Histoire des paroisses

Origine et histoire des paroisses au Québec

Au Québec, les toponymes reflètent souvent les caractéristiques exceptionnelles plutôt que les caractères typiques des lieux nommés. Les toponymes témoignent souvent, du fait de leur occurrence même, de la carence relative ou de la rareté du phénomène qu’ils évoquent, et inversement. Il faut aussi dire que la forêt québécoise est en général continue, de sorte qu’elle ne présente que rarement des parties détachées, susceptibles d’être identifiées dans des limites claires et reconnaissables.

Il en va des municipalités comme de leur nom ; au Québec, tous deux prennent leur origine des paroisse.

L’idée paroissiale, écrit Julien Drapeau, dans l’Histoire du régime municipal au Québec, était l’une des institutions fondamentales ; son élaboration fut l’œuvre du clergé, appuyé par les autorités civiles de la colonie. Elles se mirent d’accord sur un plan systématique de division de la Nouvelle-France en unités paroissiales, bien avant que les territoires en fussent peuplés. Ce qu’au début de la colonie on appela du nom de « paroisse » était en réalité une entité abstraite en voie d’accommodement et d’adaptation à un milieu en formation : les premières paroisses comprenaient des superficies démesurées.

« La première paroisse, Notre-Dame-de-Québec, n’est érigée qu’en 1664 et demeure l’unique paroisse jusqu’en 1678, lorsque monseigneur de Laval érige 14 paroisses, dont Ville-Marie », écrit Marcel Trudel dans l’Initiation à la Nouvelle-France.

Ces paroisses étaient plus précisément des missions ou des districts paroissiaux ; c’est d’ailleurs ce que révèle l’Édit ou Arrêt du Conseil d’État du Roi du 3 mars 1722, « qui confirme le Règlement fait par Messieurs de Vaudreuil et Bégon, et Monsieur l’évêque de Québec, pour le district des paroisse de ce pays, remis à Monsieur l’Intendant. »

Presque chacun des 82 districts paroissiaux contenait plusieurs « villages » faisant partie soit d’une même seigneurie, soit de deux ou trois petites seigneuries. L’Édit de 1722 mentionne, par exemple, que le district paroissial de Charlesbourg comprend les villages de Gros-Pin, Saint-Jérôme dit L’Auvergne, Charlesbourg, Bourg-Royal, Saint-Romain et Pincourt, notamment.

Même s’ils ne devaient être canoniquement constitués en paroisses officielles que beaucoup plus tard après leur fondation, les villages se complétaient par eux-mêmes, petit à petit, des divers éléments constitutifs d’un organisme paroissial, proportionnés au degré de leur développement. Le jour où le village, note Julien Drapeau dans l’ouvre précité, possédait un curé exclusif, il devenait concrètement « paroisse », à savoir, une communauté de fidèles identifiée par un territoire précis.

La Loi municipale du Bas-Canada de 1845 (8 Victoria, chapitre 40) pourvoit à l’établissement de municipalités de paroisse, de municipalités de township (cantons) et de municipalités sans désignation. Par une première proclamation, émise le 18 juin 1845, précise Julien Drapeau, 321 municipalités furent établies dont 167 sans désignation, 115 de paroisse et 39 de township. Comme le mentionne cette loi, il en fut ainsi, par exemple, pour « la municipalité de Terrebonne, comprenant la paroisse de St-Louis de Terrebonne, telle que canoniquement érigée, mais bornée au nord-est, au sud et au sud-est par les municipalités de Lachenaie et de St-François de Sales, Isle Jésus. »

Le 1er septembre 1847, la nouvelle loi municipale, « Acte pour faire de meilleures dispositions pour l’établissement d’Autorités Municipales dans le Bas-Canada » (10-11 Victoria, chapitre 7), entrait en vigueur et abrogeait celle de 1845. Elle remplaçait les municipalités de paroisse et de township par des municipalités de comté. C’est le 1er juillet 1855 qu’entrait en vigueur la Loi 18 Victoria, chapitre 100, « Acte des Municipalités et des Chemins du Bas-Canada » qui est à la base même du régime municipal actuel. En vertu de cette nouvelle loi municipale, 286 paroisses furent constituées de plein droit et municipalités de paroisse et 113 townships (cantons) en municipalités de township. (Le Code municipal de 1871 permet de traduire township en cantons).

À lire également :

Oratoire Saint-Joseph
Oratoire Saint-Joseph. Photographie par GrandQuebec.com.

Laisser un commentaire