École expérimentale Auclair

Vaut mieux rester à la maison que d’aller à l’école Auclair

Des parents en colère ont décidé, au cours du weekend, qu’il était aussi avantageux pour leurs enfants de rester à la maison que d’aller à l’école primaire Auclair, à Saint-Lazare, village situé à l’ouest de Montréal.

II s’agit d’une école expérimentale qui, selon eux, prépare mal leurs enfants à passer au secondaire.

Après avoir essayé différents autres moyens, les parents devaient prendre la route de l’école au lieu de leurs enfants, ce matin, dans le but de boycotter les cours jusqu’à ce que la commission secondaire et les professeurs acceptent de les rencontrer et d’entendre tous leurs griefs.

Le boycottage des cours ne devrait pas présenter de problème car une assemblée des parents car une assemblée des parents et un sondage ont démontré que les révoltés sont en majorité.

C’est presque à l’unanimité que les parents des 250 enfants qui fréquentent l’école Auclair ont opté pour un retour à l’enseignement traditionnel à progrès continue.

De plus, ils réclamât le renvoi de trois des professeurs.

LA PRESSE a rencontré une dizaine d’entre eux, hier après-midi. Avec un dossier particulièrement bien documenté, ils ont fait l’historique des difficultés. Il faut préciser que trois institutrices, qui ont des enfuis dans cette école, étaient du nombre.

L’école, de la catégorie à aires découvertes, a été inauguré en octobre 1971. Même si cette école a été imposé sans consultation, les parents l’ont acceptée et ont collaboré avec le personnel pendant deux ans.

C’est après les Fêtes, l’an dernier, que les parents ont commencé à s’inquiéter devant les difficultés qu’prouvaient presque tous les enfants qui venaient de graduer au secondaire.

Dans une copie d’un document du conseil de l’école, en date du 18 février dernier, on reconnaît que els étudiants affichent un écart de 10 pour cent avec les autres écoles… mais que leur comportement général est comparable à la population scolaire globale.

Deux faiblesses

Les parents se plaignent surtout de la faiblesse de l’enseignement du français et des mathématiques. Des élèves de l’école Auclair ont obtenu 9 et 2 pour cent dans les tests de classification en français à leur arrivée au secondaire…

Les parents se sont informé au secondaire et ont appris que leurs enfants n’étaient pas prêts.

À l’école Auclair, on leur a dit que les objectifs n’étaient pas les mêmes qu’au secondaire I et les professeurs auraient déclaré aux parents qu’ils voulaient faire des pressions pour que le secondaire s’ajuste au primaire de l’école Auclair.

Les parents ne voient pas les choses du même œil et à la suite d’une assemblée, le comité d’école a fait parvenir une série de recommandations au principal André Beaudin, le 8 novembre dernier.

Les parents veulent qu’un programme cadre complet soit établi en collaboration avec tous les professeurs de l’élémentaire du secteur Vaudreuil et qu’il soit ensuite soumis pour étude aux professeurs du secondaire afin de créer le lien nécessaire au passage du primaire au secondaire.

À cause de l’apparente faiblesse du système expérimenta], les parents veulent que les enfants de sixième année aient un programme accéléré et approfondi d’ici la fin de l’année et qu’ils fassent même une septième année pour compléter la formation nécessaire à leur passage au secondaire I.

De plus, ils déplorent l’absence de discipline à l’école Auclair.

Quant aux professeurs, dans une lettre en date du 4 novembre dernier, ils faisaient connaître leur refus de rencontrer les parents.

Vendredi soir, les parents convoquaient une réunion de parents afin de décider de la ligne de conduite à suivre.

Quatre-vingt-treize personnes y assistaient et, au cours du week-end, la majorité des autres parents ont participé au sondage.

Le ministère de l’Éducation a déjà été sensibilisé au problème mais n’est pas en mesure d’évaluer le nouveau le système tant qu’un cycle I complet de six ans n’aura pas été complété.

Mais les parents n’ont pas l’intention d’attendre jusque-là.

Charbonneau : les écoles sont un éminent terrain de luttes sociales et politiques

Le président de la Centrale des enseignants du Québec, M. Yvon Charbonneau, considère les écoles comme un terrain éminent de luttes sociales et politiques.

Prenant la parole, samedi, devant quelque 600 enseignants syndiqués affiliés à la CEQ et à la Fédération nationale des enseignants du Québec (CSN), M. Charbonneau a ajouté que cette lutte se livre chaque jour parce que le pouvoir veut assujettir l’enseignant et l’enseignement à ses vues politiques.

Il a invité les enseignants à concourir à ce procès qui s’engage.

D’un autre côté, il a dit comprendre et assumer les inquiétudes des jeunes et des parents vis-à-vis des critiques au sujet des écoles publiques.

« Dire que le pouvoir est en train de freiner les investissements dans le secteur de l’éducation alors qu’il finance la relance du secteur privé », de commenter le président de la CEQ. « C’est à nous de la dire », a-t-il recommandé.

Cette assemblée, qui avait lieu à Montréal, était la quatrième réunion régionale visant à sensibiliser les enseignants au problème de la sécurité d’emploi. Au cours de cette rencontre, ils ont convenu de la nécessité de relancer le Front commun. Cela a amené M. Charbonneau à parler des priorités des prochaines négociations et il a mis les enseignants en garde contre les tentations de choisir entre deux maux: « se faire voler le produit de notre travail ou se faire voler notre travail ».

Il estime que ces deux luttes sont deux facettes et « qu’il ne saurait y avoir de négociations entre nous ».

Il a fait cette remarque parce qu’il a entendu cette réflexion qu’il qualifie de dangereuse: « C’est bien beau des salaires, mais il faut avoir une job ».

Il reconnaît que la perte d’emploi est on ne peut plus criante et qu’il y a même de l’insécurité dans l’emploi, tout en ajoutant que les enseignants ont le droit fondamental au produit intégral du produit de leur travail.

Pour améliorer leur situation et la qualité de l’enseignement, les enseignants réclament l’élaboration d’un régime de sécurité d’emploi absolu.

(Ce texte a été publié dans le quotidien La Presse le 18 novembre 1974).

Voir aussi :

Et il vida d'un seul trait le verre du bon Armagnac qu'il tenait à la main. » (Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires.) Photo de Megan Jorgensen.
Et il vida d’un seul trait le verre du bon Armagnac qu’il tenait à la main. » (Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires.) Photo de Megan Jorgensen.

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