Attaques des Iroquois

Les attaques des Iroquois

(situation dans la colonie au milieu du XVIIe siècle)

Au cours du XVIIe siècle la colonie demandait à être fortifiée contre les attaques des Iroquois qui venaient du Sud par les rivières et le Saint-Laurent. Il y avait bien quelques forts, dont le fort de Chambly, le fort Richelieu, construit à l’entrée de la rivière Richelieu au mois d’août 1642, brûlait en 1647 et rebâti à l’arrivée du régiment de Carignan, en 1665, par le capitaine de Saurel, etc., mais les Iroquois les contournaient en faisant deux ou trois lieux dans les bois.

Citons quelques-uns de nombreux épisodes de cette guerre interminable qui durait des décennies : Le 15 août 1643, vingt Algonquins, alliés des Français, étaient partis des Trois-Rivières pour aller à la chasse vers le Richelieu. Arrivés à l’embouchure de la rivière Saint-François, ils venaient à peine de se diviser en deux bandes pour mieux chasser, que l’une d’elles, au nombre de douze hommes, rencontra vingt Iroquois bien armés. On se battit avec l’arquebuse, puis avec l’épée, enfin avec le couteau. Il y eut des morts des deux côtés. Finalement, les Algonquins, se voyant plus faibles, prirent la fuite. Trois d’entre eux, furent faits prisonniers Les Iroquois en brûlèrent un, mais aux deux autres, qui étaient chrétiens, Dieu fit la grâce de s’échapper (Relations des Jésuites, II, 1643, p.66).

Au printemps de 1647, Simon Piscaret, le plus vaillant des chefs algonquins, rencontra, quelque part dans la baie de la Vallière, une bande d’Iroquois, qui le mirent à mort (Ibid, 1647, p.4)…

On comprenait que le développement n’était pas possible, tant que durait une pareille menace. Grâce à la présence du régiment de Carignan, arrivé au pays en 1665, puis `l’établissement des petites garnisons après 1672, la tranquillité régna en Nouvelle-France et la colonie durant ce laps de temps commence à se peupler. Les précautions nécessaires n’en étaient pas moins négligées, car on voit par le recensement de 1681 qu’il y avait des fusils pour tous les hommes ayant dix-huit ans et plus et même deux ou trois pour une personne.

La guerre recommence en 1684, par une attaque des Iroquois contre le fort français Saint-Louis chez les Illinois. Le gouverneur De la Barre s’empressa de faire la paix, mais sa conduit fut désavouée et lui-même fut révoqué. Son successeur, Denonville, estima que les hostilités commises par les Iroquois étaient un motif suffisant pour reprendre les armes.

Ayant reçu, au printemps de 1687, un renfort de huit cents hommes, commandés par Philippe Rigaud de Vaudreuil, il partit en juin, attira perfidement les Iroquois au fort Frontenac, en massacra un certain nombre, fit les autres prisonniers et les envoya en France, puis s’en revint après avoir ravagé les bourgades de la tribu de Tsonontouans.

Ensuite, en manière de représailles, les Iroquois envahirent la Nouvelle-France et y portèrent le fer et le feu. En octobre 1687, ils faillirent s’emparer du fort Chambly et se glissèrent jusque dans l’île de Montréal.

On tenta alors de négocier la paix. L’hiver de 1687-1688 se passa en conférences. Enfin, une trêve fut conclue à Montréal, le 15 juin 1688.

Malgré cette trêve, quelques bandes, ignorant peut-être ce qui se passait, continuèrent de commettre des assassinats et des incendies. En juillet 1688, un parti d’Agniers mêlés de Loups fit irruption à Saint-Ours, à Contrecœur et à Sorel, puis à Saint-François et à la Rivière-du-Loups, brûla tous les bâtiments et tua tous les bestiaux qu’il rencontra en ces lieux et dans les îles voisines, où on les avait fait passer. Les Agniers ne rencontrèrent aucune résistance, car à ce moment-là la plupart des habitants de ces endroits étaient employés à conduire un convoi de vivres au fort Frontenac.

À l’heure où on s’y attendait le moins, les Iroquois se précipitaient sur les habitations et mettaient tout à feu et à sang.

L’écrivain Bacqueville de la Potherie décrit la situation en ces mots : « … Le repos de ceux qui y demeurent est traversé lorsque nous avons la guerre avec les Iroquois. Le laboureur qui travaille à la terre, quoqu’armé de pied en cap, tremble à chaque pas que sa charrue avance du côté des bois, par la crainte qu’il a d’être tués par ces barbares, ou, quand ses bœufs retournent pour faire un autre sillon, que l’on ne fonde tout à coup sur lui pour avoir la chevelure de sa tête, ou d’être mené prisonnier chez eux pour y être brûlé. »

Le 1er septembre 1687, le gouverneur Denonville réitéra ses ordres aux habitants de la colonie de construire, avec l’aide des troupes, des forts dans chaque seigneurie, pour servir de refuge aux personnes et aux bestiaux menacés par les Iroquois (P.-G. Roy, Ordonnances, Commissions, etc. II, 166-168).

Bref, l’histoire du Canada durant les années 1688-1693 est une suite ininterrompue de combats, de surprises sanglantes et de massacres, qui forçaient les colons à être toujours sur leurs gardes et, en quelque sorte, à tenir d’une main l’épée et de l’autre le mancheron de la charrue.

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Représentation d’un sauvage iroquois dans une encyclopédie de voyages publiée en France en 1795. Source : Jacques Grasset de Saint-Sauveur / Bibliothèque et Archives Canada Canada / c-003164. Licence : Aucune. L’image fait partie domaine public.

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