Intrigues et méfiance

Intrigues et méfiance : Hostilités et tensions entre les officiers francophones lors de la guerre de Sept Ans

Intrigues et méfiance : Vers la fin de 1756, le général de Montcalm se plaint dans une lettre confidentielle adressée au ministre français de la Guerre, de la conduite de M. de Vaudreuil, gouverneur général de la Nouvelle-France. Montcalm prétend que Vaudreuil et les officiers coloniaux ne connaissent rien à la guerre.

De son côté, Vaudreuil écrit une lettre à l’intention du ministre de la Marine, se plaignant du mépris des officiers français envers les Canadiens.

Cette animosité entre les deux hommes, dont dépend le sort de la guerre, se retrouve dans toutes les unités ainsi que dans l’état major de l’armée. Bientôt, on voit les deux camps se dresser l’un contre l’autre, soit les officiers venus de France regroupés autour de Montcalm, face aux officiers canadiens-français dirigés par Vaudreuil.

À vrai dire, il y a des raisons de douter de l’efficacité et de l’intégrité des autorités de la Nouvelle-France. En effet, l’intendant de la colonie, François Bigot, gère les finances canadiennes à sa façon, et plus de la moitié des ressources financières finissent dans ses poches et dans celles de ses acolytes.

De plus, l’inflation est galopante, ce qui n’empêche pas Bigot d’octroyer des crédits aux officiers de la colonie chargés de l’approvisionnement des troupes. Une grande partie de ces crédits est en fait distribuée aux amis de Bigot qui amassent des fortunes. Pourtant, les officiers venus de France voient leurs denrées se réduire à néant.

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En outre, les officiers Canadiens français, même ceux qui ne font pas partie de la bande à Bigot, ont des revenus de seigneurs. Les officiers français, au contraire, sont  appauvris par l’inflation. Ils constatent que plusieurs officiers de la colonie s’enrichissent en toute impunité, ce qui provoque une certaine tension dans l’armée.

Les Français se vengent en se moquant de leurs collègues canadiens qui se battent «comme des sauvages», à la manière américaine, et non «comme il faut faire», à la manière européenne.

Bref, dans leurs lettres, certains officiers français constatent qu’il y a deux bandes ennemies au sein d’une même armée.

Cependant, dans les rangs des sous-officiers et des soldats, les tensions n’arrivent pas à ce degré d’animosité. Tant les coloniaux que les nouveaux venus sont logés, nourris et vêtus aux frais du roi sans aucune distinction, et s’ils ne sont pas satisfaits, ils grognent ensemble contre leurs officiers, peu importe leur origine.

Le cours de la guerre ramène toutefois un semblant d’unité dans les différents corps d’armée. Vaudreuil ordonne de fournir à Montcalm beaucoup plus de soldats, et Montcalm accepte de charger les Canadiens français de tâches importantes et d’organiser des brigades de miliciens. Chacune est composée de 150 hommes, dont 134 miliciens Canadiens et 16 soldats professionnels des compagnies franches de la Marine, qui servent d’instructeurs aux colons. Et bien sûr, ces brigades combattent à la manière américaine, qui s’avère la plus efficace pour mener une guerre dans les immenses forêts du territoire.

victoire de carillon
Victoire des troupes de Montcalm à Carillon, toile par Henry Alexander Ogden (1854-1936), image du domaine public.

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