
Première description des Amérindiens
Au printemps de l’an de grâce 1632, le Père Jésuite Paul Le Jeune, arrivant à Tadoussac, voit des Amérindiens pour la première fois. Il les décrit ainsi:
«II y en avait qui avaient le nez peint en bleu, les yeux, les sourcils, les joues peintes en noir et le reste du visage en rouge, et ces couleurs sont vives et luisantes comme celles de nos masques.
D’autres avaient des raies noires, rouges et bleues, tirées des oreilles à la bouche. D’autres étaient tous noirs hormis le haut du front et les parties voisines des oreilles et le bout du menton, si bien qu’on eut vraiment dit qu’ils étaient masqués.
Il y en avait qui n’avaient qu’une raie noire, large d’un ruban, tirée d’une oreille à l’autre, au travers des yeux, et trois petites raies sur les joues.
Leur couleur naturelle est comme celle de ces gueux de France qui sont demi rôtis au soleil, et je ne doute point que les Sauvages ne fussent très blancs s’ils étaient bien couverts.
De dire comme ils sont vêtus, il est bien difficile; les hommes, quand il fait un peu chaud, vont tout nus, hormis une pièce de peau qu’ils mettent au-dessous du nombril jusques aux cuisses.
Quand il fait froid, ou bien à l’imitation des Européens, ils se couvrent de peaux de castor, d’ours, de renards et d’autres tels animaux, mais si maussadement, que cela n’empêche pas qu’on en voie la plupart de leurs corps.
J’en ai vus vêtus de peau d’ours justement comme on peint Saint Jean-Baptiste.
Cette peau velue au dehors leur allait sous un bras et sur l’autre, et leur battait jusques aux genoux; ils étaient ceints au travers du corps d’une corde de boyau. Il y en a de vêtus entièrement, ils ressemblent tous à ce philosophe de la Grèce, qui ne portait rien sur soi qu’il n’eut fait. Il ne faut pas employer beaucoup d’années pour apprendre tous leurs métiers. Ils vont tous tête nue, hommes et femmes; ils portent les cheveux longs : ils les ont tous noirs, graissés et luisants ; ils les lient par derrière, sinon quand ils portent le deuil.
Les femmes sont honnêtement couvertes, elles ont des peaux jointes sur les épaules avec des cordes, et ces peaux leur battent depuis le col jusques aux genoux ; elles se ceignent aussi d’une corde le reste du corps, la tête, les bras et les jambes sont découvertes: il y en a néanmoins qui portent des manches des chausses et des souliers, mais sans autre façon que celle que la nécessité leur a appris.»
On peut seulement regretter de ne pas avoir une description des «visages pâles» par les autochtones !

Village indien. © droit d’auteur Nadia Fetisova.
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