Duplessis, refuse-t-il son concours à Ottawa ?
Maurice Duplessis empêche les députés de seulement parler en Chambre de l’offre
Montréal estime que le plan fédéral réglerait le chômage – Tout comme M. Tremblay, M. Duplessis nei avoir reconnu, pour son chef, l’honorable R.-B. Bennett. – Le cabinet de fait donner le contrôle absolu des secours de chômage – Les armements : M. Cléophas Bastien demande à M. duplessis s’il veut discuter la question des armements, mais le premier ministre se défile. – Comment Québec a suscité mille difficultés à Ottawa à propos des travaux de chômage – Les ministériels recommencent le chahut
Québec, 9 mars 1939 (Du correspondant parlementaire du Canada) – Le gros débat de la journée, à l’Assemblée législative, a porté aujourd’hui sur les nouveaux moyens que veut prendre le gouvernement provincial pour contrôler exclusivement l’administration du chômage dans la province du Québec. En vertu du projet de loi discuté cet après-midi et adopté en troisième lecture ce soir, M. Duplessis confère MM. William Tremblay, Johny Bourque, Martin R. Fisher, Anatole Cargnan, le titre de contrôleurs de toutes les sommes que le gouvernement consacrera à secourir les chômeurs, par les allocations ou par les travaux.
D’après le discours du premier ministre, qui apportait de nouvelles explications cet après-midi, il semble bien que la province entend dorénavant se débrouiller toute seule. De collaboration avec le Dominion, il n’en fut question que dans les discours prononcés plus tard par certains membres de l’opposition. M. Duplessis, lui, veut paraître convaincu d’un fait : c’est que le gouvernement fédéral n’a pas d’autres buts que de prendre l’argent destiné aux chômeurs et de l’affecter au budget des armements.
Ces propos démagogiques ont animé tous les ministériels qui ont eu à parler de chômage.
En l’absence du chef parlementaire de l’opposition, MM. Cléphas Bastient, Léon Casgrain et C.-A.Bertrand, ont très souvent répliqué au premier ministre qu’il entend collaborer avec Ottawa de cette façon électorale, il peu s’attendre à très peu de considération. Les députés de Laurier, de Berthier et de Rivière du Loup ont représenté que si M. Duplessis veut se plaire, à ce genre de guerre d’une déloyauté aussi manifeste, contre des administrateurs qui ont déjà poussé la complaisance jusqu’à lui laisser l’entière disposition de sommes énormes versées au fonds de chômage (jusqu’à 50 pour cent du coût), il n’y a rien d’étonnant à ce que l’enthousiasme fléchisse.
Au lieu de ces discours provenant de la part du chef d’État, MM. F.-J. Leduc, René Chaloult, Philippe Hamel et J.-E. Grégoire veulent aussi, sinon des formules conciliantes, du moins plus parlementaires, dans la bouche de M. Duplessis pour adresser des demandes à Ottawa.
Mais on n’entend guère raison. Le débat, comme tout débat d’Union Nationale qui se respecte, est ponctué de clameurs, d’un désordre pittoresque, d’accusations en l’air, d’apostrophes entre députés, de propos hargneux, d’un concert d’injures en sourdine.
D’après M. Duplessis, la loi actuelle ne change rien. Dans la loi votée en 1937, il était dit que les commissaires étaient nommés à bon plaisir. Personne n’a protesté, alors, dit-il…
Le bill est finalement rapporté à la Chambre sans amendement. La troisième lecture en est fixée, à la prochaine séance.
Avant l’ajournement, le docteur Hamel réclame de nouveau les documents qu’il a demandés relativement à certaines concessions de forces hydrauliques. M. Duplessis répond qu’il les a déposés sur la table et que le député de Québec – Centre n’avait qu’à les prendre. Comme le Dr. Hamel revient à la charge, M. Duplessis dit qu’il va les envoyer porter à sa résidence par un messager accompagné de deux constables. (- Je voudrais que vous me les donniez de façon que je les eusse, dit le Dr. Hamel).
Texte publié le vendredi 10 mars 1939 dans le journal Le Canada.
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