Légende de Donald «Robin Hood» Morrison
Donald Morrison est né en 1858 à Lac-Mégantic, dans une famille de colons écossais. Vers 1876, il part dans l’Ouest du Canada puis aux États-Unis, où il travaille comme cowboy. En 1881, il est de retour dans les Cantons de l’Est. En 1886, Morrison perd sa ferme familiale à la suite d’une dispute financière avec le major Malcolm McAulay, l’homme fort de la région.
Donald Morrison commence alors une croisade personnelle contre les escrocs et les nouveaux propriétaires terriens. Il se rend alors coupable d’actes de vandalisme et d’incendies criminels. Comme il n’y avait pas de policiers à Mégantic, la municipalité engage le constable américain Lucius Jack Warren Donald, à 2,50 $ par jour, plus une prime de 25 $, pour l’arrestation de Morrison. Mais c’est Morrison qui tue Warren le 22 juin 1888.
Des témoins oculaires (à l’exception d’une personne), prétendent que Morrison a tiré en légitime défense. Toutefois, il faut admettre que Warren ne faisait que son devoir de policier en arrêtant l’auteur présumé d’actes criminels.
Ensuite, le «justicier» échappe aux tentatives d’arrestation pendant deux ans grâce à la solidarité des fermiers. Environ quatre cent cinquante policiers de la Sûreté Provinciale le recherchent, et une forte prime de 3 000 $ est offerte pour son arrestation.
Le Canada lit avidement les journaux qui couvrent l’événement chaque jour.
L’opinion publique est divisée: la plupart des journaux et revues francophones considèrent Donald Morrison comme un bandit, alors que presque tous les journaux anglophones le présentent comme un innocent, protégé par ses voisins écossais, une sorte de Robin Hood moderne. Le journal Montreal Daily Star publie deux entrevues du journaliste Peter Spanyard avec Morrison, ce qui fait sensation.
Pendant ce temps, des battues générales sont menées contre lui, et tous les bois, fossés et même les maisons suspectes sont fouillés de fond en comble. Le juge Dugas proclame la loi martiale dans le district et interdit formellement de loger ou de nourrir le hors-la-loi.
Certains habitants ont passé quelques jours en prison pour avoir violé cette loi ou pour avoir déclaré leur appui à Morrison. Par exemple, D. K. MacDonald, opérateur du Canadian Pacific Railway, avait affiché sur la porte de l’armoire à billets de la station de Spring Hill, un portrait de Donald avec les mots «a good man».
C’est le lundi de Pâques, le 21 avril 1889, que le constable McMahon et le guide Pierre Leroyer blessent Morrison à la jambe et le capturent lorsqu’il rend visite à ses parents. Il est jugé à Sherbrooke et condamné à 18 ans de travaux forcés.
Dans la prison de Montréal, Donald Morrison refuse nourriture et médicaments. Suite à une pétition de plusieurs centaines de citoyens, le ministère de la Justice signe sa libération et Morrison est relâché le 19 juin 1894. Il est transporté à l’hôpital Royal Victoria, où il s’éteint, suite à une maladie pulmonaire appelée alors consomption.
Donald Morrison est devenu un personnage légendaire dans les Cantons de l’Est, au Québec. Son histoire a été racontée avec éclat dans le poème Donald Morrison, the Canadian Outlaw, d’Oscar Dhu, connu sous le nom d’Angus Mackay (écrit en 1892). Plusieurs autres œuvres ont été consacrées à la vie de Morrison, entre autres le roman de Bernard Epps, The Outlaw of Megantic.
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