Guerre de Succession d’Espagne

Guerre de Succession d’Espagne et le Canada

La paix était à peine conclue avec les sauvages que la guerre de Succession d’Espagne, déclarée le 15 mai 1702, allait mettre de nouveau aux prises Anglais et Français d’Amérique. Habitants de Montréal et colons de Deerfield devaient s’exterminer parce que le duc d’Anjou montait sur le trône d’Espagne.

En 1704, Hertel de Rouville, avec cinquante Canadiens, engagés volontaires, et deux cents sauvages s’attaqua au village de Deerfield, sur la frontière, et y mit le feu; il ramena prisonnier le ministre protestant, John Williams. Quatre ans après, accompagné de Saint-Ours Deschaillons, de cent Canadiens et de deux cents sauvages, de Rouville renouvela cet exploit contre les établissements de la Nouvelle-Angleterre, (tua plusieurs gens, en fit d’autres captifs, et brûla nombre de maisons.)

Ces coups de main à l’iroquoise pouvaient bien servir à la renommée de ceux qui les entreprenaient; mais, ne faisant partie d’aucun plan d’ensemble, il ne devait en résulter autre chose que de la haine et des représailles.

Elles se produisirent avec de regrettables conséquences pour la France. Prenant prétexte de ces attaques inconsidérées, les Anglais se jetèrent sur l’Acadie, qu’ils convoitaient de prendre depuis longtemps. Ils s’emparèrent de Port Royal et de la péninsule acadienne que la France dut leur abandonner définitivement au traité de 1713.

Le Canada ne fut guère menacé d’invasion qu’une fois au cours des hostilités: ce fut en 1709.

La rumeur se répandit que le pays devait être attaqué du côté du Richelieu par les coloniaux de la Nouvelle-Angleterre. A cette nouvelle, M. de Vaudreuil se rendit à Montréal avec 1 000 hommes de troupes réglées.

Comme première mesure de défense, il chargea le gouverneur de Montréal d’aller barrer la route à l’envahisseur. Un parti d’éclaireurs, envoyé à la découverte, avait appris que le colonel Nicholson, à la tête d’un régiment de provinciaux et de bandes de sauvages aventuriers, venait par le lac Champlain et qu’il devait descendre la rivière Richelieu pour remonter le fleuve jusqu’à Montréal.

M. de Ramezay rassembla à la hâte un détachement de réguliers, des milices canadiennes et des sauvages, soit en tout à peu près 1 500 hommes. L’avant-garde, commandée par M. de Montigny, était formée de 50 Français, de 200 Abénaquis, de 100 miliciens, sous les ordres de Hertel de Rouville et de 100 réguliers de la garnison, sous M. de La Chassaigne. L’arrière-garde comprenait 500 Canadiens, conduits par MM. Deschaillons, de Ligneris, de Sabrevois, Desjordy et Saint-Martin. (Père Louis Lejeune: «Dictionnaire historique du Canada», vol. II, p.498).

De Ramezay se rendit jusqu’à la Pointe-à-la-Chevelure, sur le lac Champlain et attendit Nicholson, qui ne se présenta point. Seuls des partis d’éclaireurs des deux petites armées se rencontrèrent sans s’attaquer. Nicholson semble avoir eu peur des Français, qui s’étaient avancés aussi loin à sa rencontre et rebroussa chemin sans attendre l’adversaire. De Ramezay, déjà trop éloigné de son armée pour tenter prudemment de le poursuivre, revint aussi sur ses pas. Il évitait ainsi le risque d’être victime d’une feinte de l’ennemi, qui pouvait, par cette manœuvre, l’attirer dans un guet-apens.

Il rentra à Montréal avec deux prisonniers belges, Gérol Troul et André Naët, que l’on interrogea sans en rien obtenir sur les intentions de Nicholson.

Le ministre attribua l’insuccès de cette expédition au mauvais choix des officiers envoyés de l’avant. Les de Vaudreuils et les de Ramezays devaient être mêlés à bien des malheurs de la Nouvelle-France.

Nicholson ne montra guère, en cette occasion, une plus grande valeur militaire. Un historien anglais dit de lui assez laconiquement qu’il « ne réussit pas à descendre le Richelieu avec ses recrues de provinciaux. («Colonel Nicholson failed to descend the Richelieu with his provincial levies.» — J. P. Taylor: « Cardinal facts of Canadian History » p. 56.)

Le Canada n’avait rien gagné à la guerre; mais la France avait perdu l’Acadie.

Voir aussi :

La guerre nourrit la guerre (proverbe).
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