Hold-up des Confédérés à St. Albans et Incident du Cheaspeake
Hold-up des Confédérés à St. Albans
L’incident du Cheaspeake et le hold-up des Confédérés à St. Alban. De quoi s’agissait-il ? Le 19 octobre 1864, en pleine guerre civile américaine, les journaux du Québec publient une dépêche en provenance des États-Unis :
«Burlington, Vermont: Un groupe de vingt-cinq individus armés sont entrés dans St. Albans cet après-midi et ont fait le pillage de trois banques de la ville, emportant avec eux 10 mille dollars. On suppose que les pillards sont des partisans du Sud, venant du Canada. Au cours de l’action ils ont blessé cinq citoyens à coups de carabine, dont un mortellement. Les pillards se sont enfuis dans la direction du Canada.»
Ce fut le fameux «Raid de St. Albans», un coup de main perpétré en effet par un groupe de sectateurs du Sud contre le gouvernement du président Lincoln.
Il fut préparé dans un hôtel à la mode de Montréal, le St-Lawrence Hall, situé rue Saint-Jacques. Depuis le début de la guerre, l’établissement servait de quartier général aux services secrets des Confédérés.
Qu’est-ce que s’est passé exactement ?
L’avant-veille du coup de main contre St. Albans, un comédien américain de Baltimore était venu prendre une chambre à l’hôtel. Il s’agissait de John Wilkes Booth, qui un an plus tard allait assassiner le président des États-Unis.
Après leur vol à main armée à St. Albans, les vingt-cinq hors-la-loi réussirent à s’enfuir à cheval au Canada. On arrête quatorze d’entre eux à Saint-Jean. On les incarcère à Montréal, mais les autres réussirent à prendre la fuite.
Cet incident donna lieu à des procédures judiciaires qui se terminèrent à la fin du mois de novembre. La cour acquitta les accusés. Ils rentrèrent en possession des 150 mille dollars du hold-up. Les plus hauts tribunaux du Canada invoquèrent « une action légitime de guerre » par les partisans du Sud lors de la guerre de Sécession.
L’incident a causé, évidemment, de gros problèmes dans les relations diplomatiques entre les États-Unis et le Canada, mais sans conséquences graves pour le futur.
Incident du Cheaspeake
Le 5 décembre 1863, alors que la guerre civile américaine fait rage, un vapeur quitte le port de New-York pour Portland, dans l’État du Maine. Le 7 décembre 1863, un groupe de Confédérés s’empare du navire au large de Cap Cod. Les Sudistes, déguisés en civils, se dissimulent parmi les passagers du Chesapeake. La nuit tombée, ils sortent leurs pistolets et leurs couteaux et s’attaquent à l’équipage. Un officier qui a tenté de résister est tué. Ils ligotent et enferment dans la soute les autres membres de l’équipage.
Le même jour, le navire capturé est mené vers Halifax, capitale de la Nouvelle-Écosse. Manquant de charbon pour rallier le port, le vaisseau jette l’ancre au large de la ville, dans les eaux territoriales britanniques. Le groupe déclare son intention de vendre la cargaison du bâtiment afin d’acheter des armes. Ensuite, le Chesapeake serait transformé en navire corsaire et s’en prendrait aux navires marchands qui soutiennent les Nordistes.
Réaction ou plutôt silence de la Grande-Bretagne et du Canada
La Grande-Bretagne et le Canada ne réagissent pas. En fait les ports britanniques et canadiens sont déjà régulièrement fréquentés par des navires militaires confédérés qui viennent s’y approvisionner, la Grande-Bretagne ayant annoncé sa neutralité lors de ce conflit. Certains résidents d’Halifax envoient même des vivres et expriment leur soutien aux Confédérés. Toutefois, le juge d’Halifax Alexandre Stewart ordonne que le navire soit rendu à l’Union.
Pendant 9 jours le Chesapeake reste dans la baie de St. Margaret’s, en face d’Halifax. Le 16 décembre, le Dacotah, un navire Nordiste qui patrouille près de l’entrée de la baie depuis une semaine, entre dans les eaux canadiennes et prend possession du Chesapeake. Deux Néo-Écossais sont découverts dans le vaisseau et faits prisonniers. Les Américains capturent aussi un petit vaisseau de Nouvelle-Écosse, l’Investigateur, où selon eux des fugitifs confédérés seraient cachés.
Explications des Confédérés
Les Confédérés affirment qu’ils agissaient dans le cadre de la guerre et que le Chesapeake fut une prise de guerre légitime. Par contre, ils protestent contre l’action des Nordistes qui ont violé les eaux territoriales britanniques et ils exigent une déclaration de guerre de la Grande-Bretagne contre les États-Unis. De leur côté, les Unionistes accusent les Confédérés de piraterie. Ils demandent que la Grande-Bretagne déclare la guerre au Sud, qui a utilisé le territoire du Canada sans aucune autorisation de la part des Britanniques. Le vice-consul américain accuse en outre la Nouvelle-Écosse d’avoir violé le Traité d’Ashburton-Webster en aidant des pirates.
En fin de compte, l’incident sera sans conséquence. Pourtant il illustre l’hostilité que les résidents des Maritimes, Loyalistes pour la plupart, éprouvaient envers les États-Unis.