
Cataclysme au Saguenay
Le 4 mai 1971, vers 11 heures du soir, un événement meurtrier a plongé dans la stupeur le village de Saint-Jean-Vianney de Shipshaw, situé à 20 kilomètres au nord-ouest de Chicoutimi. Près de 35 maisons, sur un total de 70, ont été englouties dans une mer de boue suite à un glissement de terrain. La catastrophe a fait 31 morts.
Le sol s’est ouvert soudainement, entraînant des dizaines de maisons dans un immense cratère de près de deux kilomètres de long sur trente mètres de large, profond de cinquante mètres.
D’autres maisons sont demeurées juchées sur les bords de la falaise, dans un équilibre précaire.
Au moment de la tragédie, les gens étaient confortablement installés devant leur télévision et regardaient la partie de hockey opposant les Canadiens de Montréal à Chicago, quand tout à coup…
Selon les témoins, «c’était comme si l’enfer s’était ouvert… les flammes en moins».
Des secouristes, des policiers et des militaires de la base de Bagotville sont venus en aide aux sinistrés. Les sauveteurs arrivés sur les lieux ont dû calmer les dizaines de résidents qui pleuraient, appelaient au secours et cherchaient désespérément des amis qui se trouvaient dans les maisons englouties par la mer de boue.
Les services de police des municipalités avoisinantes de Chicoutimi, Jonquière, Kénogami et Arvida, ainsi que la Protection civile et la Croix-Rouge, organisèrent les secours aux victimes.
Un groupe d’employés de l’entreprise d’ALCAN se trouvaient dans un autobus qui a dégringolé dans le cratère. Heureusement, les occupants ont pu sortir du véhicule à temps.
L »effondrement serait dû à la formation en sous-sol d’un lac artificiel, sous l’emplacement du nouveau secteur résidentiel, et au gonflement des eaux de la rivière Shipshaw.
Saint-Jean-Vianney comptait à l’époque une population de 2 600 personnes.
Nom Saguenay
Le nom Saguenay désigne le territoire « duquel l’eau sort » et non pas la rivière, ce qui est d’ailleurs conforme à l’étymologie du mot amérindien saki-nip qui signifie eau qui sort ou source d’eau. Ce nom de lieu, toujours orthographié Saguenay par Jacques Cartier, est répété dix-neuf fois dans sa Narration de 1535-1536, et deux autres fois dans celle de 1541-1542. Cette constance graphique a certainement été un facteur déterminant de la stabilité du toponyme, car c’est cette forme orthographique primitive qui s’est imposée. Toutefois, quelques variantes graphiques du toponyme Saguenay, telles que Sagnay et Saguene ont paru surtout sur des cartes du XVIe et du début du XVIIe siècles. Elles ont disparu rapidement pour être remplacées par la forme Saguenay. Par ailleurs, les récits de voyages de Samuel de Champlain témoignent d’une démarche analogue à la cartographie de cette époque. Dans un premier temps, le fondateur de Québec orthographie ce nom de lieu de trois façons différentes : Sagenay (1603), Sacqué (1609) et Sacquenay (1615).
Ensuite, Champlain emploie toujours la graphie Saguenay qui avait été retenue par le découvreur du Canada. Le nom de cette rivière a conservé le genre masculin jusqu’à nos jours. C’est Champlain qui aurait fait connaître le genre masculin de ce cours d’eau ; dès 1603, il utilise les deux formes « rivière du Saguenay » et « le Saguenay, qui est une belle rivière ». Très peu d’auteurs ont employé le genre féminin. Parmi ceux-ci, signalons le cartographe français Levasseur qui indique sur sa carte de 1601 « La Saquenee ». Nicolas Bellin intitule un document cartographique de 1744 Carte du Cours de la rivière du Saguenay appelée par les Sauvauges Pitchitaouichez. Saguenay s’est appliqué à de nombreux autres lieux, en particulier à des espaces et à des accidents topographiques naturels.

Une trentaine de maisons ont été englouties avec leurs occupants dans le gouffre de la mort. Photo : La Presse, publiée le 5 mai 1971.
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