Les Jardins de guerre
Nous avons, jusqu’ici, joint nos efforts à ceux des autorités provinciales et fédérales pour supplier nos lecteurs de la campagne de faire l’impossible pour augmenter notre production agricole.
Les conditions dans lesquelles pourra se faire cette augmentation de culture deviennent chaque jour plus difficiles; mais notre population agricole ne doit pas s’en laisser décourager; au contraire, ce devrait être un stimulant pour trouver des moyens extraordinaires de faire produire à nos terres plus de grains, plus de légumes,plus de denrées alimentaires en général.
Maintenant; c’est à la population des villes et des villages que nous voudrions nous adresser. Il y a, dans nos villes, de nombreux terrains que la spéculation a enlevés à la production agricole et laisse improductifs. Et, d’autre part, dans bien des familles, il y a des gens qui pourraient consacrer une heure ou deux par jour à la culture d’un jardin de guerre.
Cette petite culture que l’on pourrait facilement rendre intense et perfectionnée. Pourrait diminuer considérablement la demande des populations urbaines, non productrices, pour les produits agricoles.
Combien de familles d’ouvriers pourraient ainsi se procurer par un travail dont la diversité avec les occupations habituelles ferait une distraction, la plus grande partie des légumes nécessaires à sa consommation?
Dans la plupart des villes, des comités se sont formés pour mettre en contact les propriétaires des terrains vagues et les cultivateurs amateurs qui voudraient les cultiver. Ce n’est certes pas le terrain qui manque. Ce n’est pas non plus nous en sommes certains, la bonne volonté qui manquera.
D’autre part, on sait qu’à Montréal, la municipalité a subventionné cette œuvre et que le comité qui s’en est chargé est prêt à faire sa part, qui sera d’assurer des terrains vagues aux amateurs; de leur donner des conseils, au besoin, de leur fournir, à bon marché, les semences nécessaires, etc.
À part certains travaux préliminaires de défrichement, la culture des légumes sur ces terrains de demandera pas la dépense de forces considérables, et les jeunes filles au sortir de l’atelier ou du magasin, trouveraient dans le sarclage, l’arrosage et l’entretien en général du jardin de guerre, une distraction saine et fortifiante au grand air.
L’avance de l’heure qui laisse aux ouvriers une heure de soleil de plus dans la soirée, pourrait, au moins de ce côté, servir à quelque chose d’utile.
Et l’économie réalisée par la famille aidera en même temps à abaisser le coût de la vie.
Ce texte a été publié le samedi, 20 avril 1918 dans le journal Le Canadien. Déniché par GrandQuebec.com.
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