Lé développement de l’industrie forestière dans Outaouais au XIXe siècle
Avec les années 1850, on tente un nouvel effort pour attirer dans la région de l’Outaouais des investisseurs américains espérant ainsi, comme au début du siècle, donner un nouvel élan au développement régional. En 1851, les grandes entreprises de l’Outaouais joignent leurs efforts à ceux des représentants gouvernementaux pour rendre la région attrayante, accordant une attention particulière aux coûts d’exploitation du potentiel hydroélectrique de la chute des Chaudières. Alors que John Egan et d’autres entrepreneurs régionaux se lancent dans une campagne publicitaire visant à attirer les investisseurs américains, les lots les mieux situés sur les îles de la chute des Chaudières sont mis en vente par un décret-loi provincial pour y établir des scieries. Non seulement le gouvernement a-t-il défrayé le coût des améliorations apportées à ces terrains, mais il les offre également à prix réduit aux Américains, qu’ils soient des particuliers ou des compagnies. On verra ainsi arrive des individus dont les noms (Bronson, Young, Perley, Patteee) deviendront connus dans tout le centre du Canada et qui, comme prévu, inciteront dans la région de fortes sommes pour construire d’imposantes scieries.
Après les années 1820, trois tendances caractérisent le développement de l’industrie forestière : une demande britannique croissante pour le bois d’œuvre et autres produits du bois, l’émergence et le développement d’un marché américain pour le bois de charpente et un marché local de plus en plus important pour le bois de sciage. L’ampleur exacte de ces marchés n’est pas connue, car on ne commencera que lentement au cours de la première moitié du XIXe siècle à procéder à la collecte de données. Les données les plus sûres concernent les exportations postérieures à 1825, mais elles ne sont pas entièrement fiables, car les documents gouvernementaux n’indiquent pas de quel côté de la rivière des Outaouais proviennent les bois coupés. On évalue la quantité de bois qui descend la rivière sans tenir compte de son origine géographique, donnant fois au fait que les côtés nord et sud de la vallée ne constituent qu’un seul espace économique. De plus, avant les années 1840, on ne compte que le bois qui passe la chute des Chaudières, négligeant par le fait même la production du « bas » de la vallée.
Les marchés
Malgré tout, les documents existants montrent clairement que les marchés se développent beaucoup à partir des années 1820 et que le pin blanc finit par prendre la tête du volume des exportations. En 1826, un peu plus d’un million de pieds cubes (près de 30 000 mètres cubes), de pin blanc et de pin rouge destinés à l’exportation passent la chute des Chaudières, alors qu’en 1843 ce chiffre est presque multiplié par cinq. Dans la décennie suivante, le volume des exportations du bois d’œuvre continue d’augmenter passant, pour toute la vallée, de 13 millions de pieds cubes (370 000 mètres cubes) en 1844 à plus de 19 millions de pieds cubes (538 000 mètres cubes) en 1852 et ces augmentations, entre 1820 et 1850, sont surtout dues au pin blanc dont les exportations passent de quelques centaines de milliers de pieds cubes (3 000 mètres cubes), à près de 17 millions de pieds cubes (500 000 mètres cubes).
À partir du milieu des années 1840, les documents font ressortir l’importance relative du pin dans l’ensemble de la production outaouaise. Cette extraordinaire croissance des exportations de pin blanc au cours de ces années va de pair avec une augmentation notable du petit commerce de l’orme, mais s’oppose aux marchés irréguliers du bois de sciage dans le chêne et le pin. Au début des années 1840, la spécialisation devient évidente chez ceux qui s’intéressent à la coupe du pin rouge et du pin blanc. En 1847, par exemple, moins du quart de tous ceux qui exploitent ces deux essences de bois dans la haute vallée de l’Outaouais coupent, par rapport à l’ensemble de la production, jusqu’à 20 % de chaque essence.
(Histoire de l’Outaouais. Sous la direction de Chad Gaffield. André Cellard, Gérald Pelletier, Odette Vincent-Domey, Caroline Andrew, André Beaucage, Normand Fortier, Jean Hawrvey, Jean-Marc Soucy. Centre de la recherche de l’institut nation de la recherche scientifique, 1994).
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