Gouvernement libéral de 1985 : Diversité d’approches dans la politique industrielle
Les années 1970 représentent un tournant dans la croissance des pays industrialisés. D’abord, ils sont frappés par deux chocs d’offre à la suite de la formation du cartel des pays producteurs de pétrole (en 1973 et en 1979).
En conséquence, les luttes sociales prennent une nouvelle envergure et une spirale inflationniste incontrôlable rend inopérante la structure des prix. Enfin, on assiste à l’effondrement général des taux de croissance de la productivité.
À la crise généralisée des modèles nationaux de développement succède la déconfiture des modèles traditionnels de résorption des fluctuations économiques ou de résolution des conflits sociaux.
Dans ce contexte, le rôle de l’État national devient extrêmement important, mais d’observateurs du moment ont vu dans la récession du milieu des années 1970, et dans l’effondrement subséquent de la croissance de la productivité, l’amorce d’une crise généralisée du modèle de développement. De nouveaux courants de pensée naissent alors et on assiste à la montée du paradigme ultralibéral.
L’autonomisation croissante du système financier international, la libéralisation des échanges commerciaux et la révolution des nouvelles technologies de l’information et des communications suscitent dans certains milieux. Le processus s’exprime politiquement dans le gouvernement Thatcher, en Grande-Bretagne.
Croissance des pays industrialisés
C’est dans ce contexte que le Parti libéral du Québec prend le pouvoir en décembre 1985. Parmi les nouveaux élus, ceux de la droite ultralibérale font de l’expérience britannique le modèle à appliquer au Québec. En effet, en Grande-Bretagne, l’approche marchande a réussi à mettre au pas un mouvement syndical et à défaire les arrangements institutionnels néo-corporativistes. La politique de la Dame de fer inspire donc les rêves de quelques acteurs politiques au Québec.
En effet, une partie importante des milieux d’affaires se laisse séduire par l’idée d’une application plus intégrale des principes du modèle marchand. Robert Bourassa, le nouveau premier ministre du Québec crée par décret trois groupes de travail dont le mandat consiste à redéfinir les frontières entre les secteurs public et privé dans le domaine de l’activité économique. Les principes d’un nouveau modèle sont énoncés.
Ces principes interprètent les crises du système productif et des finances publiques comme les conséquences directes de l’échec du modèle québécois de développement. On considère les anciennes façons d’agir comme inaptes à répondre au nouveau contexte de mondialisation et de révolution technologique. La critique et la dénonciation s’appuient sur les principes du monde marchand. Cela se fait pour proposer une nouvelle stratégie de développement qui devrait recréer les conditions de la croissance.
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Le projet s’appuie sur des conventions marchandes ayant cours dans plusieurs secteurs d’activités, dont le secteur financier. Ainsi que sur des expériences nationales où les conventions s’institutionnalisent sur une large échelle.
Parmi celles-ci, on trouve celle de la Grande-Bretagne, à laquelle on fait constamment référence dans les rapports des comités créés afin de trouver la solution aux problèmes. Dans le rapport Fortier notamment, on parle de l’expérience britannique comme d’une réorientation radicale de politique économique visant la réduction du secteur étatique et l’augmentation de la part des éléments d’actif contrôlés par le secteur privé, le retour au libre jeu des forces du marché et la promotion d’une culture marchande. Une nouvelle stratégie de développement proposée.
Elle s’appuie sur trois piliers : la privatisation des sociétés d’État, les déréglementations économiques et sociales, l’allégement de l’État. Les premiers mois du mandat libéral représentent donc un moment privilégie dans la critique du modèle québécois de développement.
Les principaux acteurs porteurs du nouveau modèle sont des administrateurs des grandes entreprises financières et commerciales. Effectivement, ils se retrouvent en grand nombre dans des comités. Aussi dans l’industrie manufacturière étant relativement peu représentée.
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