Explosion à Belœil

Affreuse explosion à Belœil en 1915

Belœil. – Le coquet village de Belœil, qui a déjà été si cruellement éprouvé dans le passé, du fait des cruels accidents survenus à la poudrerie de la Canadian Explosifs Limited, vient d’être de nouveau affligé par une catastrophe épouvantable. L’émoi et la consternation règnent parmi la population ou les deuils anciens sont avivés par les deuils nouveaux qui viennent de se produire.

C’est vers 6 heures, ce matin (6 juillet 1915) qu’est survenu le malheur. Les malheureux qui ont été frappés travaillaient dans le pavillon de la cordite, qui a été complétement détruit. Autant qu’on a pu le savoir par les récits des survivants, dont les souvenirs sont naturellement confus et imprécis, tant la chose s’est passé rapidement et tant le sauve-qui-peut a été rapide, c’est la machine à couper la cordite qui a occasionné le malheur par une défectuosité dont on ne peut dire exactement la nature.

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Tout à coup, une flamme a jailli de la machine. Elle a grandi démesurément, a tout envahi, tout enveloppé dans son étreinte mortelle. On a entendu ses cris terribles. Les travailleurs se ruent au dehors, à travers le rideau de feu. En un rien de temps, tout était fini. Six morts gisaient calcinés. Neuf travailleurs se tordaient dans les affres de la douleur, plus ou moins gravement atteints.

L’explosion n’a pas été forte. En fait, on n’a rien entendu au village. La poudrière est exactement à un mille et demi de la gare.

Parmi les morts et les blessés se trouvent plusieurs jeunes filles. On compte aussi parmi eux un couple d’officiers importants de la compagnie. De sorte que les pertes se sentent non seulement par la population, mais elles affectent en même temps beaucoup de compagnie.

Six malheureux manquent à l’appel. Ces malheureux se trouvent encore ensevelis sous les débris de l’édifice. On a amené huit des blessés à Montréal. On les a transportés à l’hôpital Général. Le train qui amena ces infortunés, la plupart d’entre eux portant d’affreuses blessures, entre en gare Bonaventure un peu après-midi.

La nouvelle de la catastrophe

À l’arrivée de la première personne portant la triste nouvelle, a commencé une course folle vers les bâtiments de la poudrerie. Deux cents personnes environ travaillent là et on conçoit le nombre des parents et d’amis qui étaient anxieux de se renseigner sur leur sort. Comme toujours en pareille occasion, les premières nouvelles n’étaient pas précises, de sorte que chacun se demandait avec angoisse quel était l’être cher qui pouvait dispaitre. Avant de s’abattre définitivement sur les quelque douze ou quinze foyers qu’il a atteints, le malheur a plané au-dessus de tous et a répandu sur tous son ombre lugubre.

Les morts sont les suivants : J. Murray Wilson, gérant général de la division de chimie de la compagnie; Helmer Brown, surintendant du département de la cordite, à Belœil; Raoul Favreau, 36 ans, marié et père de cinq enfants; Belœil Station; Dick Meyer, 19 ans, célibataire, Belœil Station; Mlle Maria William, 30 ans, Belœil Station; Mlle Berthe Blain, 19 ans, village de Belœil. Dans les heures suivantes, Henri Chicoine, 40 ans, marié et « père de plusieurs enfants », ainsi que H. C. Schoch, 28 ans, devaient succomber à leurs blessures.

(C’est passé le 6 juillet 1915).

vieux moulin de beloiel
Le Vieux Moulin de Belœil, source de l’image : Société d’histoire de Belœil Mont-Saint-Hilaire.

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