Différences culturelles

Différences démographiques, culturelles, linguistiques

Entre la fin du XIXe siècle et le début de la Première guerre mondiale, en 1914, on assiste à un afflux d’immigrants jamais connu au Canada. Durant cette période, environ deux millions d’immigrants d’origines diverses s’y établissent. La population canadienne passe de six à huit millions d’habitants.

Cette politique d’attirer le plus grand nombre d’immigrants possible est due à la faible croissance démographique au Canada. Toutefois elle est annonciatrice d’une crise sociologique. De profonds malaises naissent dans les domaines politique, démographique et linguistique qui cristalliseront chez les Canadiens français le sentiment de leur différence par rapport au reste du Canada.

Ainsi, le caractère traditionnellement bilingue du Canada en est profondément affecté. En effet, fixé à 92% en 1897, le pourcentage de la population canadienne-française et canadienne-anglaise ne représentera plus que 82% aux lendemains de la Grande Guerre. Désormais, en plus d’anglais et du français, on parle le russe, l’allemand, l’ukrainien un peu partout au Canada.

Phénomène migratoire

Ce phénomène migratoire diminue le poids politique du Québec. De plus, la multiplication des provinces à l’ouest du Canada (en 1905 l’Alberta et la Saskatchewan  voient la jour) a pour effet de rendre minoritaires les députés canadiens-français au Parlement canadien. Leur nombre est fixé à 75 pour Québec, alors que celui des autres provinces ne cesse d’augmenter. De 30% en 1896, le nombre de sièges des députés québécois passe à environ 27% du total, en 1924.

En 1890, le Manitoba viole les lois de 1870 (Manitoba Act). Vingt ans après son entrée dans la confédération canadienne, le Manitoba se déclare officiellement province anglaise unilingue et supprime toutes les subventions accordées aux écoles confessionnelles françaises, pourtant bien nombreuses.

Usage du français restreint

Les nouvelles provinces restreignent elles aussi l’usage du français. En 1912, l’Ontario décide de le faire dans ses écoles publiques. C’est le Règlement XVII dont l’adoption met le feu aux poudres. La loi vise à éliminer le français comme langue d’enseignement puisque l’on limitera l’enseignement du français par école (non par classe) à une heure par jour. Les nationalistes, tels que Henri Bourassa, Jules Fournier, Olivar Asselin, sont les premiers à dénoncer ces faits. Ils signant un article célèbre intitulé Le Sou de la pensée française, publié en 1913.

Publié sous le pseudonyme d’Alonié de Lestres, L’Appel de la race s’inscrit dans le contexte du Règlement XVII. Farouche défenseur de la civilisation française en Amérique du Nord, le chanoine Lionel Groulx voit dans ce règlement une menace pour cette civilisation. Remettant en cause la Confédération, Groulx devient l’un des premiers nationalistes, après l’échec cuisant des Patriotes, à envisager une nation française séparée et stabilisée dans le cadre d’un État indépendant.

viaduc tracel Différences démographiques
Cap-Rouge. Vue du viaduc Tracel vers 1900. Source : BAnQ, fonds Livernois Ltée.

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