Fabien Roy sera le nouveau leader du Crédit Social

Fabien Roy accepte de diriger le parti Crédit social

Hier après-midi, le 30 mars 1979, le caucus des députés créditâtes à Ottawa est allé couronner à Saint-Georges-de-Beauce même leur nouveau chef national, M. Fabien Roy. Ce dernier a accepté en soirée le leadership du parti, entre autres afin d’« offrir aux Québécois une véritable alternative au vote libéral traditionnel, lequel ne nous a jamais servi d’une manière juste et équitable dans le passé ».

M. Roy, qui s’adressait à plusieurs centaines de ses partisans réunis à l’École Mgr Beaudoin de Saint-Georges, a fourni cinq autres raisons pour lesquelles il a accepté la direction au Crédit social du Canada. D’abord, il juge important que les Québécois puissent « vraiment compter » sur un groupe de députés d’ici à Ottawa, c’est-à-dire sur une équipe qui puisse faire bloc au Parlement.

Autre raison, le refus systématique des trois autres grands partis politiques fédéraux de reconnaître le droit des Québécois à l’autodétermination politique, malgré les recommandations de la Commission Pepin-Robarts. Ensuite, l’état lamentable, dit-il, des relations entre le gouvernement central « et toutes les provinces, dont le Québec ». M. Roy accepte aussi l’offre des créditistes en raison de « l’état lamentable de l’économie canadienne » et pour contribuer à « une réforme économique et monétaire avant toute chose »; voilà qui justifie, selon lui, son passage à Ottawa, « où se trouvent tous les leviers économiques ».

Ces thèmes seront élaborés durant la campagne électorale, notamment à compter de demain à Alma, où le Crédit social tient, avec M. Roy, un deuxième congrès régional.

M. Roy présentera la semaine prochaine devant l’Assemblée nationale sa démission de son poste de député provincial de Beauce – Sud. Au fédéral, il sera candidat dans la circonscription de Beauce. Il a indiqué hier soir que son parti présenterait des candidats dans les 75 comtés du Québec. Avant le discours du nouveau chef, en soirée, les ténors du Crédit social se sont fait entendre. Le député de Bellechasse, M. Adrien Lambert, a constaté « la faillite du gouvernement Trudeau », tandis que le député de Témiscamingue, M. Gilles Caouette, fils de Réal, a ‘discouru sur la continuité créditiste, depuis l’implantation du parti dans les années 40, sa riche moisson dans les années 60 — « et qui était due à la situation économique difficile qui prévalait alors », a-t-il précisé, et jusqu’au choix de M. Roy pour prendre la succession de son père et de M. André Fortin, tous deux décédés.

« Le Crédit social au Québec, c’est la valve d’échappement du nationalisme québécois », a lancé M. Caouette, qui a ajouté que le travail des députés créàitis tes en Chambre a amplifié ce rôle. Interrogé hier par Le Devoir (Note de GrandQuebec.com : hier pour 30 mars 1982) au sujet du « nouveau tournant possible » du Crédit social au sujet du nationalisme, depuis les dernières années de règne de son père jusqu’à l’accession de M. Roy à la direction du parti, M. Gilles Caouette a précisé que le fédéralisme de son père, en ses dernières années, n’était excédé qu’en apparence, car ce dernier parlait au nom de l’autonomie de chacune des dix provinces canadiennes, tandis que la perspective de M. Fabien Roy pourra être plus résolument québécoise.

Le caucus des députés créditistes a siégé à Saint-Georges à compter de 11 h hier matin et tout l’après-midi. Ils étaient tous là, sauf M. Armand Caouette, retenu à Chibougamau. Ils ont entériné une résolution demandant formellement à M. Roy « d’être désigné chef du Crédit social du Canada » et ce, pour deux raisons. D’abord, parce que la consultation entreprise auprès des militants créditistes du Québec immédiatement après la démission, le 22 février, du prédécesseur de M. Roy, M. Lome Reznowski. a donné une majorité de 75.2% de voix à M. Roy comme chef souhaité. En effet, 15,000 lettres ont été envoyées aux militants, dont quelque 3,000 avaient été retournées au parti hier. Aucune des questions posées ne mentionnait de noms quand il était question du chef souhaité; pourtant, 2,228 réponses exprimaient leur préférence pour M. Roy.

Ensuite, les qualités souhaitées du chef — l’honnêteté, la sincérité et la fidélité — répondaient, ont estimé les députés du caucus, à celles de M. Roy.

Enfin, le caucus a élu son état-major de campagne. Le député de Richmond, M. Leonel Beaudoin, en sera le directeur général, M. Clément Gauthier le secrétaire et M. Jean Cannon, bras droit de M. Roy depuis 20 ans, le grand ‘coordonnateur. ’ Des tractations ont eu lieu hier entre M. Roy et les députés afin de s’entendre sur les mêmes candidats pour la plupart des comtés clés. Le nouveau chef a promis pour la semaine prochaine « quelques candidats de prestige ».

M. Fabien Roy n’avait pas encore annoncé sa démission comme député à Québec que l’Union nationale était sur place, à préparer l’élection partielle dans Beauce – Sud, qui n’a pas été annoncée encore. M. Fernand Grenier, député unioniste du comté voisin (Mégantic – Compton), y passera le week-end afin de raviver l’enthousiasme des militants de la Beauce, qui avaient un député unioniste à Québec de 1962 à 1970. Pour l’UN (Union nationale), le départ de M. Fabien Roy pour Ottawa offrirait une occasion en or d’y faire une nouvelle percée.

Note finale : Aujourd’hui, le parti existe encore, mais il ne participe plus aux élections. Le parti agit sous le nom de Parti du crédit social du Canada.

Pour en apprendre plus :

Livre de Fabien Roy. Député à Québec et à Ottawa, mais toujours Beauceron.

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