La guerre non sanglante d’Aroostook
Même si ce conflit entre le Canada et les États-Unis porte le nom de «guerre», on l’appelle généralement la guerre non sanglante d’Aroostook. En effet, on a réussi à éviter les hostilités, grâce en partie aux positions raisonnables des deux pays, ainsi qu’aux fortifications construites le long des frontières. On a démontré que toute tentative serait vouée à un échec ou provoquerait des pertes considérables.
Le conflit tire son origine des ambiguïtés contenues dans le Traité de Versailles de 1783. Ce traité, signé à la fin de la guerre d’indépendance américaine, établissait la reconnaissance des États-Unis par la Grande-Bretagne. Cependant, mais il définissait de façon assez vague la frontière entre le Canada et le voisin du sud.
Alors, pendant des décennies, des bûcherons canadiens et américains se disputèrent le droit de coupe du bois dans ces vastes territoires. De plus, la route du Grand Portage reliant le lac Témiscouata et le reste du Bas-Canada donnait au territoire une importance capitale.
C’est après la guerre de 1812 que les autorités britanniques décident d’établir un grand nombre de colons militaires le long de la route du portage du Témiscouata afin d’en assurer le contrôle. En fait, il s’agissait de la première tentative organisée pour coloniser la région du Témiscouata. En 1814, on distribue des lots de terrains à cinq soldats du 10e bataillon des Vétérans Royaux. En 1815, d’autres colons viennent s’y installer avec leurs familles.
Cependant, quelques années plus tard, la plus grande partie des familles quittent les lieux. Mais il est évident que la frontière doit être contrôlée et les routes d’accès entretenues. Alors le Parlement du Bas-Canada vote des budgets afin de développer la région.
Cependant, les tensions frontalières avec les États-Unis atteignent des sommets jamais égalés vers 1838. La décision est donc prise de construire quatre postes militaires de défense formant une ligne le long de la frontière en litige, dont deux postes au Témiscouata qu’on appelait à l’époque le Grand Madawaska. Commence alors la période de «la guerre non sanglante de l’Aroostook», de 1839 à 1842.
Le premier acte de cette guerre est la décision d’un fonctionnaire des douanes américaines, M. Rufus McIntyre, d’imposer les taxes de l’État du Maine aux résidents de la région en litige. Mais comme ils payaient déjà des taxes au gouvernement du Bas-Canada, les résidents refusèrent et décidèrent d’envoyer M. McIntyre dans une prison de Fredericton.
L’État du Maine réagit violemment, car emprisonner un fonctionnaire équivaut à une rébellion. Les Américains mobilisent 10 000 combattants. La guerre de l’Arostook est officiellement déclarée.
Pendant les trois années suivantes, de 1839 à 1842, la frontière vit dans l’attente des hostilités qui peuvent commencer d’un jour à l’autre. Des troupes sont constamment acheminées vers cette région et la population est évacuée (à vrai dire, il n’y avait qu’une dizaine de familles…).
Paradoxalement, ce conflit a contribué au développement du Témiscouata, une région éloignée qui a ainsi acquis une importance significative au Québec.
En 1842, le traité d’Ashburton-Webster délimite la frontière et met fin à la «guerre non-sanglante», sans qu’il y ait le moindre combat. En toute logique, le nord revient au Canada et le sud au États-Unis. Les Canadiens conservent ainsi la route du Portage.
Pour en apprendre plus :
- Premier Parlement du Québec
- La ville de Cabano
- Fort Ingall
- Société d’Histoire et d’archéologie de Témiscouata