La vie mondaine au temps de Bigot
C’est François Bigot qui est intendant de la Nouvelle-France de 1748 à 1760. C’est une période troublée, où les rivalités entre la France et l’Angleterre atteignent leur paroxysme, la guerre des Sept Ans éclate et le tout finira par la perte du Canada pour la France. Mais de 1748 jusqu’à la fin, le nouvel administrateur tire profit de la situation et s’enrichit dans plusieurs transactions, dont les opérations de ravitaillement des troupes françaises.
Bigot sera poursuivi pour ses exactions dans l’un des procès les plus retentissants qu’ait connus la France au XVIIIe siècle, l’ « affaire du Canada ». Il sera banni de son pays, Mais François Bigot aura permis à son entourage de jouir de toutes les douceurs de la vie de cœur durant son séjour dans « sa » colonie en Amérique du Nord.
Les officiers qui ont participé aux réceptions organisées par le riche intendant corrompu soulignent la faste de ses soirées. L’un de ces officiers a laissé le témoignage suivant : « Il a la plus belle vaisselle qu’on puisse avoir et, ce qui lui fait le plus plaisir, est d’avoir toujours du monde à dîner et à souper ».
Le marquis de Montcalm écrit quant à lui, après avoir assisté à deux bals offerts par l’intendant : « Québec m’a paru une ville d’un fort bon ton, et je ne crois pas que, dans la France, il y en ait plus d’une douzaine au-dessus de Québec pour la société ». Il confiera plus tard au maréchal de Lévis : « Je me trouve bien ici (à Québec), c’est une capitale ».
Outre l’intendant, qui est célibataire, plusieurs dames organisent des réceptions. Les salons de Madame Angélique Renaud d’Avène des Méloizes de Péan et de Madame de Lanaudière sont les plus appréciés de la bonne société de Québec. Sur la foi de témoignages de l’époque, Bigot aurait entretenu une liaison avec la jolie Angélique Renaud d’Avène des Méloizes (1722-1792), appelée Lélie par ses intimes, au su de son époux. On dira de ce dernier, aide-major de la ville de Québec, que ses principales qualités « consistaient dans les charmes de sa femme ». Ce monsieur était devenu le principal associé de Bigot, ce qui lui a valu d’accumuler une fortune considérable. Curieusement, après la Conquête, de retour en France, cette dame consacrera les dernières années de sa vie aux bonnes œuvres.
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Maison Péan, au 59 de la rue Saint-Louis de Québec. Cet hôtel particulier a été acquis par Michel-Jean-Hugues Péan en 1750, mais ce dernier y résidait depuis déjà quelques années. Il a été le théâtre de la vie tumultueuse de la Pompadour du Canada, racontée de façon libre pour William Kirby dans son roman The Golden Dog, paru en 1877. Photo : © GrandQuebec.com