Développement industriel du Québec vers la fin du XIXe siècle
À partir de 1896, le Québec bénéficie du retour à la prospérité. Il connaît une accélération soudaine et rapide de son rythme de croissance. De nombreux capitaux, souvent américains, envahissent la province. Le chemin de fer et le Saint-Laurent favorisent le développement de la plaine de Montréal. Des fabriques ouvrent leurs portes à Joliette, Saint-Jérôme, Valleyfield, Saint-Jean et Saint-Hyacinthe. Dans la région de Hull, la valeur de la production – surtout forestière – double. La croissance de l’industrie de la pâte de bois et du papier, de même que l’utilisation intensive des forces hydrauliques attirent la main-d’œuvre vers de nouvelles régions.
Ainsi la Mauricie se développe et Shawinigan passe d’une population dérisoire en 1898 à 10 000 habitants en 1921. Dans les Cantons de l’Est, l’implantation de firmes américaines (textile, confection, meubles) commence. La ville de Québec tente de pallier la fermeture de ses chantiers maritimes par une industrie légère (cuir, bois, mécanique et confection). Mais, en 1901, Québec, avec ses 69 000 habitants, sait qu’il ne rattrapera plus Montréal (267 000). Dans la région du Saguenay, Jonquière et Kénogami démarrent avec l’établissement de deux fabriques de pâte de bois. La Gaspésie, un peu en marge de ce développement économique étourdissant, vit principalement d’une maigre agriculture et de pêche.
Déjà, en 1900, Montréal joue un rôle capital dans l’économie du Québec. La valeur de la production dans cette région atteint 71 millions de dollars comparativement à 158 millions pour l’ensemble du Québec. Au début du siècle, l’industrie de la chaussure vient au premier rang, suivie de celles des produits laitiers, du bois, du vêtement et de la pâte à papier. Le secteur primaire occupe 48,3 pour cent de la population active. Le secteur secondaire englobe 25,2 pour cent des travailleurs. Les autres, soit 26,5 pour cent, appartiennent au secteur tertiaire.
(Le secteur primaire se dit des activités productrices de matières premières non transformées. Il regroupe principalement les activités agricoles, forestières, minières… Le secteur secondaire comprend les activités productrices de matières transformées. Il regroupe principalement les employés des industries. Le secteur tertiaire comprend toutes les activités non productrices de biens de consommation. On l’appelle communément le secteur des services).
Au Québec, les pâtes et papiers sont à l’origine du développement de régions entières, dont la Mauricie et le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Jean-Pierre Charland nous fait découvrir le développement de cette importante industrie du Québec au cours du siècle dernier dans l’ouvrage “Les Pâtes et papiers au Québec, 1880-1890 (IQRC 1990). L’auteur a choisi de traiter l’évolution des techniques et de la production, les conditions de travail, les relations entre les compagnies et les municipalités où elles sont implantées.
L’électricité est sans contredit une des principales richesses naturelles du Québec. Dans un livre abondamment illustré intitulé “Québec, un siècle d’électricité” (Libre Expression, 1984), A. Bolduc, C. Hogues et D. Latouche retracent l’histoire de l’exploitation de cette ressource depuis la création de la Montréal Light, Heat and Power jusqu’aux grands projets de la Baie-James.
Les progrès du syndicalisme au Québec
Petit à petit, la prospérité économique favorise l’industrialisation et l’urbanisation du Québec. Face à de nouveaux problèmes et à une condition sociale différente les ouvriers sentent le besoin de faire front commun et de se syndiquer. Des travailleurs québécois adhèrent aux Chevaliers du travail dès 1886. Au début du XXe siècle, le Québec compte 151 unions locales, comparativement à 547 en Ontario. Une Fédération canadienne du travail se fonde à Kitchener (Ontario) en 1902 et, immédiatement, elle recrute les plus gros de son effectif dans le Québec. En 1904, par exemple, sur ses 10435 membres, 9000 sont Québécois, dont 5000 de la Vieille Capitale. Néanmoins, le centre d’influence de cette fédération passe vite à la Nouvelle-Écosse, puis en Ontario.
Un syndicalisme typiquement québécois naît durant cette période. La grève des cordonniers de la ville de Québec en 1899 en est l’occasion. Les cordonniers appartiennent à des loges des Chevaliers du travail, ce qui déplaît aux 22 employeurs groupés en une association. Niant à leurs ouvriers le droit de s’associer professionnellement, ils ferment boutique (lock-out). Ils exigent, pour le retour au travail, que chaque individu promette de ne faire partie d’aucune association. Les travailleurs n’acceptent pas cette condition et le conflit dure plus de deux mois. On fait appel à l’autorité religieuse pour servir d’arbitre. Monseigneur L.-N. Bégin, archevêque de Québec, appuie ses décisions sur l’encyclique Rerum Novarum de 1891. Il reconnaît aux ouvriers le droit de s’associer selon le métier ou la profession et exige d’eau qu’ils révisent leur constitution et acceptent les conseils d’un aviseur moral. Le conflit se règle ainsi alors que naît le syndicalisme catholique au Québec.
(Tiré du livre Canada-Québec 1534-2010, par Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, éditions Septentrion), 2011, pages 380-381).
Historique du secteur de Saint-Jean-des-Piles
Ce secteur de la ville de Shawinigan en Mauricie se situe à l’orée du parc national de la Mauricie, à 11 km de Grand-Mère, près de Saint-Gérard-des-Laurentides, sur la rive ouest de la rivière Saint-Maurice. Son territoire est parsemé de lacs (Houde, Solitaire, Lamarre) et de ruisseaux (Bouchard, des Piles, à Madeleine), ce qui a facilité l’implantation de l’une des industries principales qui est celle de la fabrication de barques et de canots. On peut situer autour de 1850 l’arrivée du premier contingent de pionniers, de telle sorte qu’en 1877 on pouvait procéder à la fondation de la paroisse de Saint-Jean-des-Piles, détachée de Saint-Jacques-des-Piles. Érigée tant canoniquement que civilement en 1897, elle donnera son nom au bureau de poste ouvert l’année suivante et à la municipalité de paroisse établie en 1899. À cet égard, on n’a pu retracer dans les textes officiels la modification du statut municipal en municipalité sans autre désignation.
Comme Saint-Jean-des-Piles faisait face à Saint-Jacques-des-Piles, et qu’elle en a été détachée. Il paraissait tout naturel d’adopter le prénom de l’apôtre Jean, qui, avec Jacques le Majeur, comptaient parmi les premier à avoir adhéré à l’enseignement de Jésus. Dans sa « Relation » rédigée vers 1830, Jean-Baptiste Perrault (1761-1844) donne à ce lieu le nom de Pilon. La forme graphique « piles » devait paraître plus tard. Le constituant Piles évoquerait l’empilement des strates, couches sédiments horizontales qui affleurent dans cette partie de la Mauricie. Selon certains, les Amérindiens pilaient le blé d’Inde à cet endroit. On a parlé aussi d’empilement de glaces ou de billes de bois. Jadis, d’importantes activités forestières avaient cours dans le bassin du Saint-Maurice et la majorité des Pilois y participait. De nos jours, la localité se caractérise par l’industrie reliée à la navigation de plaisance et demeure un lieu de villégiature exceptionnel axé sur les joies de plein air.
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