L’épidémie continue à frapper

Situation dans la Beauce – La Ligue des Ménagères vient au secours

La grippe sévit à la Beauce

Un lecteur écrit au « Soleil » pour lui signaler la présence de l’épidémie dans la Beauce. Il approuve la conduite du « Soleil » qui, pour protéger la santé publique, s’est attiré les critique de ceux qui voulaient cacher le mal.

Ste-Marie, Beauce. 10 octobre 1918 – (correspondance au « Soleil’) Je viens de vous donner, M. le Rédacteur, des nouvelles du progrès de la grippe dite espagnole dans la Beauce.

D’abord, je dois féliciter les directeurs du votre journal pour l’intérêt qu’ils prennent à faire connaître et à combattre ce terrible fléau.

D’un autre côté, c’était pénible de voir à Québec, centre d’intellectualité, des médecins se disputer et prétendre que Québec et la province étaient immaculés quant à ce qui concerne cette grippe.

C’est le temps de rappeler, que nous Canadiens, notre grand défaut, c’est de parler beaucoup et d’agir peu. L’Américain a un autre principe plus actif : « The man who acts is the man who succeeds ». Il est sage de mettre ce principe en pratique surtout en temps d’épidémie.

Pour donner de l’énergie à ceux qui en ont peu, il n’y a qu’à lire les quotidiens des États-Unis et ils verront ce que leurs voisins font pour enrayer l’épidémie.

La grippe est à l’état épidémique dans la Beauce.

Centaines de cas dans la Beauce

Beauce Jonction : Une centaine de cas, plusieurs mortalités. St-Joseph est atteint par le fléau. Au Saints-Anges : L’abbé Provencher est très malade et il y a un grand nombre de cas dans la paroisse. St-Sévérin : le curé est continuellement sur les chemins pour les malades. Sacré-Cœur-de-Jésus : il y a là 200 cas de grippe. Plusieurs citoyens sont morts, un grand nombre de bébés. Le vicaire est malade, le médecin, le notaire Grondin et son épouse, etc. St-Frédéric : une vingtaine de cas…

Nous espérons que l’autorité compétente verra à faire tout en son possible pour combattre le fléau.

Comment éviter la maladie

Souvent le péché vient de l’inertie, du manque de conseils ou de précautions. Il est à propos de signaler que nos conseils d’hygiène dans nos paroisses rurales ne valent pas grand chose. Ce conseil est en partie composé de gens qui ne connaissent la moindre notion d’hygiène.

Quant aux conseils à donner aux gens, etc. Voici : Consultez votre médecin, évitez les réunions, laissez pénétrer le soleil dans vos demeures, ne sortez pas trop vite et habillez-vous, nettoyez votre bouche, votre peau, vos habits.

Ne voyagez pas. Il serait d’urgence pour les autorités de l’Immigration de faire fermer la frontière, c’est-à-dire de ne laisser pénétrer personne des États-Unis au Canada pour un certain temps.

(Signé « Réveillons-Nous »).

La ligue des Ménagères combat l’épidémie

Le conseil suprême de la Ligue des Ménagères a décidé hier soir de coopérer à l’œuvre humanitaire des gardes-malade volontaires organisée par le Bureau de Santé de Québec.

C’est décidé, la Ligue des Ménagères de Québec va coopérer à l’œuvre chrétienne et humanitaire des gardes-malade volontaires. Cette décision a été prise au cours de la séance du Conseil Suprême, tenue hier, avec la bienveillante permission du Dr. Paquin, médecin de la ville.

Mmed Kos. Tanguay et J.-R. Hamel ont fait rapport de la demande faite à la Ligue par le Dr. Paquin et de la visite qu’elles ont faite à trois familles ont tous les membres sont atteints par la maladie. Elles ont trouvé là une situation particulièrement pénible pour les malades enfermés dans leurs résidences et abandonnés de tous. Elles ont toutes deux donné des renseignements qui justifient une action immédiate de la part des personnes charitables et en état de consacrer quelques heures tous les jours au soulagement des malades.

MM. J. Tanguay et J.-E-A. Pin ont reconnu l’urgence d’une action prompte et l’importance qu’il y a pour la Ligue de coopérer à cette œuvre belle et admirable du soulagement à apporter aux malades délaissés.

Voici le texte de la résolution unanimement adoptée : «  Le Conseil Suprême de la Ligue des Ménagères de Québec décide de prêter son concours à l’œuvre des gardes-malade et des visiteuse due à l’initiative du Bureau de Santé de ville de Québec et dans chaque Section l’exécutif s’occupera, sous la direction du Conseil Suprême de la Ligue et du Bureau de Santé, de voir à ce que les familles indiquées par ledit Bureau de Santé soient visitées et secourues le plus efficacement possible.

« Le Conseil Suprême fait un pressant appel aux sociétaires des Sections qui le peuvent et leur demande de donner sans plus de retard leurs noms à Mme la présidente de chaque section, afin que l’action soit prompte et que l’organisation des secours soit le plus rapidement efficace ».

Mme Tanguay a rapporté que le Dr. Paquin a dit que les dames qui voudront s’occuper de l’œuvre actuellement si nécessaire, n’ont rien à craindre pour elles dans les visites qu’elles feront aux malades sous leurs soins.

Les déléguées des différentes sections qui assistaient à la réunion d’hier soir, ont promis de faire tout ce qui est humainement possible dans leurs sections respectives pour coopérer le plus efficacement à l’œuvre. Comme quelques déléguées sont dans l’impossibilité de s’absenter de leurs foyers par leurs devoirs domestiques, elles ont offert de faire de la couture ou tout autre ouvrage qu’elles pourront exécuter à la maison.

Comme on le voit, grâce au généreux et admirable dévouement des dames de la ligue des Ménagères de Québec, les malades pauvres et abandonnés auront les secours nécessaires.

Nous ne pouvons que louer et féliciter la Ligue de son beau geste lequel va être d’un si puissant secours au Bureau de Santé de notre ville pour arrêter le progrès de l’épidémie qui sévit actuellement.

La grippe espagnole tue tellement de Canadiens en 1918
La grippe espagnole tue tellement de Canadiens en 1918 qu’on manque de cercueils pour les enterrer, raconte l’historien Pierre Cameron. Photo : Bibliothèque et archives Canada.

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