Jouets de garçons au Moyen Âge
Au Moyen Âge, il semble que le divertissement n’ai été jugé approprié que pour les garçons : jeux d’action et de rôle avec des simulations de guerres et de tournois dans lesquels ils étaient les uniques protagonistes.
Le petit cheval à manche de bois était un jouet particulièrement prisé. C’est ainsi que le poète Simone Prodenziani, qui a vécu à Orvieto entre les XIVe et XVe siècles, écrit : “À l’âge de trois ans, il commença à chevaucher son petit cheval de bois et c’était son roncin ; il n’avait aucune autre préoccupation.
Dans un manuscrit de l’Hortus deliciarium de Herrad, abbesse de Hohenbourg (1125-1195) on voit le roi Salomon présent à un spectacle de marionnettes (miniature de 215). On peut observer un duel de marionnettes, deux hommes armés en cuirasse avec épées et boucliers. Qui est ce roi qui veut assister au spectacle ? C’est le roi Salomon. Deux de ses subordonnés mettent en scène le combat sur une table, et l’homme à la bouche ouverte décline probablement les phases de l’affrontement.
Pour en comprendre la signification, il convient de lire la légende de la miniature : “Ludus monstrorume. Il ludo monstrum designature vanitas vanitatum” (Le spectacle des extravagants. Ce spectacle dénote la vanité des vanités.”) Ces mots sur lesquels s’ouvre le livre de l’Ecclésiastique, attribués au roi Salomon (1,2 ; puis répétés en 12,8), sont souvent cités pour affirmer la vanité des biens terrestres et l’inconséquence de ceux qui s’épuisent à les poursuivre.
La miniature appartient à l’Hortus dliciariume composé sous la direction de l’abbesse Herrard de Hohenbourg et qui constitue l’encyclopédie la plus ancienne réalisée par une femme. En l’occurence, l’image interprète d’une manière tout à fait originale la longue réflexion figurant dans l’Hortus deliciarium à propos du début de l’Ecclesiaste. La vanité des hommes tombés dans le péché est représentée par le vain spectacle d’un divertissement féodal comme celui des marionnettes. C’était évidemment un spectacle familier à celui qui a dessiné le combat, ces marionnettes et ce théâtre de guignol constituaient un passe-temps auquel participaient des enfants et des adultes, spectateurs heureux, comme le montrent deux autres miniatures du manuscrit du “Roman du bon roi Alexandre” qui offre dans les marges de ses feuillets une riche liste de jeux enfantins. Sur l’une de celles-ci, nous voyons un groupe d’enfants accroupis à terre alors qu’ils assistent à une véritable représentation d’un théâtre de marionettes dans laquelle un homme menace une femme avec un bâton ; dans une autre des spectateurs d’âge varié commentent le spectacle où, toujours dans un théâtre de marionnettes, deux guerriers se battent en duel avec une grande fougue.
Les manuscrits ne sont pas les seuls à montrer comment jouaient les enfants il y a si longtemps. À Strasbourg, dans la boutique d’un potier du XIIIe siècle, ont été retrouvés des petits jouets en terre cuite, matière très peu onéreuse, comprenant de petites assiettes, des cruches en miniature, de petits sifflets en forme d’oiseau, de minuscules tirelires, on encore des cavaliers à cheval sculptés sommairement.
En 2005, lors des fouilles dans la cathédrole de Magdebourg on a retrouvé des moules de pierre servant à fabriquer des jouets en étain, comme par example un paon, un bûcheron tenant une hache et un fier cavalier avec bouclier, épée, cuirasse et casque : l’armure permet de dater l’objet aux alentours de 1200. Le métal, une fois solidifié, permettait de composer des figures en deux ou trois dimensions en soudant les différentes parties moulées.
Vivre en famille au Moyen Âge. Par Chiara Frugoni Éditions Les Belles Lettres, Paris, 2017.
Voir aussi :
- De bons jouetshttps://grandquebec.com/psychologie-quebec/bons-jouets/