Papineau émigre
Après la bataille de Saint-Denis, Papineau fuit vers Saint-Hyacinthe, et de là il rejoint à Marieville un ami et chaud partisan, Étienne Poulin. Il s’agit alors de gagner rapidement la frontière des États-Unis en traversant une zone étroitement surveillée par les troupes cantonnées à Saint-Jean.
Poulin propose de conduire Papineau chez un homme sûr et connaissant parfaitement la région, alors boisée et marécageuse, où se trouve aujourd’hui la municipalité de Venise-en-Québec. Il serait facile ensuite de s’échapper vers Swanton.
Arrivés sur place, Poulin et Papineau retrouvent Médard Lamoureux et David Lanoue, qui conduisent Papineau chez Fortin. Ne voulant pas assumer une telle responsabilité, Fortin commande à Germain Chouinard de conduire le tribun et O’Callaghan, qui l’accompagne, jusqu’à Swanton.
Médard Lamoureux invite Papineau dans sa maison, le temps d’organiser la fuite avec le concours de son frère Julien, de David Lanoue et de Germain Chouinard, ainsi que d’un autre voisin, Béloni Campbell. Il faut avant le jour gagner les bois épais et marécageux qui bordent la Baie Missisquoi; on serait là en parfaite sécurité. Nul ne connaît mieux les sentiers que ces chasseurs aguerris. Chouinard conduit d’abord Papineau et O’Callaghan en voiture jusqu’à la baie. Le reste du trajet se fait à pied. Les deux fugitifs peuvent ainsi atteindre la frontière.
Cependant, Chouinard est arrêté à son retour et interrogé par une patrouille. Plus tard, la maison du capitaine Fortin est fouillée.
Prévenu à temps par le colonel James McGillivray, officier à Saint-Jean et ami de Fortin, ce dernier peut s’enfuir avant l’arrivée de l’armée. Pendant trois mois il se cache chez le curé Perreault d’Henryville. Mais ensuite, Fortin est arrêté et conduit devant un conseil militaire. Feignant l’ignorance, il déclare qu’il ne s’est pas personnellement occupé de l’étranger, qu’on lui demandait sa voiture et qu’il l’a simplement mise à la disposition de ces inconnus. Après le procès, il est confiné à demeure.