La grève de Noranda (explications fournies par la compagnie Noranda Mines)
La grève, déclarée en août dernier par United Steelworkers of America, prit fin en février 1954, près de six mois plus tard.
Maintenant que le travail a repris, la Compagnie croit qu’il est dans l’intérêt des actionnaires et celui du public en général de Signaler les faits se rapportant à la grève.
La grève fit suite à des négociations infructueuses pour une nouvelle convention collective. L’Union avait fait des demandes exorbitantes en ce qui concerne les augmentations de salaires, la diminution des heures de travail, etc., et l’adoption de la retenue syndicale. La Compagnie ne pouvait accepter la retenue syndicale mais offrit à maintes reprises de poursuivre les négociations pour s’entendre sur les autres questions, à condition que la demande de retenue syndicale soit retirée. L’Union s’y refusa.
Il ne fait aucun doute que la grève fut déclarée par l’Union dans le but de forcer la Compagnie à accepter la retenue syndicale. Les représentants de l’Union avaient ouvertement déclaré leur intention de faire la grève pour l’obtenir. D’autre part, la Compagnie avait fait connaître l’attitude de l’Union aux employés et aux gens de la localité, et les avait prévenus qu’une grève serait inutile parce que la retenue syndicale ne serait pas acceptée.
En décembre, un comité composé de citoyens de la localité que la durée de la grève et ses effets sérieux alarmaient s’efforça d’obtenir la franche opinion des, employés sur la continuation de la grève. Le comité fut rebuté par l’Union, et ses efforts furent réduits à néant par les tactiques d’intimidation et de subterfuges adoptées par l’Union.
Le 21 décembre 1953, la Compagnie annonça publiquement que, à la réouverture de l’usine, les taux de rémunération horaire seraient augmentés de 7V2% (une moyenne de 10é l’heure), que les autres conditions de travail ne changeraient pas et que la retenue syndicale ne serait pas acceptée, ni directement, ni indirectement. En dépit du fait que cette augmentation de salaire représentait le double de celle qui avait été acceptée lors du règlement des grèves dans d’autres mines, l’Union la refusa.
La grève traîna jusqu’au 13 février, alors que l’Union accepta finalement les conditions énoncées près de huit semaines auparavant, mettant ainsi fin à la grève qui avait causé de lourdes pertes et beaucoup de souffrances aux employés, à leurs familles et à la localité. En tenant compte de cette augmentation, le salaire hebdomadaire payé à un employé de Noranda sera de $68.69 en moyenne. En faisant la comparaison avec le reste du Canada et en se basant sur les dernières données du Bureau Fédéral des Statistiques, on constate que le salaire des employés de toutes les usines est de $36.88 en moyenne, et celui de toutes les mines, de $67.04 en moyenne. En plus d’être bien payés, les employés de Noranda ne sont pas exposés à des chômages périodiques et ont toujours du travail toute l’année.
L’Union prétend que la Compagnie essaie de l’abolir. Quelle absurdité! Une union est aussi forte que les employés le désirent. Un employeur ne peut abolir une union. Seuls les employés peuvent le faire en ne lui accordant pas leur support.
La grève de Noranda n’aurait jamais dû se produire. Si l’Union avait retiré sa demande de retenue syndicale, comme elle l’a finalement fait par la suite, une entente aurait été possible sans avoir recours à la grève.
L’enjeu
Depuis juillet dernier, la même Union a été l’instigatrice des grèves qui ont eu lieu dans des mines différentes du Québec et de l’Ontario. Le principal objectif était de forcer les employeurs à accepter la retenue syndicale, c’est-à-dire la déduction sur le salaire des cotisations de l’Union.
La retenue syndicale est un plan merveilleux qu’ont conçu les dirigeants à la solde de l’union et dont le but est de faire accepter à l’employeur de déduire les cotisations syndicales du salaire des employés et de les payer à l’Union. En pratique, cette prétendue « retenue syndicale volontaire et révocable” n’est souvent ni volontaire ni révocable par suite de la contrainte et de l’intimidation auxquelles on a recours pour obtenir des employés les autorisations voulues et pour en empêcher la révocation. La retenue syndicale confère aux dirigeants de l’union des pouvoirs injustifiés vis-à-vis des membres de l’union. Faute de retenue syndicale, un membre de l’union peut manifester son mécontentement d’une façon efficace à l’égard de la gestion de l’union; pour cela, il n’a qu’à cesser de lui accorder son soutien financier. Là où la retenue syndicale est en vigueur, ceci est impossible.
La « Sécurité Syndicale », en langage syndical, inclut la retenue syndicale et signifie, en fin de compte, un plan forçant les employés à payer leurs cotisations à l’Union pour garder leur emploi. Ceci est contraire aux intérêts de l’employeur et n’offre aucun avantage à l’employé. C’est un plan qui vise à enrichir la caisse syndicale et à conférer aux dirigeants de l’union des pouvoirs qui entravent la liberté des employés.
Dernièrement, une tendance a commencé à se manifester aux États-Unis contre le paiement obligatoire des cotisations syndicales par un employé, soit directement, soit par retenue syndicale, et aussi contre l’affiliation obligatoire à un syndicat comme condition essentielle pour garder son emploi. Cette tendance a été confirmée pat des lois passées dans plusieurs États.
L’Union
La United Steelworkers of America est une union internationale ayant son quartier général aux Etats-Unis. Elle a des centaines de locaux syndiqués aux États-Unis et au Canada qu’elle régit par l’intermédiaire d’administrateurs payés, qui sont nommés à cette fin. Elle cherche constamment à organiser de nouveaux locaux et à accroître ainsi les pouvoirs de ses dirigeants. Les cotisations syndicales encaissées au Canada par les unions locales sont transmises aux Etats-Unis; une partie seulement en est retournée aux locaux de l’union.
L’Union et la C.C.F.
Au Canada, la United Steelworkers of America accorde son support financier et généra! à la C.C.F., soit directement, soit par l’intermédiaire du Congrès Canadien du Travail. Le directeur pour le Canada, et d’autres administrateurs de la United Steelworkers of America, sont parmi les chefs de la C.C.F. Si la C.C.F. était élue au gouvernement, elle promet de nationaliser l’industrie minière et d’autres industries.
La C.C.F. et les dirigeants syndicaux exercent actuellement une forte pression sur les Gouvernements Fédéral et Ontarien, dans le but de faire passer une loi obligeant les employeurs à accéder à la demande de la retenue syndicale lorsque les employés votent en faveur de ce système. De cette façon, la retenue syndicale cesserait d’être régie par les conventions collectives du travail. Si un employeur juge à propos d’accorder à une union le privilège de la retenue syndicale, il devrait être libre de le décider lui-même; il ne devrait pas être forcé à le faire par la loi.
L’Avenir
Faisant allusion aux récentes séries de grèves dans le Nord de l’Ontario et le Nord-Ouest du Québec, la United Steelworkers et les dirigeants qu’elle a à sa solde ont déclaré que l’enjeu est toujours le même, que les règlements de ces grèves ne représentaient qu’un armistice et que « la lutte sera reprise’’.
Il appert que ces dirigeants à la solde de l’Union ne sont pas satisfaits des dommages, pertes et souffrances qu’ils ont déjà causés dans leur effort futile pour forcer les mines à accepter la retenue syndicale, et qu’ils projettent de remettre la question en jeu au détriment des employés des mines, de leurs familles et des localités qui dépendent des mines.
Signé: NORANDA MINES, LIMITED.
Le 9 mars 1954.
