En ces arpentes de neige – le rôle de Voltaire dans la chute de la Nouvelle-France
Bien sûr, on pense à l’écrivain français François-Marie Arouet, dit Voltaire, le plus empressé courtisan des monarques de son époque, à qui l’on attribue le fait que la France n’ait pas porté secours à la Nouvelle-France après la conquête en 1760, la Nouvelle-France se résumant à ses yeux à « quelques arpents de neige ».
Dès lors naissait la légende noire du vieillard au sourire sardonique, rendu coupable presque à lui seul de la perte de la Nouvelle-France. Il est vrai que Voltaire n’est pas tendre envers l’Amérique française, lui, un grand admirateur de l’Angleterre et un farouche adversaire de l’Église, celle même si active à convertir les autochtones du Canada.
Voltaire l’écrira donc sur tous les tons : « Le Canada, pays couvert de neiges et de glaces huit mois de l’année, habitée par des barbares, des ours et des castors » (1753). « Je voudrais que le tremblement de terre eût englouti cette misérable Acadie » (1756). « On plaint ce pauvre genre humain qui s’égorge dans notre continent à propos de quelques arpents de glace en Canada » (1757).
La version la plus connue est cependant celle tirée de son célèbre roman « Candide », paru en 1758, où il souligne : « Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada ».
Mais nulle part Voltaire n’est plus clair et lapidaire que dans sa lettre au ministre Choiseul : « J’aime mieux la paix que le Canada, et je crois que la France peut être heureuse sans Québec » (1763).
Voltaire alors riait de son rire d’enfer;
Et d’un feu destructeur semant partout la flamme
Menaçant à la fois et le trône et l’autel,
Il ébranlait le monde en son délire impie.
(Crémazie).
Voir aussi :
(Alexandre Belliard. Légendes d’un peuple. Récits et chansons sur l’histoire de la francophonie des Amériques. Tomes I-V. Éditions Éditiö, Québec, 2016).).