
Retour des choses : La crise politique appelle la crise économique et financière au Canada
Le temps est certes un grand maître.
Plus nous nous éloignons du 21 septembre 1911, plus les événements viennent d’eux-mêmes justifier l’attitude du grand Canadien, Sir Wilfrid Laurier, et sur la question fiscale et sur la question navale.
Nous traversons en ce moment une crise économique qui menace d’amonceler des ruines rappelant les plus sombres jours de 1893.
La faillite guette certaines institutions. Les banques sont plus circonspectes que jamais. Le taux des intérêts est fort élevé et il n’a pas encore atteint son maximum.
L’ouest est cousu de dettes et grévé d’hypothèques qu’il ne peut solder.
La passif des banqueroutes augmente d’une façon alarmante. Et avec cela, le coût de la vie est de plus en plus élevé.
Sir Wilfrid Laurier avait prévu cette tension monétaire et cette crise économique. Sans même effleurer le tarif qui protège nos industries nationales, il donnait aux cultivateurs un marché de 90 millions et aux consommateurs des villes le bénéfice d’une légitime concurrence qui eut, à certaines périodes de l’année, diminué sensiblement le coût de la vie.
Un chauvinisme étroit et de bruyants appels aux préjugés ont privé le Canada du marché américain. Et qu’on ne vienne pas dire que le tarif Wilson va nous donner l’équivalent de la Réciprocité. Attendons la fin des débats au Congrès américain et nous verrons alors ce que le Canada a perdu.
Quant à la question navale, n’avions-nous pas raison de dire que le triomphe du torysme nous faisait passer brutalement du régime strictement autonomiste à l’impérialisme le plus aigu ?
Le dernier discours de M. Churchill nous révèle la conspiration la plus hardie qui ait jamais été tentée contre la liberté canadienne. Malgré l’échec du tribut au Sénat, l’Amirauté compte encore sur la réalisation des promesses imprudentes de M. Borden. M. Churchill persiste à dire que l’année prochaine, le contribuable canadien assumera une partie des impôts qui pèsent si lourdement sur le contribuable anglais. Heureusement qu’il coulera de l’eau sous les ponts d’ici à l’an prochain.
Le gouvernement Borden a duré deux ans à peine et déjà ses jours sont comptés. La mesure est comble. Les préjugés ont fait leurs temps.
Avec Laurier, la sagesse et la raison politique s’imposent. On verra, l’année prochaine, ce que le futur nous prépare…
(Ce texte a été publié dans le journal Le Canada, le 22 juillet 1913).

Facebook
Twitter
RSS