L’espionnage au Canada serait discuté à la prochaine session du Parlement
La lutte contre l’espionnage se poursuite au Canada aussi vigoureusement qu’en’46.
En silence et dans la discrétion, la Gendarmerie royale canadienne a entrepris de faire du contre-espionnage, en plus de ses autres fonctions importantes. Elle travaille en relation étroite avec d’autres services policiers alliés, dans une guerre clandestine internationale contre l’intrigue et l’espionnage communistes.
C’est aujourd’hui que ce fait a été souligné. L’Angleterre a porté une accusation d’espionnage atomique contre M. Klaus Fuchs, âgé de 38 ans et né en Allemagne, qui, a-t-on annoncé, a été interné au Canada comme étant d’un pays ennemi, au début de la deuxième guerre mondiale.
Monsieur Klaus Fuchs a été relâché par la suite pour travailler avec les alliés à la production des premières bombes atomiques.
Monsieur George Drew a aujourd’hui accusé le gouvernement de n’avoir pas suivi les recommandations faites par la Commission royale de 1946, dans son rapport sur l’espionnage. Au cours d’une entrevue, M. Drew a dit que l’affaire d’espionnage atomique en Angleterre souligne les dangereuses possibilités de ce manquement.
La déclaration du chef conservateur laisse prévoir que des députés de son parti discuteront les méthodes employées par le gouvernement pour lutter contre l’espionnage communiste, à la prochain session fédérale, la semaine prochaine.
Affaire Fuchs
Monsieur Drew a porté l’attention sur l’accusation portée par l’Angleterre contre M, Klaus Fuchs, qui a été interné au Canada au début de la deuxième guerre mondiale, puis qui a été relâché pour travailler aux recherches atomiques avec les Alliés.
« La recommandation de poursuivre certaines personnes, et qui a été suivie, n’était qu’une parmi les nombreuses qui ont été faites, a déclaré M. Drew. On n’a pris aucune mesure pour les autres et la suffisance du gouvernement peut avoir eu des conséquences qui vont au-delà de notre propre sécurité locale. »
Le chef conservateur s’est plaint des réticences du gouvernement à répondre aux questions posées par des membres de son parti sur le sujet, par le passé. Il a déclaré que les Communes devraient être renseignées clairement sur les mesures prises par le gouvernement, en plus des poursuites judiciaires.
Les recommandations de la commission comprenaient :
1 – Que les autorités appropriées « prennent les mesures jugées désirables et effectives… pour empêcher la transmission non autorisée (de renseignements) et pour établir une plus grande sauvegarde. »
2. – Que toutes les mesures de sécurité soient coordonnées et rendues aussi uniformes que possible.
3. – Que la loi sur les secrets d’État, en vertu de laquelle une vingtaine de poursuites ont été entreprises, soit étudiée à la lumière du rapport soumis et au besoin qu’elle soit amendée pour une plus grande sauvegarde.
4. Que la procédure ayant trait à la remise de passeports soit révisée.
Dossiers Fuchs
Le ministère de la Justice, a-t-on annoncé, assemble des dossiers secrets sur l’accusé, alors qu’il se trouvait interné au pays, pour les transmettre à d’autres ministères du gouvernement fédéral. On se préparait aussi à les fournir au besoin à l’Angleterre pour le procès.
Rôle du Canada
Cependant, on n’a fait aucun commentaire officiel. Le rôle joué par le Canada dans cette dernière révélation au public sur la lutte constante contre l’espionnage rouge, est resté secret : de même que celui joué par le F.B.I. À Washingotn, et Scotland Yard à Londres. Rien n’est est su : la règle internationale du silence a été appliqué même à la période de l’internement de M. Fuchs.
Espionnage continue
Des sources informées ont dit qu’il n’y a pas de raison de croire que les poursuites intentées en 1946, contre des espions au Canada, aient mis fin à l’espionnage russe au pays ; ni que ces poursuites aient touché plus qu’une fraction de l’espionnage existant alors.
Le Canada a continué sans relâche sa lutte et il le fait encore aujourd’hui. Le problème est même devenu plus aigu avec la domination rouge dans les pays de l’est de l’Europe. Il y a maintenant trois missions de pays communistes, à Ottawa : russe, polonaise et tchèque.
Rien n’indique que M. Fuchs ait été relié aux affaires d’espionnages de 1946. Mais le fait qu’on ait découvert matière à accusation contre lui prouve que l’espionnage russe n’a pas cessé d’exister.
Statut de M. Fuchs
Monsieurs Fuchs a été un des centaines d’étrangers appartenant à des nations ennemies qui ont été envoyés de L’Angleterre au Canada, en 1939 et en 1940, pour y être gardés avec soin. On craignait alors une invasion allemande. Plusieurs de ces Allemands avaient cherché refuge en Angleterre, contre le nazisme.
Plusieurs furent libérés en 1941 et en 1942. On leur permit de travailler à la cause alliée. Fuchs fut de ce nombre. Il retourna en Angleterre puis il vint aux États-Unis en 1943. Entre 1943 et 1946, il est supposé être venu au Canada pour son travail.
Le seul commentaire sur l’affaire est venu d’autorités en énergie atomique. On a dit être heureux de ce que M. Fuchs ne soit pas venu à l’usine atomique canadienne de Chalk River.
Quant à la Gendarmerie royale canadienne, elle n’a donné aucun commentaire, elle a gardé un silence absolu.
La Gendarmerie serait pourtant mêlée, au moins indirectement, à l’affaire. Elle est en relation constante avec le F.B.I. Américain, un officier de ces deux corps policiers étant posté l’un aux quartiers généraux de l’autre.
Quant au Service secret du gouvernement, il a été établi avec un minimum de publicité, il y a quelques mois. On croit qu’il est sous la direction de M. G. P. Glazebrook, ancien professeur d’université actuellement au service de liaison avec la Défense au ministère des Affaires extérieures. On n’a jamais dit au juste quelles étaient ses fonctions, sinon dans leur généralité.
(C’est arrivé au Canada en février 1950).
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