Histoire du Québec

Grève historique à la Dominion Textile

Grève historique à la Dominion Textile

Une grêle de pierres est lancée sur la police par les grévistes à Montréal

Montréal. 10 août 1937. La police a secouru aujourd’hui, malgré une grêle de pierres, un commis de la Dominion Textile Company, que des piqueteurs avaient arraché â son automobile endommagée et à qui ils voulaient faire un mauvais parti. Trois agents et l’employé lui-même, Alexandre Laurent, 30 ans, furent mis à mal dans cette affaire. L’un des manifestants fut arrêté.

Lorsque Laurent arriva dans son automobile et voulut franchir la grille de l’usine appelée Merchants’ Plant, dans le quartier de St-Henri, il fut accueilli par les huées de la foule massée aux abords de l’établissement et qui se rua sur sa voiture. Ainsi assailli. Laurent perdit la commande de son auto, et la voiture alla s’écraser contre les grandes portes extérieures de l’usine.

On le sortit alors de l’auto et quelques hommes dans la foule se jetèrent sur lui. C’est alors que des agents de police, qui étaient de service près des portes extérieures (gates), se portèrent à son secours malgré une grêle de pierres qui blessèrent trois d’entre eux. Laurent et les agents blessés furent ensuite conduits aux bureaux de la compagnie où on pansa leurs blessures.

Une souscription

Marmond Tallinn conseiller municipal du quartier Préfontaine a pris l’initiative, hier après-midi, de mener une campagne à l’hôtel de ville dans le but d’obtenir des souscriptions au fonds de grève des ouvriers du textile. Le maire de Montréal. M. Adhémar Raynault. a été le premier signataire de cette liste de souscriptions.

M. Blair Gordon

Voici la déclaration que nous a remise hier M. Blair que nous a Gordon, de la Dominion Textile Company.

« Je comprends que. depuis mon entretien avec M. Tremblay ce matin, il a rencontré les directeurs de l’union. et qu’il a déclaré que son ministère ne pouvait maintenant rien faire pour régler ce différend.

Je ne puis que regretter que les efforts de M. Tremblay aient été infructueux, et je regrette en particulier pour nos employés que les directeurs de l’union aient refuse aussi rapidement la suggestion du ministre de former un comité d’arbitrage pour fixer les salaires qui auraient été rétroactifs au 2 août dernier.

« La compagnie a tenu ses usines fermées depuis la déclaration de grève pour prévenir des troubles et empêcher que les employés qui veulent retourner au travail soient malmenés. La compagnie a aussi voulu prévenir tout dommage à sa propriété de la part des piqueteurs qui ont tout fait à l’heure actuelle pour empêcher toute personne d’entrer sans leur permission.

« Une telle situation, qui est contre la loi, ne peut être permise dans la bonne société. Comme le public ne peut tolérer de tels actes, il se peut que nos usines rouvrent bientôt ».

Assemblée ce soir

Tous les membres des syndicats nationaux catholiques affiliés au Conseil Général sont invités à se rendre ce soir, à 7 heures 15, au coin de la rue Caron et du boulevard Charest, afin de se former en défilé et se rendre recevoir les grévistes de Saint-Grégoire de Montmorency à la place Jacques-Cartier, et de là se rendre au marché Saint-Pierre, où aura lieu une grande assemblée en faveur des employés de « Dominion Textile Company » actuellement en grève.

Le comité d’organisation du Conseil général des Syndicats Catholiques de Québec invite aussi tous les citoyens qui s’intéressent au mouvement ouvrier à se joindre à la parade.

Comme nous l’avons annoncé hier plusieurs orateurs adresseront la parole, au marché Saint-Pierre, et notamment MM. Honoré D’Amour, secrétaire du Syndicat national du textile de Saint-Grégoire, Maurice Turgeon, secrétaire – correspondant du Conseil général, Gérard Picard, secrétaire général de la Confédération des Travailleurs catholiques du Canada. Inc., et Alphonse Roberge, président de l’Union protectrice des Travailleurs en chaussure de Québec.

