La pêche dans les environs de Montréal
Étude dans les eaux du Saint-Laurent menées en 1941 – Comment les pêcheurs pouvaient y collaborer
Sur l’instance pressante de la population, le ministère de la chasse et des pêcheries de Québec entreprend, cette année, par l’entremise de son service de pisciculture, et en collaboration avec l’Institut de Biologie de l’Université de Montréal, dont M. le docteur Georges Préfontaine est le directeur, une étude générale des poissons qui fréquentent les eaux du haut Saint-Laurent.
Cette étude de grande envergure, poursuive sous les auspices du ministère de la chasse et de la pêche dont l’honorable P.-E. Côté est le titulaire, va s’appliquer à des aspects très variés de la vie de ces poissons. Ces aspects ont une importance pratique. L’un de ses principaux objets est de recueillir des données exactes sur la croissance et les mouvements de l’achigan, du doré, du maskinongé, de l’esturgeon et d’autres poissons.
À ce que nous communique M. Préfontaine, les rivières et les lacs de la région de Montréal, ainsi que les eaux qui baignent l’archipel d’Hochelaga, représentent, comme on le sait, des territoires de pêche d’une grande étendue et d’une importance considérable. On y trouve plusieurs espèces de poissons recherchés pour la qualité de leur chair et leur attrait sportif, en particulier : l’achigan, le doré, la perchaude, le brochet, le maskinongé et l’esturgeon.
Ce territoire de pêche, situé surtout de la partie la plus peuplée de la province, est peut-être, par là même, celui qui intéresse notre plus fort groupement de pêcheurs, au dire du directeur de l’Institut de Biologie. La pêche qui s’y pratique, la sportive et la commerciale, a été souvent menacée dans le passée et l’est encore. Aussi, les innombrables pêcheurs de la région, les associations sportives et touristiques s’inquiètent-ils avec raison de l’avenir de cette richesse. Ils désirent naturellement en assurer la conservation et le développement. Car cette pêche, à certaines époques de l’année, assure la subsistance de beaucoup de familles. Et le nombre des amateurs, des sportifs, des touristes, des gourmets, qui y trouvent leur repos, leur délassement préféré ou leur régal, est de beaucoup plus élevé qu’on le croit. À leur tour, divers comptoirs et industries retirent, de l’exploitation commerciale ou sportive de ces pêches, des revenus importants.
En vue de mener à bien l’étude générale des poissons telle que projetée, des équipes de techniciens, aidés peut-être de quelques pêcheurs intéressés, pratiqueront l’étiquetage d’un grand nombre de dorés, d’achigan, de maskinongés, d’esturgeon et des autres poissons qui fréquentent les eaux du haut Saint-Laurent.
Les étiquettes sont des bandes métalliques étroites, refermées en anneau et passées à travers la mâchoire inférieure ou la mâchoire supérieure, ou encore une nageoire, du poisson. Elles portent un numéro et les lettres UMQ (Université de Montréal, province de Québec), ou les lettres PQ (Province de Québec).
La collaboration des pêcheurs de toutes catégories est essentielle à une étude de ce genre, et on les prie instamment de bien vouloir fournir des renseignements précis sur les poissons étiquetés qui peuvent éventuellement s’accrocher à leurs lignes, écrit M. le Docteur Préfontaine. Ces renseignements diffèrent selon qu’il s’agit d’un poisson vivant ou d’un poisson mort.
Étiquette trouvée sur un poisson vivant et la conduite à tenir
Noter soigneusement par écrit les lettres UMQ ou PQ et le numéro de l’étiquette. Mesurer ensuite le spécimen avec le plus de précision possible (jusqu’à la demi ligne). Pour cela, placer le poisson sur une surface plane (rame, aviron, siège d’une embarcation), et prendre la longueur du bout du museau jusqu’à la fourche de la queue, la bouche fermée, en inscrivant cette longueur sur le support sous la forme de deux petits traits tracés au crayon ou au canif.
Le pêcheur peut ensuite chiffrer exactement cette longueur en pouces et en lignes, à l’aide d’une règle ou d’un gallon à mesurer. Reconnaître si possible, le sexe. Après quoi, remettre le poisson à l’eau sans déplacer l’étiquette. Ces opérations doivent être pratiquées le plus rapidement possible afin de ne pas prolonger, outre mesure, le séjour du poisson hors-de-l’eau.
Le collecteur est ensuite prié d’envoyer ces renseignements, en y ajoutant la date et l’endroit de la capture, son nom et son adresse, à l’une des deux adresses ci-dessous. Il recevra personnellement des renseignements intéressants sur le poisson qu’il aura pris.
Étiquette trouvée sur un poisson mort
Si le poisson porteur d’une étiquette est mort ou manifestement trop faible pour survivre, la conduite à tenir est plus simple. Il suffit de renvoyer le spécimen entier avec l’étiquette ou bien de renvoyer seulement la tête avec l’étiquette intacte. Il faut avoir soin de mesurer l’animal et de noter le sexe, si possible. Dans l’un ou l’autre cas, l’envoyeur ne doit pas oublier d’ajouter la date et l’endroit de la capture, de même que son nom et son adresse. Pour que les organisateurs de cette enquête puissent lui faire parvenir, en retour, des renseignements sur les circonstances dans lesquelles le poisson capturé a été étiqueté.
« Cette part de collaboration que nous sollicitons des pêcheurs, dit M. le docteur Préfontaine, aura une influence décisive sur les résultats de l’étude que nous entreprenons. En nous l’accordant, ils auront la satisfaction de participer à une œuvre dont le seul but est d’assurer la conservation d’un bien matériel qui appartient à tous, et qui fait la joie et la subsistance d’un grand nombre ».
