Histoire du Québec

Mafia : la vie de pacha en prison

Mafia : la vie de pacha en prison

Le bras droit de Rizzuto faisait la vie de pacha en prison

Les policiers de la Sûreté du Québec ont eu une petite surprise quand ils ont fouillé l’établissement Leclerc, une prison à sécurité moyenne à Laval, le 16 septembre 1995. Ils cherchaient de la drogue et des armes. Ils en ont trouvé. Ils ont mis la main aussi sur des couteaux, du haschisch et 53 grammes de cocaïne. C’est beaucoup, mais rien d’extraordinaire.

La surprise est venue quand ils ont ouvert la cellule de Reynald Desjardins. Âgé de 45 ans, Desjardins est le bras droit du chef de la mafia sicilienne au Canada, Vito Rizzuto. L’année dernière, il a été condamné à quinze ans de prison pour sa participation à un vaste complot d’importation de 740 kilos de cocaïne. Des comparses, membres des Hells Angels, ont été condamnés dans la même affaire.

La cellule comprenait une magnifique bibliothèque, fabriquée par un ébéniste qualifié. Desjardins n’est pas un grand intellectuel. Sa bibliothèque logeait un ordinateur, ses rayons étaient éclairés par une lampe spéciale, « empruntée » au gymnase de la prison et installée par un ami électricien.

Il y a quelques mois, Desjardins a fait restaurer une piste de jogging dans la cour du même établissement. Il a téléphoné à un copain, entrepreneur en construction. « C’est moi qui paie », a-t-il dit. Le lendemain, l’entreprise s’amenait avec tout le fourbi. Pendant les travaux, Desjardins et des Hells Angels bavardaient avec le patron dans le camion.

Un peu plus tard, Desjardins commandait un autre camion, cette fois rempli de fruits de mer. Il y avait une petite fête dans l’établissement carcéral. « On a eu vent de l’affaire. explique un enquêteur de la police de la Communauté urbaine de Montréal. On a communiqué avec la direction du pénitencier. On lui a demandé de renvoyer le camion. Il y a quand même des limites ».

D’autres exemples de largesse ? Prenons le cas de Frank Cotroni. En 1987, il écope huit ans de prison pour une affaire de meurtre, commis par un de ses hommes de main. Puis, en 1991, il est condamné à six ans pour trafic d’héroïne. Aussi bien faire contre mauvaise fortune bon cœur : il devient le responsable du comité des loisirs à l’établissement Leclerc. L’été, on le vois se promener à Laval. Officiellement, il participe au nettoyage des berges de la rivière des Mille-Îles. En vérité, il se détend avec les commerçants du coin, donne des pop-sicles aux enfants, paie les repas aux détenus.

Au printemps, un comité d’enquête s’est penché sur un établissement fédéral : celui de Leclerc, là où Reynald Desjardins avait fait restaurer une piste de jogging. La conclusion est claire. « L’équilibre des forces est brisé, écrivent les enquêteurs : les détenus influents liés au crime organisé et leur entourage jouissent de conditions d’incarcération dépassant les normes établies ».

Le rapport relève plusieurs irrégularités :

Les Hells Angels, les motards affiliés et les membres de la mafia exigent et obtiennent la possibilité de résider dans les mêmes sections de la prison.

Les caïds et autres membres du crime organisé reçoivent beaucoup plus que les autres détenus. Ils reçoivent beaucoup plus souvent leurs femmes dans les sections particulières, aménagées pour les rencontres intimes.

La majorité des caïds ne mangent pas à la cafétéria, comme les autres détenus. « Ils se font livrer leur cantine par des détenus de la même rangée, appelés livreurs. En effet, comme les achats à la cantine sont officiellement limités, ils obligent d’autres détenus à faire des achats pour eux.

À l’intérieur de la prison, les caïds occupent les postes de travail les plus intéressants. Ils sont employés, avec salaire, au gymnase, au département socioculturel, à la cantine, à la salle radio, etc. Les autres détenus font les besognes moins gratifiantes : buanderie, cuisine, entretien.

Le rapport donne l’exemple d’une section où l’accès au téléphone « est contrôle par les détenus identifiés aux Hells Angels au point où certains détenus ne peuvent en profiter ». Les caïds ont des meubles, des vêtements, des biens luxueux, interdis aux autres.

Le comité a recommandé plusieurs correctifs. Le solliciteur général du Canada, Herb Gray, a affirmé qu’ils étaient tous appliqués. Le syndicat des gardiens de prison, affilié à l’Alliance de la fonction publique, met un bémol. Les irrégularités persistent, affirme François Gaudreau, vice-président du syndicat.

Desjardins

Reynald Desjardins arrêté par la Sécurité du Québec, photo de l’époque.

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1 commentaire

  1. dirdy harry dit :

    La raquailles au québec est très appréciée , pare les vendus de notre  » justice  »!!

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