Invention montréalise dans l’espace

Une invention montréalaise à bord de la station spatiale Mir

Un étudiant au doctorat de l’université McGill et son professeur, Philippe Simon et Jean-Pierre Farant, ont inventé un appareil qui doit décoller très bientôt à bord de Soyouz, pour servir un mois à bord de la station spatiale Mir.

« Nous ne nous attendions pas à ce que la première utilisation commerciale de notre contrôleur se fasse dans l’espace », lance Philippe Simon, ravi de la tournure qu’ont pris les événements.

La Presse l’a interviewé dans son laboratoire, au département de Santé au travail de la Faculté de médecine. L’invention en question contrôle l’entrée d’air dans une canette d’échantillonnage préalablement vidée par aspiration. Les contrôleurs existants laissaient entrer l’air pendant tout au plus 24 heures. Celui de MM. Simon et Farant permet une durée de sept jours à trois mois, suivant qu’on emplit des canettes de 500 millilitres ou de six litres.

Ayant eu vent de l’invention, le géant américain Boeing a demandé a voir. « le suis allé dans leurs laboratoires de Huntsville, en Alabama, pour faire une dé- monstration », relate Philippe Simon. Boeing, qui décroche des contrats à la NASA et à l’agence spatiale russe, avait invité des représentants des deux organismes, ainsi que ceux du ministère de la Santé publique russe. « Les astronautes russes ont été emballes par la possibilité d’avoir un système compact et simple, relate M. Simon. De leur côté, les spécialistes en santé l’ont été par la possibilité d’étaler la durée de captage de l’échantillon. »

L’histoire commence il y a cinq ans, alors que M. Simon, ingénieur chimique de formation, travaillait a un projet commun de l’École polytechnique et du Département de santé communautaire de l’hôpital du Sacré-Cœur. Les scientifiques voulaient évaluer les concentrations de COV émises par le terrain d’enfouissement des déchets de l’ancienne carrière Miron. Les COV, ou composés organiques volatiles, nuisent à la santé.

On les trouve. entre autres, dans les solvants domestiques et les produits de nettoyage à sec. M. Simon utilisait des contrôleurs qui coûtaient environ 500$ chacun. L’appareil mis au point par MM. Simon et Farant coûte deux à trois fois moins cher, en plus de permettre une longue durée de captage. Exposition aux substances toxiques Le fait de pouvoir étendre la durée de captage sur plusieurs jours ou semaines prend toute son importance quand on veut déterminer l’exposition environnementale à une substance. C’est l’exposition cumulative qui permet de déterminer le risque pour la santé.

La présence des polluants dans l’air est très fluctuante, explique M. Simon. Il faut trouver une façon d’aplanir les poussées sporadiques pour donner une valeur moyenne. »

Son contrôleur, qui a la taille d’une rondelle de hockey et qui est relié à un manomètre, ne laisse entrer l’air dans la canette qu’au rythme de 0,025 millilitres à la minute.

(Cette nouvelle date du 15 février 1996, publié par le quotidien La Presse).

“Parmi les choses répandues au hasard, le plus beau : le cosmos. L'harmonie invisible plus belle que la visible. Nature aime se cacher.” (Gilbert Couture/ La Tôle).
“Parmi les choses répandues au hasard, le plus beau : le cosmos. L’harmonie invisible plus belle que la visible. Nature aime se cacher.” (Gilbert Couture/ La Tôle).

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