ajoute qu’on n’a fait aucun effort soutenu pour les uniformiser.
On ne fait pas non plus de distinction entre le matériel acheté pour satisfaire les besoins courants et le matériel à emmagasiner. Or, la comptabilité concernant ce matériel accumulé relève des services, armés de sort qu’aucun civil responsable n’en peut faire rapport au Parlement.
Mauvais service de promotion
Le système de promotion est tel qu’il permet à des officiers n’ayant pas des connaissances suffisantes de la comptabilité de régir des inventaires considérables.
À cause de la discipline, le personnel ne peut soumettre ses commentaires, comme dans les entreprises civiles. Dans les grands dépôts, la surveillance étant confiée à des officiers ou des-sous officiers, la promotion des civiles est limitée.
Quand il survient une opération d’envergure, telle que la Corée, on retire des magasins les hommes les plus compétents, de sorte que l’efficacité de ces magasins en souffre de façon substantielle.
Les vérificateurs de M. Sellar ont constaté cinq cas où des officiers ont continué de recevoir leur solde militaire même après qu’ils eurent quitté le service pour devenir employés civils du ministère de la Défense.
C’est ainsi qu’un brigadier a obtenu en 1951, au ministère, un poste de $11,500 par année sans qu’on fasse appel à aucune autre candidature. Du 1er janvier au 31 mars, il a reçu $2,790 en solde de l’armée et $2,875 comme employé civil. L’armée l’a payé quand même, le considérant en congé spécial avant sa retraite.
Il faut uniformiser la comptabilité
Dans le cas du soldat non marié dont « l’épouse » recevait un salaire de l’armée, un a découvert après avoir déboursé $508 que le soldat n’avait signé aucune formule à cet effet et qu’aucune déduction n’avait été faite d’ailleurs de sa propre solde.
Monsieur Sellar souligne que le ministère s’est occupé du système de comptabilité de la solde militaire, mais que le problème fondamental demeure le même ; uniformiser la comptabilité et l’adopter aux conditions actuels.
(Texte publié dans Le Canada le 13 janvier 1953).

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