Les infirmières défient Québec
Grève des infirmières : Les infirmières sont plus déterminées que jamais : que le gouvernement Bouchard leur impose des sanctions additionnelles, qu’il adopte une loi de retour au travail ou qu’il décrète leurs conditions de travail, elles resteront en grève illégale.
Telle est la décision sans équivoque prise à l’unanimité par les 600 déléguées de la Fédération des infirmières et des infirmiers du Québec (FIIQ), réunies à huis clos à Saint-Hyacinthe, le 29 juin 1999, à la veille d’une réunion cruciale du Conseil des ministres.
« Pour les infirmières, le pire est atteint, rien de qui pourrait leur arriver ne sera pire que ce qu’elles vivent et qu’elles ont vécu, a déclaré aux médias en fin de journée la présidente de la FIIQ, Jennie Skene. Ce que les infirmières nous disent, c’est qu’elles préfèrent être debout jusqu’au bout, plutôt que d’accepter des conditions qui sont inacceptables ».
La vice-présidente de la FIIQ et responsable des négociations, Lina Bonamie, a pour sa part réitéré donc que seul un règlement négocié pourrait inciter les infirmières à cesser leur débrayage. Il est en cours alors depuis samedi matin 26 juin.
Le verdict des membres du conseil fédéral de la FIIQ, rendu au terme d’un peu plus de trois heures du débat, place dans une position délicate le gouvernement Bouchard. En effet, celui-ci refuse de négocier avec un syndicat agissant dans l’illégalité.
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La Fédération se trouve aussi à couper l’herbe sous le pied du Conseil des ministres. Le Conseil doit se pencher demain matin sur divers scénarios visant à forcer les infirmières à mettre un terme à leur débrayage. Parmi lesquels figurent l’imposition par décret des pertes d’ancienneté prévues dans la loi 160. De plus, l’adoption d’une loi forçant le retour au travail, assortie ou non d’un décret de conditions de travail.
Contrairement à ce que répètent Lucien Bouchard et Pauline Marois depuis le début de la semaine, la FIIQ affirme par ailleurs ne pas faire la grève uniquement pour les motifs salariaux. Même si les deux principales demandes normatives, sur le fardeau de tâche et la création de postes, ont déjà fait l’objet d’un accord, il y a deux jours.
Selon Lina Bonamie, plusieurs questions restent sans solution. Dont la période de vacances estivales, l’accessibilité aux postes. Aussi la notion d’invalidité dans le régime d’assurance salariale.
(C’est arrivé le 29 juin 1999).