
Les explosifs
On devrait en isoler avec soin les accumulations
Comme commentaire de dernière heure à la catastrophe d’Halifax et à celles qui l’ont précédée plus près de nous, à Hudson, à Dorval, etc., nous voudrions signaler à l’attention du public la responsabilité énorme qui prend le gouvernement fédéral, en ce qui concerne les explosifs.
Notre industrie des munitions a fait surgir naturellement parmi nous de nombreuses fabriques de poudre et d’explosifs très dangereux.
Ce sont des matières essentielles à la guerre moderne et s’il est nécessaire d’en fabriquer en quantités énormes, il n’est pas nécessaire de les laisser s’accumuler à proximité des villes plus considérables encore qu’Halifax et où les dommages que pourrait causer une explosion pourraient être encore plus considérables, tant en pertes de vies qu’en destruction de propriétés.
Les populations des environs de ces fabriques sont constamment dans l’appréhension d’accidents dont l’étendue peut être difficilement délimitée. Les fabricants et leurs ouvrier, familiarisés avec le danger, ne se rendent pas compte de l’inquiétude qui règne dans dans leur voisinage, lorsqu’on les voit laisser des centaines de wagons chargés d’explosifs sur des voies de garages, près de l’usine, sans une surveillance adéquate, souvent à proximité de voies ferrées sur lesquelles passent des locomotives lançant sur leur passage des escarbilles enflammées.
Il devrait y avoir un dépôt central, convenablement isolé et soigneusement gardé, où l’on recevrait les wagons de poudre et d’explosifs à mesure de leur livraison et d’où on les dirigerait, au fur et à mesure, vers les lieux où l’on en a besoin, ou vers les vapeurs qui doivent les transporter en Europe.
Nos concitoyens d’Halifax ont demandé au gouvernement une enquête sur la raison de la présence dans leur port du « Mont-Blanc » chargé de munitions et d’explosifs, qu’il avait pris à un port américain pour les transporter en Europe. Car l’ordre donné au « Mont-Blanc de toucher à Halifax est certainement le premier acte de responsabilité dans l’explosion qui a suivi.
De même la négligence qui laisse des centaines de wagons de poudre et d’explosifs à peu de distance de groupes importants d’habitations, portera la responsabilité d tout désastre du même genre qui pourrait survenir dans notre région.
(Article paru dans le journal Le Canada le 7 janvier 1918).

Explosion. Illustration : Marina Yakovina.
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