
Expédition du major Peter Schuyler contre Montréal
Après le massacre de Lachine, pour prévenir de nouveaux malheurs, le gouverneur de Montréal publia une ordonnance, obligeant les habitants, les plus exposés aux mauvais coups des Iroquois, à se retirer dans les forts, ou à l’intérieur des palissades de la ville. À cause des incursions des sauvages, souvent renouvelées dans la suite, cette mesure de prudence resta en vigueur jusqu’à la paix définitive en 1700.
Au commencement du mois d’août 1691, des voyageurs d’en Haut apportèrent la nouvelle qu’une expédition se préparait dans les colonies de l’Est contre Montréal. Des éclaireurs, envoyés à la découverte, annoncèrent que le major Peter Schuyler se dirigeait en effet sur la ville, à la tête de 700 à 800 hommes: Anglais, Loups et Agniers.
M. de Callières, dont la décision était prompte et le geste énergique, rassembla à la hâte un régiment de soldats et de miliciens et se rendit à Laprairie de la Madeleine attendre l’ennemi. Il envoya M. de Valrenne avec 300 hommes en avant-garde jusqu’à Chambly pour couper la route à Schuyler s’il était possible. La manœuvre ne réussit pas. Dans la nuit du 10, le major anglais attaque un campement de miliciens, le culbute facilement et se fraye un passage. M. de Saint-Cirque, qui a vu le mouvement de l’ennemi, accourt avec son bataillon de réguliers au secours des milices et s’engage à fond dans la mêlée. Dix-neuf Français et encore plus d’ennemis sont tués au cours de ce combat en pleines ténèbres. M. de Saint-Cirque et le capitaine Dosta sont parmi les morts.
Un second bataillon, sous les ordres de M. de La Chassaigne, se porte à la rescousse aux petites heures du jour et tient l’ennemi en échec jusqu’à l’arrivée de M. de Valrenne qui revient de Chambly. Pris entre deux feux, Schuyler se jette sur le détachement de Valrenne, pensant bien l’écraser facilement; mais il en reçoit une telle rebuffade qu’il décide à l’instant de reprendre le chemin de Albany. Il laissait 90 hommes en terre canadienne. Les Français en avaient perdu environ quarante. («The most hot and stubborn fight ever known in Canada.» — James P. Taylor: «Cardinal facts of Canadian History», p. 51).
L’année suivante (1691) les Iroquois reprirent leurs excursions annuelles de ce côté. Dispersés par petits groupes, ils se cachaient partout, ne se montraient nulle part, ne sortaient que la nuit. De nouveau ils se firent incendiaires et assassins. Ils mirent le feu aux villages de Contrecœur et de Saint-Ours, massacrèrent des colons isolés à Lachenaie, firent irruption à Repentigny, où François de Bienville fut tué avec deux soldats et trois colons (7 juin).
M. de Beaucours fut envoyé avec 300 hommes pour en déloger une bande, qui avait établi ses quartiers d’hiver entre le Saint-Laurent et la rivière des Outaouais.
Surpris d’une attaque aussi inattendue, les sauvages se défendirent mollement et le combat dura peu. L’ennemi, abandonnant sur place ses morts et ses blessés, se sauva à travers bois (février 1692).
Ils revinrent à l’automne et s’attaquèrent aux villages de la rive sud en aval de Montréal. À Verchères, ils firent prisonniers vingt colons, saccagèrent ou brûlèrent les maisons; mais ne surent détruire le fort, défendu par une jeune fille de quatorze ans, Marie-Madeleine de Verchères. L’événement est raconté par elle-même dans les « Récits des faits héroïques de Mlle Marie-Madelaine de Verchères contre les Iroquois en l’année 1696 (1692) le 22 octobre.» Relation faite par elle-même à la demande de M. de Beauharnois, (1726). — Archives de la Marine: « Collection Moreau St-Méry », vol. 5, folio 427.

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