Développement religieux et missions

Développement religieux en Nouvelle-France en  1700-1750 et les missions sulpiciennes

Rien ne fut négligé par les Jésuites et les Sulpiciens pour amener les sauvages chrétiens à se grouper autour de Montréal. Les deux Compagnies religieuses reçurent de la couronne des seigneuries pour y fonder des établissements réservés aux Iroquois, Algonquins et Montagnais.

La Prairie-de-la-Madeleine avait d’abord été concédée aux pères Jésuites en 1647. Ils formèrent une mission de blancs et de sauvages iroquois convertis et firent quelques concessions de terres après 1660. Les sauvages trouvant l’endroit trop humide, le roi donna aux missionnaires une autre terre, contenant deux lieues de front sur le fleuve, à commencer à une pointe vis-à-vis les rapides du saut Saint-Louis, en montant le long du lac, sur pareille profondeur, et joignant aux terres de la Prairie-de-la-Madeleine.» La nouvelle concession devait faire retour au domaine royal lorsque les Iroquois l’abandonneraient.

En 1716, la mission fut définitivement transférée à Caughnawaga, en face de Lachine, où elle existe encore.

Le roi donna 2 000 livres pour la construction d’un fort en pierre et d’une chapelle. (Mémoire du roi, 15 juin 1716. — Archives de la Marine: ce Collection Moreau St-Mery,» vol. 7 F. folio 374). Le père Lafitau, qui s’était opposé à ce changement, présenta aux autorités un important mémoire pour en montrer tous les inconvénients; mais ce fut en vain; la mission fut déménagée.

Les Iroquois vivent encore sur cette réserve indienne, sous la protection du gouvernement.

Lorsque la mission était à Saint-François-Xavier de Laprairie, une jeune sauvagesse chrétienne de la tribu des Agniers, aux cantons iroquois, était venue rejoindre ses congénères convertis. Kateri (Catherine) Tekakouitha, née en 1656 au village Ossernenon, près de Albany, était restée orpheline à l’âge de quatre ans, ses parents étant morts de la petite vérole. Baptisée en 1676, elle voulut fuir le milieu païen de ses ancêtres. Elle s’évada de son village sous la protection d’un compatriote onneiout, converti comme elle.

C’était à l’automne de 1677. Cette pieuse enfant avait, dit-on, fait vœu de virginité.  Après une vie toute d’édification et de vertu, la vierge iroquoise mourut à Laprairie, le 17 avril 1680.

On peut dire qu’elle n’avait fait que passer dans la mission; mais sa mémoire est restée en grande vénération parmi les siens. Les sauvages ont aujourd’hui un religieux respect pour celle qu’ils appellent leur petite sainte et à laquelle ils attribuent toutes sortes de faveurs.

Missions sulpiciennes

La conversion des sauvages était au premier plan des motifs de la fondation de Montréal; mais les Indiens, par leurs incursions contre Ville-Marie, empêchèrent longtemps toute entreprise de ce genre. Ce n’est qu’en 1676 que les Sulpiciens purent fonder leur première mission sédentaire à la montagne. MM. Bailly et Mariet commencèrent cet ouvrage, que développa ensuite M. de Belmont. Ce dernier établit un village avec chapelle, maison pour les missionnaires, des cabanes pour les familles, un cimetière. Tout cela fut entouré d’une palissade en bois, avec bastions aux angles. Ce fut le fort de la montagne. L’incendie ravagea une partie de l’éta blissement en 1694. M. de Belmont fit rebâtir en pierre ce que le feu avait détruit. (De l’antique fort de la montagne, il reste debout les deux tours de pierre, en face de la chapelle du Grand Séminaire).

Il y avait là agglomération d’Iroquois, Hurons, Algonquins, Loups, Renards et autres, pour qui le voisinage de la ville devint une occasion de désordres (Le feu avait été mis, accidentellement sans doute, par des sauvages en état d’ivresse. — Lettre de M. Tronson).

En 1704, on décida de déménager la mission au Saut-au-Récollet, sur le domaine des seigneurs. Les sauvages devenant de plus en plus nombreux, on songea à les établir sur un plus grand domaine en dehors de l’île de Montréal. En 1721 le village indien était définitivement transporté sur les bords du lac des Deux-Montagnes. Ce changement coûta 20 000 livres au séminaire.

Les missionnaires reçurent du roi, pour établir là leur mission, trois lieues de terrain en carré, à l’usage exclusif des sauvages, convertis. Sur la concession, faite en 1718, les seigneurs firent construire à leurs frais, une église, un fort de pierre et des habitations pour les sauvages. À côté de la réserve sauvage, le séminaire se fit donner la seigneurie du Lac des Deux-Montagnes. Sur une partie de ce domaine s’élève aujourd’hui l’abbaye des Cisterciens réformés, mieux connue sous le nom de monastère des Trappistes.

À mesure que les sauvages prirent contact avec la civilisation, ils devinrent plus difficiles à conduire et se firent plus exigeants. Malgré tous les sacrifices pécuniaires faits pour les établir convenablement, ils prétendirent à l’entière propriété et à la libre disposition de leurs terrains (On sait que les sauvages, encore aujourd’hui, ont pleine jouissance des terrains qui leur sont réservés, mais qu’ils n’en peuvent disposer d’aucune manière en faveur des blancs.)

Le Séminaire, à diverses reprises, dut se défendre contre leurs prétentions et faire valoir ses titres. Les missionnaires eurent longtemps à soutenir une lutte terrible contre les superstitions, les jongleries, l’ivrognerie et même les soulèvements de leurs néophytes. (Abbé Henri Gauthier: « Sulpitiana.» p. 222).

En 1748, les Sulpiciens formèrent le projet de réunir les cinq nations iroquoises en une seule mission au fort Frontenac. Le nouvel intendant, François Bigot, écrivit au ministre à ce sujet. Il semble bien que la cour ait donné son approbation à l’œuvre projetée. La même année, l’abbé Picquet, sulpicien, quittait la mission d’Oka pour aller fonder celle de La Présentation, aujourd’hui Ogdensburg. Accompagné de Canadiens et de sauvages, le Sulpicien visita le pourtour du lac Ontario sans doute dans le dessein d’y réunir tous les Iroquois dans une grande mission sédentaire. Il revint à La Présentation, où il érigea un fort de pierre et en fit une place forte pour les sauvages, qu’il y réunit en grand nombre. Picquet est le grand missionnaire des Iroquois.

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Église canadienne. Photo de Megan Jorgensen.

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