Le sujet des discours sera le suivant : pourquoi la grève a. été déclarée. qu’est-ce qui la justifie, et quelles sont les demandes des ouvriers du textile.

La police est mandée en Ontario

Les autorités municipales demandent l’aide de la police provinciale d’Ontario pour lutter contre les grévistes de la Dominion Woolens & Textiles

Peterborough. – Avec l’aide de quinze constables provinciaux. les autorités locales se préparaient aujourd’hui à ouvrir les usines de Auburn et de Bonnerwonh de la Dominion Woollens and Textiles Limited après une grève de six semaines. Les chefs des grévistes, membres des United Textile Workers of America, sont opposés a la réouverture des usines et entendent résister à la police pour obtenir de la compagnie satisfaction aux requêtes des ouvriers.

Pour conserver l’ordre dans la ville et autour des usines, le chef de police de Peterborough. M. Samuel Newall a mobilisé tous ses hommes et il a demandé l’aide de la police provinciale qui a dirigé vers Peterborough des constables venant de Toronto, Hamilton, London et Kitchener, et qui ont été cantonnés aux terrains de l’exposition. Ce sont tous des constables réguliers et non pas du groupe de ceux que le, premier ministre Hepburn a engagés pour lutter contre l’organisation de John-L. Lewis durant la grève de l’automobile à Oshawa.

Sept grévistes, y compris l’organisateur d’union Alex Welch, du C.I.O., ont été arrêtés aujourd’hui dans une bagarre avec la police qui voulait protéger les hommes retournant, au travail à l’atelier Bonner Worth, de la Dominion Woollens and Textiles.

Jolie bataille

Plus de 150 ouvrières en grève ont chargé la police aujourd’hui en poussant des cris perçants et ont ainsi commencé le bal devant un atelier local de la Dominion Woollens and Textiles Ltd. La police a lancé une bombe lacrymogène, poussé les filles de côté et reçu à coups de bâton les grévistes mâles qui se mettaient de la partie. Elle parvint ainsi à frayer un passage aux 60 employés qui voulaient entrer à l’atelier, où la grève dure depuis 7 semaines. Le maire Macdonald fut frappé à la mâchoire par une femme et refoulé par les grévistes, auxquels il cherchait sans succès d’expliquer que M. Hepburn les engageait à reprendre le travail en leur promettant qu’il allait s’occuper d’eux.

Hepburn entend régler la grève des Textiles

Le gouvernement ontarien charge la nouvelle commission du travail et des industries d’ouvrir une enquête sur les salaires payés dans l’industrie des textiles – Invitations aux grévistes

La nouvelle Commission du travail et des industries d’Ontario a reçu instruction d’ouvrir une enquête sur les salaires payés dans l’industrie textile en Ontario. Au termes d’une loi votée à la dernière session de la Legislature cette commission peut fixer des salaires minima pour les hommes dans n’importe quelle industrie. M. Hepburn a déclaré hier soir que l’enquête actuelle avait pour objectif immédiat le règlement de deux grèves du textile, ces qui sévissent dans les ateliers de la Dominion Woollens and Textiles Ltd à Peterborough et de la Canadian Cottons Ltd à Cornwall.

On va tenter d’abord de ramener les grévistes au travail tout de suite en faisant promettre aux compagnies intéressées que toute révision des salaires décidée par la Commission vaudra à partir de la reprise du travail. Mais l’enquête ne s’arrêtera pas aux compagnies de Cornwall et Peterborough: elle couvrira toute l’industrie textile en Ontario.

La Commission, à la tête de laquelle est E -J. Young, ci-devant de Weyburn, Saskatchewan, aura l’aide d’experts du département provincial du trésor pour déterminer le salaire équitable. Chester S. Walter, contrôleur des finances, a conféré avec M. Hepburn et avec J -F. Marsh sous-ministre du travail, avant que l’enquête n’eût été annoncée.

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Quartier chinois de Montréal, un serpent sur le mur. Photographie de GrandQuebec.com.
Quartier chinois de Montréal, un serpent sur le mur. Photographie de GrandQuebec.com.

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