Idéologie de l’Âge des Découvertes

Idéologie de l’Âge des Découvertes

Toute grande entreprise exige une certaine part d’idéologie. À l’aube de la Renaissance, plusieurs divers éléments s’étaient fondus pour créer l’idéologie européenne.

Du point de vue psychologique, les Européens se distinguaient par un individualisme créateur et actif. En dépit des privilèges dont bénéficiaient les rois, les féodaux, les religieux, les associations de marchands, l’individu jouissait d’une liberté d’action relativement plus vaste que dans l’Inde, compartimentée en castes, la Chine dont la vie était fortement centrée sur la famille, ou Amérique Centrale et Amérique du Sud, avec leurs monarchies religieuses.

De plus, le niveau de vie européen était plus élevé, malgré les famines et les épidémies. Les révolutions politiques, sociales, industrielles, scientifiques sont l’œuvre de ceux qui désirent acquérir davantage et non celle des pleutres ou des affamés. Ainsi, à l’époque de la Renaissance, l’Europe qui s’était remise de la terrible peste noire du XIVe siècle, était suffisamment à l’aise pour vouloir s’enrichir.

Politiquement, le continent européen était constitué par une mosaïque de nations vigoureuses et indépendantes, jalouses les unes des autres et résolues à s’engager dans la course à la puissance ou à la richesse. Que le Portugal s’élançait et l’Espagne ne pouvait que suivre, la France l’imiter et l’Angleterre intervenir à son tour.

idéologie de l'âge des découvertes
L’idéologie guette la science en chaque point où défaille sa rigueur, mais aussi au point extrême où une recherche actuelle atteint ses limites. (Louis Althusser, philosophe français, d’origine algérienne, né en 1918 et décédé en 1990, Lire le capital). Photo : GrandQuebec.com.

En outre, les Européens étaient chrétiens et, de toutes les croyances existant à l’époque de Christophe Colomb, le christianisme était la religion qui convenait le mieux aux hommes d’action. Et cela malgré l’omniprésence des monastères et des mystiques. En fait, dans le christianisme, l’Europe possédait une religion militante et missionnaire, qui donnait libre champ à la fois à l’esprit de profit et au zèle religieux.

Notons que la chrétienté avait pour plus proche rival l’Islam, dont les armées qui avaient enlevé Constantinople en 1453, menaçaient de submerger l’Europe. L’ardeur guerrière des musulmans était enflammée par leur fanatisme fou, par la croyance que la mort au combat contre les infidèles menait à une vie éternelle au sein du paradis plein de jeunes filles accueillantes.

Pourtant, la morale chrétienne mettait l’accent sur les mérites d’une vie exemplaire plutôt que sur ceux d’une mort rédemptrice.

Par contre, les musulmans, au terme d’une conquête, se montraient, à l’égard des autres religions, d’une tolérance que les chrétiens ne concevaient pas du temps de la Renaissance (ils n’admirèrent la tolérance que bien plus tard). Les chrétiens croyaient d’ailleurs leurs modes de vie et de pensée supérieurs à ceux des autres. Les rois âpres au gain et les marchands avisés utilisèrent ce sentiment de supériorité pour justifier leurs entreprises et se lancer dans les explorations. Quand les rois du Portugal s’élancèrent le long des côtes d’Afrique pour déboucher dans l’océan Indien, ils tenaient la Bible d’une main et de l’autre un sac pour y entasser l’or.

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