École des H.E.C.

L’École des H.E.C.

par Esdras Minville

L`Université à la montagne ! Une ère nouvelle commence pour la première de nos institutions d’enseignement supérieur. À l’inquiétude qui depuis dix ans voilait les esprits, à l’espèce de lassitude qui à la longue menaçait de paralyser les plus vigoureux élans, va succéder, tout le monde l’espère, la foi confiante dans un avenir fructueux.

Bien installée dans un immeuble à la taille de sa mission et digne de son prestige, elle va pouvoir enfin déployer largement son essor et prendre place au premier rang des grandes institutions d’enseignement supérieur de la province et du pays.

L`École des Hautes Études commerciales, affiliée dès ses débuts à l’Université, ne l’accompagne pas à la montagne. L’immeuble de la rue Viger suffit encore à ses besoins. De plus, son champ d’action et son organisation étant ce qu’ils sont, il vaut probablement mieux qu’elle demeure, longtemps encore là où elle est établie, dans le quartier des affaires.

Mais entre les deux institutions il y a partie liée. L’esprit de collaboration qui a marqué les anciens jours, loin de se relâcher, inspirera plu profondément nous l’espérons les jours nouveaux.

Il ne faudrait pas que l’éloignement de l’institution centrale du vieux quartier altérât en quoi que ce soit l’excellence de ses relations avec celles de ses écoles qui restent sur place. Au contraire.

Nous aurons plus que jamais besoin d’union dans l’effort, de communion dans la même pensée. Une œuvre de réfection immense nous attend, attend notre pays, notre peuple quand finira – plaise au Ciel que ce soit bientôt – le conflit qui depuis trois ans ravage le monde, y sème la ruine et la détresse. Une œuvre à laquelle les institutions d’enseignement supérieur ne sauraient rester indifférentes, à laquelle elles auront le devoir impérieux de participer selon leurs moyens et dans la ligne même de leur mission sociale et nationale : former des chefs ouverts aux exigences des temps nouveaux, donner des directives, préparer un programme d’action inspiré des intérêts supérieurs de notre société et de notre peuple et une élite capable d’en assurer la réalisation. Mais l’action particulière de chacune d’entre elles devra procéder d’une même pensée ordonnatrice, d’un même corps de doctrine élaboré dans l’accord des intelligences et des volontés. C’est donc à une œuvre de large collaboration sur le plan de la pensée et de l’action que l’Université, établie désormais sur des bases matérielles fermes, doit convier les écoles et facultés associées sous son égide. D’avance notre humble concours lui est acquis.

L`École des Hautes Études commerciales partage avec un certain nombre d’autres institutions universitaires l’enseignement des sciences économiques. L’effort de ses quelque trente années d’existence est déjà considérable. Outre son enseignement créé de toutes pièces et continuellement mis au point, elle a organisé des services : bibliothèque, musée commercial et industriel qui sont un précieux acquis pour ses étudiants et pour le public. Elle ne demande pas mieux que d’intensifier cet effort, et d’autant plus que les besoins des années à venir s’annoncent à la fois plus nombreux et plus impérieux. L’enseignement, la formation d’hommes d’affaires instruits de leur métier et pénétrés du sens de leurs responsabilités, de spécialistes de telle ou telle branche du commerce, de l’industrie et de la finance demeure il va sans dire sa grande préoccupation ; elle ne néglige aucun moyen d’en accroître de plus en plus l’efficacité.

Mais elle envisage aussi diverses initiatives qu’elle juge nécessaire au rayonnement de sa pensée et aux progrès de la population. Quelques-unes sont déjà amorcées. Ainsi les cours publics sur la province de Québec géographique, économique et humaine et les publications auxquelles ces cours donnent et donneront lieu; la création au musée commercial et industriel d’une section de la province de Québec, point de départ de ce que nous souhaitons être un jour un centre de documentation économique à l’usage des étudiants, des hommes d’affaires et du public en général. Ces initiatives ont déjà éveillé l’intérêt et on a bien voulu nous dire qu’elles répondent à un besoin. Nous proposons de parfaire ce qui est commencé et, à mesure que les circonstances le permettront, d’amorcer d’autres entreprises, apparemment distinctes, mais en fait reliées aux premières et à tout l’organisme de l’école, selon un plan d’ensemble visant à faire de notre institution un centre de plus en plus important d’études, de recherche et de documentation.

Ce n’est certes pas le travail qui manque, tant dans le domaine qui nous est propre que dans celui où évoluent les autres institutions rattachées à l’Université de Montréal. Nous avons vécu comme peuple une existence difficile, traversées de multiples et dures épreuves dont nous subissons encore aujourd’hui les lointaines conséquences ; les malheurs’ actuels du monde nous atteignent comme les autres et peut-être plus durement que les autres étant donné les faiblesses de notre situation ; enfin l’avenir s’annonce chargé d’exigences nouvelles. Réparer les insuffisances du passé, consolider le présent, préparer aux générations futures une existence meilleure que la nôtre, contribuer du même coup aux progrès bien compris : matériels, intellectuels et moraux de la société humaine, c’est un programme lourd, mais digne des plus hautes aspirations des institutions d’enseignement. L`Université de Montréal en assumera sans doute le fardeau avec détermination et avec amour. A l’aurore des temps nouveaux qui commencent aujourd’hui pour elle nous formons le vœu que l’esprit de concorde et de paix l’enveloppe et qu’elle réalise pleinement la haute mission dont elle est investie parmi nous.

Esdras Minville, Directeur de l’École des Hautes Études commerciales. Septembre 1942.

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L’École des Hautes Études commerciales. Photo : © GrandQuebec.com.

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